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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Dernière rencontre, rue de la Treille

Il était l'homme de "Spliff" et du "Sisisi". Gilbert Biat s'est éteint la semaine dernière. Il laisse le souvenir d'un personnage discret et aimable qui n'aimait pas trop qu'on parle de lui. Plutôt rare à notre époque.

Je l’ai croisé la semaine dernière. Comme souvent, comme presque tous les jours en réalité. Aimable, discret, fatigué aussi, de toute évidence. On s’est dit deux ou trois mots, banals, sans signification particulière, sans importance a priori. Il allait ouvrir son magasin, j’arpentais la rue de la Treille dont Spliff était évidemment l’adresse-référence. Un endroit incontournable pour tous les amateurs de rock et de vinyles, qui avait franchi les décennies et transcendé les générations. Patrick Foulhoux, collaborateur de 7 Jours à Clermont, connaît bien mieux que moi l’histoire de ce haut-lieu qui fut d’abord une association puis un label, au temps échevelé des Real Cool Killers. A l’époque, Gilbert était un tout jeune homme et Pascal Roussel, alias « Buck », n’avait pas choisi de prendre la tangente.

L’âme et peut-être davantage

Journaliste, longtemps critique aux Inrockuptibles, mais aussi auteur de roman noir, Jean-Luc Manet cultive sa vision de Clermont : « pour moi, la ville se résume en  points cardinaux: les real Cool Killers, ma nuit chez Maud, Jean-Louis Murat, Spliff « . Un point de vue évidemment particulier, voire étroit, qui dénote toutefois de la forte identité de la petite boutique du 8 rue de la Treille. Dont Gilbert était l’âme et peut-être davantage…

D’autres Clermontois conserveront le souvenir de soirées arrosées passées derrière le comptoir du Sisisi, le restaurant qu’il avait repris dans la rue Massillon. Un établissement vidé de sa substance par la période de confinement décrétée lors de l’épidémie de Covid. Ou ils garderont la mémoire plus lointaine de nuits agitées au Sonic Rendez-Vous (l’ex Club 3000), dans la minuscule rue du Coche à deux pas de Jaude. A chacun ses images, à chacun son histoire.

Je suis repassé tout à l’heure rue de la Treille. Coup d’œil furtif vers la petite boutique dont les grilles sont fermées maintenant. Quelques bouquets de fleurs blanches y étaient accrochées, dont certaines déjà fanées. Les fleurs, également, sont périssables.

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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