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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Le Tour de l’ennui…

"Quand le Tour se termine, l'été est presque fini" disait, avec raison, la tante d'un de mes amis... Celui qui s'est achevé hier ne laissera pas un souvenir impérissable.

Les Sky, décidemment, jouent un mauvais tour à la Grande Boucle. Domination outrageuse, absolue, réputation sulfureuse, leur outrecuidante  main mise sur l’épreuve débouche sur une course bridée, baillonnée, sans imagination, où toute velléité est condamnée.

L’édition 2018 laisse vraiment une impression bizarre et amère, comme si un malaise s’était emparé du Tour, comme si des réserves s’imposaient systématiquement, au vu d’un passé troublant. La transformation spectaculaire du Gallois Gerraint Thomas, jadis avant dernier de son premier Tour de France, devenu un grimpeur ailé, un escaladeur hors pair, se jouant des pentes les plus sévères comme d’un vulgaire talus, est eu cet égard plus troublante encore que les moulinets de Chris Froome, qui a pourtant fait l’objet d’une mansuétude inhabituelle dans l’affaire du Salbutamol. Alors oui, vraiment, les performances de l’armada Sky laissent sceptiques, comme les « exploits » de L’US Postal, hier, paraissaient troublants. Et la mutation de Thomas fait irrésistiblement penser à la transformation de George Hincapie, spécialiste de Paris-Roubaix, modelé en  montagnard patenté dans l’ombre de Lance Armstrong. On sait aujourd’hui de quelle façon…

Une course sans imagination

Mais les Sky ne sont pas les seuls à faire de l’ombre au Tour. Le désamour constaté cette année a d’autres raisons. L’UCI a ses responsabilités dans l’absence de fantaisie du cyclisme contemporain aux schémas stéréotypés. Par exemple, en maintenant l’usage des fameuses oreillettes qui participent à l’inertie des courses. Les organisateurs du Tour de France, eux-mêmes, semblent manquer d’imagination. Quand leurs homologues du Giro ou de la Vuelta ont trouvé des solutions pour muscler leurs épreuves et les rendre plus attractives, quand des classiques comme les Strade Bianche rendent au cyclisme son caractère épique, Prudhomme et ses sbires restent fidèles  à un soit disant équilibre qui fait la part belle à des étapes de plat indigentes, au scénario immuable. Comme cette parodie de compétition qui se joue le dernier jour, pour aboutir sur les Champs-Elysées, où toute offensive est proscrite.

La tyrannie des footeux

L’Equipe, journal fondateur du Tour, participe pleinement au désamour constaté cette année. En pleine intersaison de football, le quotidien préfère consacrer sa une à quelques rumeurs de transferts concernant d’obscurs footeux plutôt que de mettre en exergue les rares péripéties de La Grande  Boucle. Un comble pour ce journal désormais voué au seul ballon rond, ce qui, un jour, peut-être, précipitera sa perte.

Si le Tour n’est pas au mieux, il le doit en partie à lui-même. Il a oublié de se réinventer, de revenir à ce qui fait l’âme du cyclisme. Un sport d’abord individuel, où la force collective ne doit jamais bannir l’initiative et le panache. Où les retournements de situation, les exploits véritables, la surprise peuvent être au bout du chemin. Ce que l’on finirait par oublier dans le sillage d’un peloton désormais soumis et résigné, à de rares exceptions près…

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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