Bien que l’exposition soit prêtée par le musée de Bondues (Hauts-de-France), l’exposition met en valeur des personnes originaires de l’Auvergne ou y ayant vécu pour contribuer activement à la résistance. « 3 pour cent de la population française était impliquée dans la résistance. Cela signifiait : avoir peur pour sa vie et surtout celle de sa famille. Il fallait faire preuve d’un courage extrême et être fort psychologiquement ». Ceux qui « firent de leur talent une arme pour la France » sont quant à eux encore plus extraordinaires…
Lier le passé au présent
Le musée est organisé chronologiquement et rattaché à l’histoire internationale et locale pour présenter ce qu’il s’est passé en Auvergne. « Il faut parler de choses qui touchent ».
Durant toute la visite, l’animatrice s’évertue à donner des repères concrets pour se représenter les conditions de vie pendant la guerre : « Avec les cartes de rationnement, un adulte n’avait le droit qu’à l’équivalent d’un mini steak haché proposé au menu enfant de mac do par semaine » ; « Le covid et le couvre-feu privaient les gens de liberté mais si on était pris dehors dans la rue, on risquait une contravention et non la mort comme c’était le cas pendant la guerre ».
« Il ne faut pas gaver les gens de dates » maintient tout de même Christine Perraud. Le musée fait partie du programme de stage de citoyenneté donné au primo-délinquants du département dans lequel l’animatrice cherche à « valoriser les connaissances de ces jeunes. L’important c’est qu’ils comprennent les valeurs que ça véhicule ».
Contourner l’oppression
Pour être libre de créer, Louis Aragon écrivait sous le pseudonyme de François Lacolère. Sorti à l’imprimerie clandestine de Saint-Flour, le recueil de neuf chansons interdites est ouvert à la page de la chanson de Strasbourg. L’université de cette ville s’était repliée à Clermont qui est devenu un bastion important de la résistance. « Cette imprimerie sera bientôt transformée en lieu de mémoire ». La prochaine exposition du musée de la résistance et de la déportation sera donnée en l’honneur du couple que le surréaliste formait avec Elsa Triolet, juive et communiste.
La résistance se fait avec l’art jusque dans les camps. On peut voir exposée une croix de Lorraine, emblème de la résistance, qui a été conçue en camp de travail. Les nazis étaient friands de musique. Ils se servaient parfois de la musique pour duper les nouveaux arrivés aux camps en demandant à des juifs déjà présents de jouer. Avec une ode à l’amour de la France et à l’espoir de voir son pays libéré cachée à l’intérieur, la mandoline exposée est un symbole du refus à la soumission. « C’est une façon de contourner l’oppression en restant fidèle à ses propres convictions ».
Des femmes extraordinaires dans la résistance
Joséphine Baker est l’une des plus célèbres d’entre elles. Elle a transmis des messages lors de ces déplacements pour ses spectacles. Beaucoup plaident pour son intronisation au Panthéon du fait de sa résistance mais aussi de « sa couleur de peau et de ses autres engagements politiques ». Germaine Tillion, déjà panthéonisée, est une ethnologue altiligérienne qui a fait des expéditions seule en Algérie dans les années 20. « Arrivée au camp de Ravensbrück en 1944, elle a écrit avec ses camarades une opérette, le Verfügbar aux Enfers dans laquelle elle se moque des allemands mais aussi et surtout d’elle-même ! ».
D’autres femmes moins connues méritent aussi le détour pour leur grande bravoure. Rose Valent était une conservatrice au Musée du Jeu de Paumes. « Les Allemands se servaient royalement dans les collections. Elle a sauvé plus de 60 000 œuvres en notant où elles étaient envoyées et en les soustrayant des collections pour les mettre à l’abri. Elle risquait sa vie pour ça, si c’était découvert ». Après sa déportation, Geneviève Antonius De Gaulle « s’est impliquée auprès de femmes dans le désarroi en créant une association pour elles ». L’élève de Renoir, Anna Garcin Mayade, originaire de Pontgibaud, a, quant à elle, repeint les croquis qu’elle avait dessiné pendant sa déportation que le Croix Rouge lui avait pris pour des raisons d’hygiène.
De la résistance à la résilience
Face à l’oppresseur, l’humour est une arme de résistance. Sur Radio Londres, « l’humoriste loufoque » et résistant Pierre Dac « essayait de remonter le moral » aux français pendant l’occupation. Avec Le dictateur, Charlie Chaplin a démontré l’absurdité du totalitarisme même si personne n’avait voulu lui financer son film. Le parolier Jean Maupoint a écrit en 1937 une « valse romantique et parfumée » dans Au bord de la tiretaine, dans laquelle se déversaient toutes les eaux usées ! Son humour et sa dérision lui ont valu d’être déporté au camp de Dora où il sera libéré en 1945. Avec son opérette satirique, « Germaine Tillion a refusé de tomber au plus bas, malgré tout ce qu’on lui faisait subir. C’est un acte de résilience extraordinaire ».
Médiatisé par Boris Cyrulnik, la résilience c’est la capacité à « renaître de sa souffrance ». Le psychanalyste sera d’ailleurs présent pour une conférence organisée par le Musée de la Résistance et de la Déportation, le 21 octobre.
Infos pratiques :
Musée de la résistance et de la déportation
7 place de Beaulieu, 63400 Chamalières
Du lundi au samedi de 9h à 12h et de 14h à 17h30
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