La réforme Macron des retraites n’est sûrement pas la panacée. On sait déjà que, quoi qu’il arrive, elle sera suivie d’autres révisions en la matière, chaque président de la République voulant apporter sa pierre à un édifice que l’on sait fragile. Et parfois plutôt deux fois qu’une. François Mitterrand, selon une vision idéaliste, avait porté l’âge minimum de la retraite à soixante ans. Pour lui, une existence ne pouvait se résumer à la seule carrière professionnelle et il convenait de donner aux individus le temps de profiter de leurs « vieux » jours. En bonne santé, si possible. De l’idéalisme au pragmatisme, ses successeurs se sont attachés à détricoter le dispositif pour répondre aux réalités trébuchantes de l’économie. Aujourd’hui, ceux qui partent à l’âge de 62 ans font souvent le choix d’un repos bien mérité au détriment de leurs revenus et de leur confort matériel.
La quadrature du cercle
Se présentant volontiers comme le président de la modernité, Emmanuel Macron ne voulait évidemment pas être en reste. Après un quinquennat plutôt apathique, l’heure est venue, selon lui, de remettre les pendules à l’heure. Avouons-le, sa réforme n’a rien de bouleversante, l’inverse aurait été étonnant venant d’un extrême centriste, pesant en permanence le ni trop, ni pas assez. Au-delà de l’opposition systématique de syndicats qui, logiquement, défendent leur pré-carré, la réforme pourrait être cohérente si elle ne se heurtait à une problématique majeure, loin d’être résolue : l’emploi des seniors qui doit aller de pair avec celui des jeunes. Imaginer que la question pourrait être réglée favorablement à court terme tient assurément du vœu pieu.
Le pire des moments
Si l’épisode constitue d’abord et avant tout une bataille politique- pas question de céder pour un chef de l’Etat qui joue maintenant une grande partie de son image face à une opposition remontée à bloc- on peut aussi s’interroger sur le timing de cette réforme survenant après six ans de « règne » et alors que les nuages ne cessent de s’amonceler. En proie à une inflation galopante et hors contrôle, ayant, pour la plupart, des difficultés à boucler leur fin de mois, les Français ont rarement été aussi pessimistes quant à leur avenir. Ils se contentent, dès lors, de vivre au jour le jour. Pour beaucoup, la réforme des retraites survient comme un cheveu sur la soupe à la grimace. Comment leur expliquer, dans ces conditions, qu’elle représente une urgente priorité ?
Commenter