La vitesse limitée à 80 km/h sur les routes françaises ou l’exemple même d’une décision prise par les seuls technocrates, en décalage total avec les réalités quotidiennes des usagers de la circulation routière et même de l’accidentologie. Déguisé en chevalier blanc, bonne âme, bonne conscience, le premier ministre, Edouard Philippe, décide de réduire la vitesse, sous couvert d’une étude dont il se refuse à publier les résultats. Bizarre pour un gouvernement qui plaide pour la transparence… En réalité, ce mutisme cache vraisemblablement l’absence de signification de cette expérimentation bâclée et trop limitée dans le temps et l’espace. Sans argument scientifique et technique, sans résultat éloquent, Edouard Philippe passe donc « en force » cédant aux idées reçues et aux lobbies sécuritaires.
Un non-sens
Évoquer le réseau secondaire est un non-sens. Comment en effet comparer une route large et rectiligne (les anciennes nationales, par exemple) et un chemin de montagne; comment mettre sur un pied d’égalité des secteurs de campagne tortueux avec des axes routiers dégagés ? Rouler à 80 km/h ressemble parfois à un exercice de haute voltige, genre spéciale de rallye, sur des sections tourmentées et étroites lorsque, dans le même temps, il est ridicule de se limiter à une telle vitesse sur des portions sans la moindre difficulté, sauf à risquer de s’endormir au volant.
Derrière des camions à n’en plus finir
Désormais, il sera donc interdit de dépasser les camions, eux-mêmes soumis à la réglementation des 80 km/h, sauf à commettre une infraction et à risquer la sanction… On imagine déjà le futur paysage routier : de longues files à n’en plus finir, derrière les mastodontes, de plus en plus nombreux. Un enfer… De quoi perdre définitivement ses nerfs, son sang-froid et tout simplement son envie de circuler.
Heureux comme les sociétés d’autoroutes
Bien entendu, l’Etat peut se frotter les mains. Avec la floraison annoncée de radars mobiles s’ajoutant aux équipements déjà en place, l’argent va couler à flot. Mais bien-sûr, nous certifie-t-on, ça n’est pas l’effet recherché. Les principaux gagnants de cette absurde décision resteront toutefois les sociétés d’autoroutes. Quand rouler sur le réseau secondaire devient insupportable, sauf à se déplacer en voiture sans permis ou à mobylette, les automobilistes doivent mettre assidûment la main au portefeuille et les dites sociétés peuvent se remplir les poches. Edouard Philippe, que l’on sait très proche des milieux économiques, aurait-il cédé à leurs injonctions ?
L’exécutif dans sa tour d’ivoire
Le gouvernement ne prend aucun risque. A la fin, il pourra probablement annoncer d’excellents chiffres. En effet, la sécurité des véhicules progressant de manière continuelle, le nombre de morts sur les routes a toutes les chances de continuer à diminuer. C’est le sens même de l’histoire quelles que soient les décisions politiques… On peut regretter, tout de même, que la politique routière soit sortie du giron législatif pour ne plus appartenir qu’à un exécutif, trop souvent éloigné des préoccupations des citoyens et dont les représentants, évidemment, roulent avec chauffeur ou se déplacent en avions.
Je ne résiste pas à l’envie de vous mettre ce qu’a écrit Pierre Dupasquier sur sa page FB:
Bon, c’est fait, on va passer de 90 à 80 Km/h sur les routes françaises.
Mais c’est qui ON ?
Ce ne sont évidemment pas les habitants des grandes villes, je n’ai pas dit les Parisiens…qui disposent de transports en commun intelligents et permettant d’éviter les embouteillages. 10 millions dont la voiture est au garage.
Mais ce sont les actifs de province, « des régions », qui doivent parcourir 20 ou 50 Km tous les matins en utilisant leurs moyens personnels puisqu’il n’y a pas de transports en commun, pour se rendre sur leur lieu de travail : 30 millions.
