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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Du passé, ne pas faire table rase

Les villes contemporaines présentent un panachage, parfois hétéroclite, d’architecture moderne et de bâtiments anciens. Comme un catalogue immobilier qui raconterait l’histoire de la cité…

Plus que toute autre avant elle, notre époque a le souci de la préservation et un goût immodéré pour le patrimoine historique. Une attitude respectueuse dont on peut se féliciter mais qui entraîne aussi son lot de difficultés et de contraintes. Comment en effet intégrer ce contingent immobilier souvent archaïque dans un dispositif urbain moderne ? Comment y transposer les nouvelles normes environnementales et les technologies les plus récentes ? Comment le soumettre aux lois de la circulation ? Comment l’utiliser pleinement et activement ? Comment marier judicieusement et harmonieusement ces bâtiments historiques avec d’autres de conception actuelle, plus pratiques, plus économes ? Enfin, ultime question : quel prix accepter pour cette nécessaire mutation ?

Autour du cœur

Ces questions taraudent aujourd’hui les urbanistes et sont à la base de véritables recompositions des cités. On ne peut évidemment appliquer aux quartiers historiques le principe de conservatoire qui sied aux espaces naturels. Les villes se révèlent dévoreuses de territoire et leur extension doit être sévèrement contrôlée sauf à engloutir définitivement des territoires ruraux déjà entachés de zones artisanales ou pavillonnaires qui les défigurent. Du coup, elles se recomposent, se reconstruisent, se réinventent, se redéploient indéfiniment autour de cœurs historiques qui en demeurent généralement l’âme et le point névralgique.

Un patrimoine défectueux

Ces quartiers, à la forte empreinte culturelle et à l’identité marquée, sont fort prisés des habitants. D’où une intense pression et des demandes qui dépassent parfois l’offre… Pourtant, bien souvent, le patrimoine immobilier y souffre de mille maux : isolation thermique défectueuse, nuisances sonores fréquentes, manque cruel de lumière, cages d’escalier vétustes, absence de places de stationnement. Des handicaps flagrants qui ne dissuadent guère les populations urbaines de lorgner vers ces immeubles anciens dont la rénovation ne suffit pas toujours à contrecarrer l’absence manifeste de confort. Le « parquet-cheminée » reste un must envers et contre tout… Alors, il lui faut s’adapter dans la mesure de ses possibilités et du portefeuille de ses propriétaires.

Les villes, en réalité, ne s’arrêtent jamais. Elles se dessinent en permanence, cédant aux modes et aux contraintes, à l’air du temps. Pourtant, tandis qu’elles s’efforcent de bâtir leur avenir, à grand renfort de grues et de pelleteuses, elles prennent soin de ne pas effacer tout à fait les relents du passé. Un équilibre complexe en forme de défi urbanistique permanent.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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