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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

D’embarrassantes signatures

Tandis que les bombes russes s’abattent sur Kiev, en France, on compte et recompte les parrainages des maires avant l’élection présidentielle.

In fine, ils auront peut-être leurs 500 signatures et la page se tournera, comme si de rien n’avait été. Pourtant l’épisode, rejoué désormais lors de chaque élection présidentielle, est révélateur d’une démocratie mal en point, qui n’a pas su évoluer avec son temps. Créé en 1976, afin de barrer la route à d’éventuelles candidatures fantaisistes (il suffisait auparavant de 100 signatures), le système de qualification pour l’élection présidentielle fait évidemment la part belle aux partis en place, largement représentés par les barons locaux. C’est pourquoi Anne Hidalgo, créditée d’un score dérisoire dans les différents sondages, n’a pas eu le moindre problème pour rassembler ses signatures tandis que le plus sulfureux Jean-Luc Mélenchon ( 19,6 % au premier tour en 2017) a longuement ramé pour tenter de les obtenir.

Des électeurs privés de choix ?

« Au premier tour, on choisit ; au second, on élimine »  disait Guy Mollet, qui fut secrétaire général de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière) avant de présider le Conseil des ministres, de février 1956 à juin 1957. Une phrase devenue célèbre mais qui pourrait bien, cette fois, être en partie infirmée par les événements devant un filtre électoral confiscatoire de la démocratie elle-même. On l’imagine, la non-qualification envisageable de Marine Le Pen (34% des votes au second tour en 2017) ou d’Eric Zemmour, nouveau venu sur la scène politique mais dont les thèmes de prédilection ont jusqu’ici nourri les débats, constituerait une atteinte majeure à la liberté élémentaire de choix des Français et discréditerait les résultats du prochain scrutin. A un moment où l’abstention n’a jamais été aussi importante dans notre pays.

Rebelote dans cinq ans

On souhaite évidemment que les uns et les autres puissent se présenter sur la ligne de départ et que les électeurs aient aussi la possibilité d’apporter leurs voix au Parti Animaliste s’ils en ont le désir. Après tout, l’élection présidentielle est pratiquement la seule qui permette à des idées de véritablement émerger. Mais, quoiqu’il en soit, le système a déjà pénalisé les petits candidats, occupés à réunir leurs parrainages plutôt qu’à soigner leurs arguments et préparer leur campagne. Et comme on tire rarement les leçons du passé, tout indique que dans cinq ans, on se retrouvera devant la même problématique. A ce moment-là, l’Ukraine sera probablement devenue un simple satellite de la Russie, à l’image de la Biélorussie ou du Kazakhstan. Qu’en sera-t-il des pays Baltes ?

 

 

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

2 Commentaires

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  • On peut ‘apprécier’ cette méthode, laquelle de mon point de vue est devenue totalement obsolète.
    Ainsi, on nous parle de démocratie et d’égalité devant la loi, mais est-il normal que des personnes comme Hélène Thouy (parti animaliste), ne puisse pas pouvoir se présenter au premier tour, sous prétexte qu’elle ne pourra pas obtenir les 500 signatures nécessaires ?
    Pire, aucun média n’aura eu le courage de dénoncer ce processus archaïque…
    C’est tout simplement honteux !

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