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Gilbert Biat à Radio Mu / Photo DR
Gilbert Biat à Radio Mu / photo DR
Culture Vie publique

Disparition de Gilbert Biat

C’est avec une infinie tristesse que nous apprenions la disparition de Gilbert Biat lundi 12 septembre au soir. Un Monsieur. Un Ami. Un personnage essentiel de la vie clermontoise de ces 40 dernières années. Une part de l’âme de Clermont s’est éteinte en ce funeste lundi.

La disparition de Gilbert laisse un énorme vide dans la vie de milliers de Clermontoises et de Clermontois qu’il a éduqués à la musique et au rock plus précisément. Et dans la vie de milliers d’autres personnes partout en France. Gilbert était un garçon foncièrement gentil, jovial, discret, charmant, plein de finesse et pourvu de beaucoup d’humour. Une figure du plateau central et de la rue de la Treille plus particulièrement avec la boutique Spliff qu’il tenait depuis 40 ans, ou de la rue Massillon avec le restaurant le Sisisi. Ou, si on remonte plus loin, des nuits clermontoises avec le club le Sonic Rendezvous (ex-Club 3000), de l’organisation de concerts rock et du festival “Les doigts dans la prise”, prémices du célèbre festival “Rock au Maximum”. Gilbert n’avait pas que la musique comme centre d’intérêt, c’était un féru de littérature, de basket, de rugby et de tant d’autres choses. Leur temps libre, avec sa compagne Sylvie, ils le passaient souvent en Corse ou à Barcelone ou chez leur fille Margotte et son compagnon à Nice.

Gilbert Biat à St Amant / Photo DR
Gilbert Biat à St Amant / Photo DR

La boutique Spliff

Il ne se passait pas une semaine sans que je lui rende visite à la boutique pour acheter un disque ou pour simplement discuter le bout de gras. Musicalement, Gilbert était toujours à la pointe de l’actualité, il savait toujours susciter la curiosité de ses clients en leur faisant découvrir des disques et des artistes dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence. Lui-même aimait toujours en découvrir de nouveaux. Il adorait qu’on lui commande le disque d’un chanteur tchétchène jouant du banjo en ballerines sur un brasero dans un couvent d’Amérique du Sud. Son gros appétit musical ne l’a jamais quitté, il était curieux de tout, dans tous les styles. Rock, punk, reggae, jazz, électro, chanson, rhythm’n’blues, etc. Même des musiques qui ne sont pas inscrites au patrimoine mondial de l’humanité et de ses environs. Depuis 35 ans, notre amitié était indéfectible. On avait toujours mille choses à se raconter et même des vertes et des pas mûres quand ça nous démangeait. Une amitié rare, donc précieuse.

Le magasin Spliff / photo P Foulhoux
Le magasin Spliff / photo P Foulhoux

Enseignant rock’n’roll

Enseignant de formation, il avait le choix entre école ou rock’n’roll, mais avait-il vraiment le choix ? Il a préféré faire rock’n’roll dans la vie. Il lui était difficile de mener de front les deux activités. Il a vite cessé l’éducation nationale. D’une certaine façon, il a poursuivi dans l’enseignement d’une manière pour le moins atypique. Début 80, avec une bande de copains, ils créèrent l’association Spliff pour monter une école de musique et organiser des concerts. Auparavant, ils avaient lancé un fanzine (un petit magazine de fan) intitulé Spliff. Ils écoutaient beaucoup de reggae, donc forcément, le nom de Spliff s’imposait. L’association Spliff s’est installée dans un local rue Terrasse en centre-ville en 1982 et a commencé à vendre des autoproductions françaises à la fermeture du disquaire indépendant Sirènes.
Deux ans plus tard, en 1984, la boutique quittait la rue Terrasse pour s’installer place de la Treille avant de déménager 30 mètres plus loin, au 8 rue de la Treille, en 1990. L’équipe Spliff était composée d’activistes forcenés avec évidemment son inséparable complice Pascal “Buck” Roussel disparu, lui, en janvier 1997. Si Gilbert faisait un fanzine depuis devenu culte, il animait également des émissions radio, à Radio Mu. Avec toujours cette idée de transmission ancrée en lui. Enseignant, Gilbert le sera resté finalement toute sa vie, à sa façon à lui, dans des domaines périscolaires, des domaines périrockscolaires devrais-je dire. Combien d’artistes clermontois ont contracté le virus de la musique au contact de Gilbert et Buck ? Et pas des moindres. On ne les compte plus.

