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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

De desseins en destin

Ils ont débattu la semaine dernière devant les caméras de France 2 et n’ont sans doute pas fini de croiser le fer.

Impatients aux dents longues ou bons élèves attendant sagement que leur heure survienne ? Gabriel Attal, premier ministre trentenaire, et Jordan Bardella, leader de l’opposition à 28 ans, sont comme des frères ennemis . L’un propulsé précipitamment  par Emmanuel Macron, pour faire face à l’impopularité de son gouvernement, l’autre couvé soigneusement par Marine Le Pen. Les deux bénéficient plutôt d’une bonne image auprès de l’opinion publique, meilleure en tout cas que celles de leurs mentors. Et s’ils ne volent pas tout à fait de leurs propres ailes, ce serait en effet commettre un crime de lèse-majesté,  ils s’attachent à construire méthodiquement leur avenir et à placer leurs pions.

Sur orbite

L’un se trouve toutefois dans un environnement plus périlleux et plus hostile que l’autre. La Macronie, jusqu’ici, n’a pas délivré de blanc-seing et les ambitions y ourdissent, souvent tapies dans l’ombre. D’Edouard Philippe, le prétendant à peine caché jusqu’au remuant Gérald Darmanin, en passant par le flegmatique Bruno Le Maire, tous s’apprêtent à s’entredéchirer pour un héritage dont ils devront pourtant savoir s’exonérer tant le « ni droite, ni gauche » a prouvé ses limites. Dans ce contexte, l’Hôtel Matignon peut représenter un tremplin… à condition de ne pas y rester trop longtemps. Gabriel Attal en a probablement conscience.

L’autre joue pour le moment sur du velours. Dans un camp où l’ordre règne, il est un dauphin incontesté et plébiscité. Et déjà un porte-drapeau promis à une victoire éclatante lors des élections européennes.  Au-delà de cette échéance intermédiaire, saura-t-il attendre que son heure vienne ?  Ou sera-t-il tenté de brûler les étapes, quitte à déclencher des querelles intestines- si fréquentes au sein des appareils politiques ?

Exemplaires

Les deux se sont affrontés la semaine passée, devant 3,6 millions de téléspectateurs, lors d’un duel  qui n’a pas tout à fait tenu ses promesses. Mais qu’importe, il était d’abord pour eux une façon de prendre date.

Gabriel Attal et Jordan Bardella sont les parangons d’une inclination de « notre » vie publique : celle du rajeunissement presque systématique des responsables politiques. Jadis, dans une société où la moyenne d’âge de la population était beaucoup moins élevée, l’expérience représentait une valeur cardinale et indispensable pour occuper les postes clés. Au contraire, alors que la moyenne d’âge de la population n’a jamais été aussi élevée, notre époque promeut des novices, comme en témoigne le casting des européennes … Un renversement de situation qui ressemble évidemment à un paradoxe.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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