Se référer perpétuellement, systématiquement, en tout temps et toute chose, à la deuxième Guerre Mondiale est moralement compréhensible et historiquement peu crédible. S’il faut garder ce conflit dans un coin de la tête, afin de ne pas oublier les horreurs commises par les nazis et les communistes au cours du 20^ème siècle, l’histoire s’est formidablement accélérée en quelques décennies. Jamais autant de bouleversements n’étaient intervenus dans la géopolitique internationale, au point de transformer la carte du monde elle-même et de brouiller les références passées. C’est comme si la science et les techniques avaient entraîné l’histoire dans une course folle, lui imposant une vitesse supersonique à l’heure des technologies et de la communication en direct. Jadis, elle avançait plutôt au rythme d’une diligence.

Recomposition et émergence

En un peu plus d’un demi-siècle, donc, les équilibres ont été bouleversés et les puissants d’hier ont perdu de leur superbe. L’opposition frontale des deux blocs ouest-est s’est évanouie subitement, entraînant une recomposition de la carte mondiale et l’émergence de nouveaux pays.

Dans le même temps, les empires coloniaux se sont définitivement délités et l’Europe, certes imparfaite, a vu le jour. Le Moyen-Orient a plongé dans une crise permanente aux métastases lointaines et l’intégrisme musulman s’est imposé comme une réalité menaçante, avec le 11 septembre 2001 pour paroxysme. L’occident a décliné inexorablement à l’heure où de nouvelles puissances économiques se levaient. La Chine s’est imposée comme une force incontournable sur l’échiquier mondial. Trois catastrophes nucléaires se sont succédées de Three Mile Island à Fukushima en passant par Tchernobyl. Les mouvements migratoires se sont précipités et la planète compte aujourd’hui 8 milliards d’êtres humains…

Alors oui, 39-45 apparaît vraiment comme de l’histoire ancienne.