Ce sont eux qui vont perdre des points sur leur permis, payer les amandes et grossir le nombre des automobilistes conduisant sans permis.
Alors quelle peut-être la motivation de gens intelligents qui prennent une telle mesure ?
On m’a récemment proposé une réponse : C’est pour faire un effet d’annonce puisqu’il faut à tous prix faire savoir que l’on fait quelque chose. Et c’est bien que ça fasse un peu de bruit : même pas besoin de communication coûteuse, le message passe tout seul.
Cela me donne l’occasion de rappeler, ce que nos responsables savent bien, que l’automobile a été avec l’électricité et avant l’informatique, le vecteur le plus puissant du développement des pays industrialisés par sa production, les recherches technologiques collatérales, la sidérurgie…Et surtout par le développement de la mobilité des humains, accéléré par la production et le transport de l’énergie. Si nous questionnons aujourd’hui ces outils, ce n’est pas notre mobilité qui soit en cause mais la gestion des ressources de notre planète.
Ajoutons le caractère très minoritaire pour ne pas dire anecdotique de la « route » dans les accidents qui abrègent la vie des humains modernes: 3500, contre 10 000 pour les suicides, 20 000 pour les accidents domestiques, 50 000 pour l’excès d’alcool, 140 000 pour les maladies cardiovasculaires 160 000 pour les cancers…. et croyez moi, j’ai toute légitimité pour dire ça. J’ai même appris récemment que même si je ne meurs pas sur la route, je ne suis pas éternel !
Alors oui, effet d’annonce, mais qui touche profondément la mobilité en privant inévitablement du permis de conduire, ceux qui ne peuvent pas s’en passer pour survivre.
J’ai soutenu la position du Président qui consiste à confier à des gens compétents la solution des problèmes et pas à distribuer les postes à des dignitaires rassis de partis sclérosés.
Mais là, le Président et le Premier Ministre auront du mal à me convaincre de l’utilité objective d’une mesure qui tend essentiellement à exercer une contrainte psychologique sur les membres de notre collectivité. Naïvement , je pensais que cela appartenait au passé !
Pierre Dupasquier
Mais comment peut-on écrire des choses aussi idiotes… Les mêmes arguments débiles entendus il y a 40 ans quand la France comptait 15000 morts par an… et qu’il a été décidé de baisser la vitesse à 100.
Vos arguments ne sont dictés que par l’égoïsme, qualité assez partagé quand il s’agit de bagnole…
Admettons que vous ayez 90 km. Avant vous mettiez 1 heure. En théorie… Désormais vous roulerez à 80 km/h. En une heure, ferez 80 km/h. Mais quelle horreur, il vous reste 10km/avant d’arriver à destination ! Bon si vous parcourez ces 10 km à 80 km/h (ce dont je ne doute pas), cela vous prendra 7 minutes. Sachant que les trajets de 90 bornes ne sont pas le plus fréquents. La plupart font peut être 20 ou 30 bornes. Donc l’enjeu c’est 1,5 minutes. Vous n’arrivez pas à gérer ça ? Allez consulter.
Et oui tu ne dépasses plus les camions ! Vous ne vous êtes jamais rendu compte que ça ne servait à rien, à part gagner 3 minutes (et encore) sur un trajet, et vous énervez comme un c… au cul du camion parce que vous pouvez pas doubler. Alors, hop, tu bois un verre de lait pour te calmer, t’écoutes la radio, tu verras, ça permet de rouler plus zen. Et surtout tu te colles pas à son cul, tu le laisses partir devant…
L’amélioration de la sécurité des voitures ? Donc depuis 3 ans (qui ont vu la mortalité augmenter), les voitures sont moins bien qu’avant, c’est ça ?
9000 personnes meurent de chute chaque année parce qu’ils marchent trop vite par rapport à leur possibilités. Doit-on aussi limiter la vitesse des piétons ? Et aussi des trains lorsqu’ils percutent des bus scolaires arrêtes. Si le train avait roulé moins vite, il aurait pu freiner avant!