Chasses antisémites perpétuées en amont d’un match dans les rues d’Amsterdam, au cœur de l’Europe ; tifo à caractère idéologique, politique et guerrier déployé au Parc des Princes en pleine rencontre internationale ; agressions, vols, usage par la police de gaz lacrymogènes lors d’une finale de la Ligue des Champions au Stade de France. Et plus ordinairement, cars caillassés, messages de haine proférés, hooliganisme diffus, violences commises, combats entre supporters, incivilités, dégradations, insultes, bagarres, agressivité. Les incidents à répétition qui entourent le football pourraient aussi amener à se poser des questions sur ce que représente aujourd’hui le ballon rond, sur son organisation, sa « gouvernance », son financement, son public, sa médiatisation, ses excès en tout genre, ses dérives, sa considération par les pouvoirs publics et jusqu’à sa place dans la société, assurément démesurée.

À l’origine

Au début, le foot est pourtant un jeu, un sport ordinaire. Ni plus spectaculaire, ni plus passionnant qu’un autre. Il se pratique à onze contre onze, se révèle compréhensible, relativement simple et agréable à pratiquer il est vrai. Ce qui a probablement permis sa popularité et son « universalisation ». On tape dans un ballon dans les favelas d’Amérique du sud comme dans les bidonvilles ou les villages africains. On joue au foot sur les terrains européens, là où il fut créé, et en Asie. Et pour beaucoup de jeunes démunis, ce sport est aussi devenu un rêve d’échapper à sa condition. Est-ce une raison pour tout lui pardonner ? Jusqu’où accepter le dévoiement et les débordements ?

Intérêts supérieurs

Les dérives du foot vont évidemment de pair avec la place que notre époque lui a donné : les sommes astronomiques en jeu, le marché des transferts aux règles pour le moins complaisantes, la présence d’Etats peu vertueux dans le capital des clubs et jusque dans les instances,  l’extrême visibilité à travers les médias, l’ultra-violence dans l’environnement des stades … Quelles valeurs peut donc véhiculer un tel « système » perverti et malsain ? Les abus entraînent inévitablement des excès. A la fois vecteur des comportements les plus déplorables et immense caisse de résonnance, le ballon rond donne parfois davantage la nausée qu’il ne suscite d’émotions positives. Mais, puisque rien ni personne ne s’oppose à son emprise, c’est sans doute que beaucoup y trouvent leur compte, à commencer par ceux qui tirent les ficelles et se remplissent allègrement les poches.