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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

D’un accident de la route à un assassinat de professeure

Peut-on encore s'étonner devant le traitement surdimensionné réservé à "l'affaire Pierre Palmade" par les médias français ? Même plus, malheureusement.

Pour bousculer la réforme des retraites, dont il sera toutefois de nouveau question cette semaine, et reléguer la guerre en Ukraine, il fallait donc un fait divers, arrivé sur une route départementale de Seine-et-Marne au tout début d’une soirée de fin d’hiver. Un accident de la circulation, comme il y en a hélas des dizaines chaque mois. Avec toutefois une particularité, il concernait une personnalité du show biz, humoriste un peu sur le retour. La tragédie familiale, teintée d’absorption de produits illicites, se transformait ainsi en affaire quasi-nationale avec pour fers de lance des médias, tout heureux de l’aubaine, n’hésitant pas à bouleverser leurs programmes.

« Vous en prendrez bien un peu plus »

Pierre Palmade, humoriste un peu sur le retour, a ainsi, bien malgré lui mais par sa faute tout de même, suscité les gros titres, déplacé les envoyés spéciaux, provoqué les débats. Un traitement stupéfiant, en réalité, qui en dit long sur l’opportunisme et le manque de recul de nos « faiseurs d’actualité » contemporains qui n’hésitent pas à mitonner d’infames soupes pour peu qu’elles flattent le palais des consommateurs d’informations. Avec ses rebondissements sordides, l’affaire n’a peut-être pas fini de provoquer des indigestions voire des nausées.

Plus embarrassés

Les politiques, évidemment, n’ont pas tardé à s’engouffrer dans la brèche. A l’image du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, celui là-même qui fustigeait la « récupération » des oppositions lors de l’affaire Lola, annonçant dans la foulée la prochaine mise en place d’un « délit d’homicide routier » dont on se demande bien ce qu’il changera sur le fond. Quant au préfet de Seine-et-Marne, Lionel Beffre, il a pour sa part choisi, sans plus tarder et avec beaucoup de démagogie, de durcir les sanctions pour les délits liés aux excès de vitesse et à l’alcool. Devant l’assassinat d’une professeure de lycée, mercredi dernier à Saint-Jean-de-Luz, les responsables de l’Etat se sont montrés beaucoup moins bavards. C’est pourtant face aux véritables problèmes de société qu’on les attend au tournant.

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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