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Le panier de fraises de Chardin / Photo 7 Jours à Clermont
Le panier de fraises de Chardin / Photo 7 Jours à Clermont
Culture

C’est un Chardin extraordinaire… prêté par le Louvre au MARQ

Le Musée du Louvre a prêté au Musée d'Art Roger-Quilliot un chef-d'œuvre de Jean Siméon Chardin "Le panier de fraises". Vendu aux enchères en 2022, il a failli partir aux USA, mais la vie des tableaux est parfois romanesque.

Voici l’extraordinaire histoire d’un tableau que les visiteurs du MARQ, Musée d’Art Roger-Quilliot de Clermont vont pouvoir admirer jusqu’au 5 janvier 2025. Ce tableau se nomme Le panier de fraises. On l’appelle parfois Le panier de fraises des bois mais en le regardant de très près, ces fraises paraissent bien grosses pour être des bois… baste ! Petit tableau de 46 cm de large pour 38 cm de hauteur, il est l’œuvre de Jean Siméon Chardin et fut présenté au public pour la première fois, lors du Salon de 1761. Cette œuvre est considérée comme emblématique du peintre, car faisant partie des natures mortes qui firent sa réputation. Elle reflète la touche personnelle de Chardin avec une composition épurée, une touche délicate et une atmosphère tamisée.

24,3 millions aux enchères

Depuis le milieu du XIXe siècle Le panier de fraises faisait partie de la collection d’Eudoxe Marcille, l’un des plus grands amateurs de l’œuvre de Chardin de l’histoire. Souvent présenté par des descendants dans des expositions au cours du XXe siècle, ce tableau est devenu au fil du temps une icône de toute l’œuvre du peintre et un élément essentiel du genre nature morte.
En 2023, le tableau sort de la collection Marcille* et se retrouve dans une vente aux enchères chez Artcurial à Paris. Le commissaire priseur l’estime entre 12 et 15 millions, mais les enchères s’envolent vers un record et le tableau est adjugé 20,5 millions d’euros soit 24,3 millions avec les frais. C’est le marchand new-yorkais Adam Williams qui emporte l’enchère dans la salle, face à un collectionneur privé, lui aussi américain. Le nouveau propriétaire n’a cependant pas envisagé que Laurence des Cars, présidente-directrice du Musée du Louvre brigue, elle aussi, le tableau de Chardin dont la demande de certificat d’exportation déposée par l’acheteur, est finalement refusée par la Commission consultative des trésors nationaux.

Course contre-la-montre

Le Panier de fraises obtient le statut de trésor national et le musée du Louvre se retrouve dans un contre-la-montre de 30 mois maximum, pour réunir les fonds nécessaires au rachat, au prix de 24,3 Millions d’euros. C’est la condition sine qua non pour qu’il reste en France. La pression est forte car Adam Williams a, en réalité, agit pour le compte d’un musée au Texas, le Kimbell Art Museum qui compte bien intégrer la toile dans sa collection.
L’attachement de la France à cette nature morte de Chardin se manifeste rapidement. Le groupe LVMH réagit le premier et fait un don de 15 millions d’euros, environ deux tiers de la somme requise. D’autres grands donateurs, dont la Société des Amis du Louvre, suivent et 6 mois après la vente, il ne reste plus que 1,3 million d’euros à trouver pour l’acquisition. Le Louvre lance une grande opération Tous mécènes, à laquelle des clermontois ont participé, si l’on en croit Laurence des Cars. La somme est finalement réunie et les américains n’ont plus qu’a venir en France pour admirer le tableau…

Le Panier de fraises de Chardin en tournée

Le Panier de fraises est actuellement en « tournée » nationale, juste retour des choses pour les donateurs de province. Après avoir été présenté à Lens puis à Brest, il est accroché jusqu’au 5 janvier au Musée d’art Roger-Quilliot, avant de rejoindre le Louvre à Paris. Ce voyage hexagonal ouvre un dialogue entre le tableau de Chardin et les collections locales. L’équipe du MARQ a sorti de ses réserves une sélection de 20 tableaux sur le thème de la gourmandise. Des verres et une carafe de Bernard Buffet, côtoient un homard, un étonnant Saint-Nectaire de Pierre Tullon, du gibier, des fruits pour un étonnant festin dont le dessert est bien évidemment les fraises.

*La collection Marcille, comprenait près de 4.500 tableaux, dont 40 toiles de Boucher, 30 de Chardin, 25 de Fragonard.

Saint Nectaire de Pierre Tullon
Saint Nectaire de Pierre Tullon

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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