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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Viande : l’ignorance tranquille

Pour maintenir un système, mieux vaut parfois cacher les réalités. CQFD avec la filière viande.

Une vache, de celles qui vivent paisiblement dans « nos » prés, découpée vivante. Scène probablement ordinaire dans les abattoirs français, destination finale de centaines de millions de nos compagnons… Sauf que cette fois, elle est saisie par des membres de l’association L214, ces militants de la cause animale sans qui les secrets seraient bien gardés derrière les murs, sans qui personne ne s’émouvrait vraiment du sort des animaux d’élevage. Puisqu’il est tellement plus confortable de ne pas savoir. D’aller acheter son steak- ou son escalope- chez le boucher du coin ou au supermarché, en toute bonne conscience, sans même se poser de question sur son origine.

La mort ne peut être anecdotique

« Mourir est le destin des bêtes d’élevage »  m’affirmait récemment une « connaissance ». « C’est aussi celui des êtres humains » lui ai-je répondu du tac au tac, sans trahir en l’occurrence le moindre secret. Tout, peut-être, est dans la façon de passer de vie à trépas. Et sur ce plan-là, on ne peut pas dire que nos sociétés contemporaines soient respectueuses  du « bien-être » et du mourir dignement des êtres qui nous entourent.

C’est tout le mérite d’associations comme L214, souvent taxées d’être des intégristes, des empêcheurs de tourner en rond, que de briser le mur du silence et de tenter de susciter une prise de conscience au sein de l’opinion publique en montrant l’horreur. Celle que l’on n’a pas envie de voir.

Insensibilité et immobilisme

Et il ne faut évidemment pas compter sur la filière « viande » pour se réformer si elle n’y est pas contrainte. S’ils étaient un tantinet sensible à leurs animaux, les éleveurs seraient les premiers à s’indigner de la façon dont on les met à mort et à dénoncer les tortures qu’ils subissent. Ce serait la moindre des choses, en réalité. Au lieu de cela, la FNSEA, surpuissant syndicat agricole, préfère s’en prendre aux auteurs des images. Selon elle, ils contreviennent « aux règles sanitaires », opèrent « au mépris de tout respect de la loi ». Elle qualifie ainsi leurs agissements « d’ illégaux et immoraux. » Une réaction qui en dit long.

L’exemple espagnol

Quant aux responsables politiques, ils font le dos rond, soucieux de ne pas se mettre à dos un monde agricole déjà en ébullition pour d’autres raisons. Après tout, les animaux n’ont pas de carte d’électeur, pas besoin d’entretenir des états d’âme à leur égard. Pourtant volontiers donneuse de leçons, la France se révèle un très mauvais élève en matière de bien-être animal. De l’autre côté des Pyrénées, l’Espagne, pays de la corrida, a décidé récemment l’installation systématique de caméras de vidéo-surveillance dans les 700 abattoirs de son territoire « afin de s’assurer que les animaux ne subissent pas de maltraitance avant leur mise à mort. » Un premier pas qu’il faut saluer même si la mesure ne se révèlera efficace qu’en cas de contrôles réguliers.

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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