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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Trompe l’œil, faux semblants et tohu bohu

Au-delà de son impact probablement très minime, la loi sur l’immigration a une forte dimension symbolique et idéologique. Et elle a provoqué un spectacle politique toujours vigoureux et parfois affligeant.

Bizarre, tout de même, cette loi sur l’immigration dont Emmanuel Macron estime qu’elle constitue « un bouclier  qui nous manquait » et qu’il porte lui-même devant le Conseil constitutionnel pour en expurger certains articles « gênants », jugés trop « droitistes ». Son entourage, lui-même, semble la revendiquer avec des pincettes, tout en se bouchant le nez. Elle est si sensible pour la majorité qu’elle provoque une crise en son sein : près de soixante députés ont voté contre ou se sont abstenus, démission du ministre de la santé, une aile gauche qui bat de l’aile, des rangs fracturés. Globalement, la séquence a prouvé une fois encore les limites du « en même temps » si elle a au moins permis de sauver la tête du soldat Darmanin. Et elle a mis en exergue l’extrême fragilité d’un bloc qui n’en est pas un, à qui les Républicains ont forcé la main. Le Macronisme tient le cap devant des broutilles ; mais devant des questions essentielles, il explose…

Compte à rebours

A trois ans de la prochaine campagne présidentielle dont il ne pourra être acteur, le Chef de l’Etat aura de plus en plus de mal à tenir ses troupes. Le temps ne joue plus en sa faveur et les ambitions des uns et des autres vont forcément percuter ce qu’il lui reste d’autorité.

La prochaine séquence risque de connaître le paradoxe absolu : un gouvernement se félicitant de voir le Conseil constitutionnel retoquer une partie de sa propre loi. A n’y plus rien comprendre…

Tirer la couverture

Les vainqueurs politiques de cet épisode ? Les Républicains, assurément, que l’on n’avait plus vus aussi fringants depuis des lustres. Les voilà requinqués, revigorés, prêts à croire de nouveau à leur étoile. Après tout, c’est leur texte, issu du Sénat, peu ou prou, qui a été adopté ; ce sont eux qui ont forcé la main aux députés macronistes … Quant au Rassemblement National, il peut se satisfaire de voir ses idées s’imposer aux uns et aux autres, comme le dénonce l’ancien président de la République François Hollande.

Quid de la gauche ? Désunie face à la question israélo-palestinienne, elle fait front commun sur le thème de l’immigration, devenue aujourd’hui sa principale boussole. Au point que trente-cinq départements annoncent leur intention de se mettre hors-la-loi. Du jamais vu sous la Vème République.

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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