Au lendemain des élections européennes, il y aura un lundi 10 juin et ce matin-là, si les sondages régulièrement publiées épousent peu ou prou la réalité des urnes, la majorité présidentielle se réveillera avec la gueule de bois. On entend déjà la petite musique : d’un côté des vaincus niant le plus possible la dimension nationale du scrutin ; de l’autre des vainqueurs probables (le Rassemblement National en l’occurrence) qui en appelleront à une dissolution de l’assemblée nationale. A chacun sa partition…
La tentation du pouvoir
Il est évidemment improbable d’imaginer le Président de la République se tirer une balle dans le pied, sachant que de nouvelles législatives ne pourrait que conduire son camp vers la bérézina. Pour autant, le Chef de l’Etat pourrait-il vraiment demeurer sans la moindre réponse devant un camouflet démocratique infligé à sa majorité ? D’où certains élans se manifestant du côté des Républicains. « Peut-on continuer le cabotage actuel ? Quel est l’intérêt du pays » a estimé le corpulent président du Sénat, Gérard Larcher. Tandis que Nicolas Sarkozy se livrait un appel du pied non dissimulé. « Les Républicains sont un parti de gouvernement, ils ne se tromperaient pas en faisant le choix de la France. » Comprendre : en rejoignant en bloc une majorité recomposée et orientée à droite. Mais une telle alliance de circonstance ne conduirait-il pas celui qui fut longtemps le premier parti de France vers une disparition définitive ? Et que pèserait arithmétiquement un tel attelage si la liste de François-Xavier Bellamy culmine à 7 ou 8% ?
Improbable scénario
D’autres songent déjà à la constitution d’un Front Républicain, paroxystique du « en même temps », allant de la gauche « modérée » aux Républicains les moins « droitiers », pour couper l’herbe sous le pied du Rassemblement National, désormais en position de force. Hypothèse farfelue tant on voit mal la partie la plus modérée de la Nupes, en l’occurrence des Socialistes ragaillardis dans le sillage de Raphaël Glucksman, venir au secours d’un Président impopulaire et symbole du libéralisme. Ce serait aussi, en cas d’échec, livrer un véritable boulevard au Rassemblement National dans la perspective des présidentielles de 2027.
Bref, les résultats des Européennes n’ont pas fini de donner des maux de tête au Chef de l’Etat. Sans plus d’atout dans sa manche, il pourrait, comme si de rien n’était, choisir le pourrissement de la situation. Une conjoncture inédite et ô combien périlleuse au cours de la déjà longue Vème République.
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