Gilbert et Buck

Partout en France, dans le milieu de la musique, “Gilbert et Buck” était la formule consacrée pour signifier Clermont-Ferrand. On jouait chez “Gilbert et Buck”. “Gilbert et Buck” ont mis Clermont-Ferrand sur la carte de France du rock à tout jamais. Dans les années 80 et 90, tous les deux étaient les Clermontois référents grâce à la boutique de disques, au label Spliff Records qui a lancé beaucoup de groupes rock, à l’organisation de concerts et au Sonic Rendezvous. On ne compte plus le nombre de célébrités qui se sont arrêtées à la boutique parce qu’il était coutume de faire un crochet pour venir les saluer. Quand on passait à proximité de Clermont, on s’arrêtait forcément chez “Gilbert et Buck” ou à Spliff.

Au revoir Gilbert

Gilbert est parti rejoindre son ami Buck. Je les entends déjà ricaner bêtement autour d’un verre ces deux-là. Mes larmes de chagrin deviennent larmes de joie. Au nom de tous ses amis et de la rédaction de 7 Jours à Clermont, j’adresse mes sincères condoléances à Sylvie sa compagne, leur fille Margotte, ses parents et sa sœur. Les obsèques de Gilbert se dérouleront lundi 19 à 14 h au funérarium à Beaumont. Il sera ensuite inhumé à Neuville à côté de Billom. La famille convie ensuite toutes celles et ceux qui le souhaitent à venir rendre hommage à Gilbert à 18 h à Spliff, au 8 rue de la Treille.

Spliff - Gilbert Biat / Photo P Foulhoux
Photo P. Foulhoux

À propos de l'auteur

Patrick Foulhoux

Journaliste et grand amateur de musique rock, Patrick Foulhoux a collaboré pendant de nombreuses années avec des magazines consacrés à la musique (Rollling Stone, Rock Sound, X-Rock...) et des titres de la presse de territoire. Sa passion pour le Rock l'a conduit à devenir directeur artistique de labels, tourneur, manager, organisateur de festival et écrivain.

3 Commentaires

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  • Merci pour l’hommage à Gilbert, et surtout pour la mémoire de Pascal-Buck, bizarrement oublié dans l’article de La Montagne. J’ai frémi en pensant que sa maman, Ginette, très âgée aujourd’hui, mais encore au taquet , pouvait lire cet article! J’ai été très proche de Pascal, plus punk que rocker sans doute, jusque dans sa mort énigmatique et tragique. Il y aurait un livre à écrire sur les années « Real cool killers »…

  • Savez-vous d’où vient le pseudo  » Buck » de Pascal Roussel?
    Moi si : il était un fan absolu d’un groupe de rock américain du nom de Blue Oyster Cult dont l’un des 2 guitaristes s’appelait Buck Dharma.
    J’ai connu Buck très jeune (il commençait des études universitaires de sciences éco, je crois). On répétait chez lui car il débutait à la guitare. Ensuite on s’est perdus de vue. Je l’ai revu chez Spliff lorsqu’il s’est lancé dans l’aventure de Real Cool Killer. Puis, un jour j’ai appris qu’il avait mis fin à ces jours. Incompréhensible.

  • Plus sur Clermont je découvre par hasard cet article en relisant le bouquin de Patrick sur le rock à Clermont.
    Pfuuu… étudiant à Clermont puis co-organisateur de concert rock dans un bled du cantal, je me rappelle de soirées mémorables avec les reals cools Killers et autres groups locaux chez nous ou sur Clermont (club 3000, les 4 vents…etc)….que de supers souvenirs !
    quelle tristesse…

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