Dans les années 1870, le géophysicien Émile Alluard lance le projet d’une station météo au sommet du puy de Dôme. Lors de travaux de construction, les premiers vestiges d’un ancien édifice sont mis à jour. En 1876, Louis-Clémentin Bruyerre, alors architecte en chef des Monuments historiques, poursuit les fouilles des vestiges de ce qui apparaît comme étant un temple. Les fouilles sont arrêtées et le site laissé à l’abandon, en l’état. Ce n’est qu’en 1886 que sa protection débute avant un classement aux monuments historiques en 1889.
Mercure maître des lieux
Le relais est pris entre 1901 et 1906, par Auguste Audollent et Gabriel Ruprich-Robert qui mènent de nouvelles campagnes de fouilles. Lors de la découverte d’une construction située en contrebas, à l’est du temple, Audollent découvre une statuette en bronze de Mercure. On comprend alors que le temple a été érigé pour célébrer ce dieu romain, fils de Jupiter et de la Nymphe Maïa (fille d’Atlas), protecteur du commerce, des voyageurs et des…. voleurs. Cette statuette est aujourd’hui conservée au musée Bargoin et son fac-similé exposé à l’Espace muséographique du temple de Mercure.
En 1956, le travaux de l’antenne TV sont réalisées sans fouille mais les ouvriers découvrent un « trésor monétaire » dispersé par la suite.
Dégradés par les conditions météo, les vestiges du temple font l’objet d’une restauration en 1978 et des campagnes, menées de 2000 à 2004 permettent de réaliser un relevé architectural précis. Les éléments collectés et leur analyse permettent d’imaginer avec précision ce à quoi ressemblait le temple. En 2008 le Conseil général propriétaire du lieu décide une restauration et une reconstruction partielle de certains murs. Le chantier débute pour une période de 11 ans qui vient de s’achever.
Un temple chasse l’autre
Avant la guerre des Gaules, aucune construction pérenne ne semble avoir été construite au sommet du puy de Dôme, lieu assez peu fréquenté à l’époque. Il faut attendre un siècle, soit 50 ans après J.-C. pour voir apparaître le premier temple. Celui-ci est détruit 100 ans plus tard et une partie de ses matériaux est utilisée pour la construction du second temple, celui que l’on connaît aujourd’hui. Au IIe siècle, le sommet du puy de Dôme héberge le plus grand temple de montagne de la Gaule romaine dédié à Mercure. Le sanctuaire à terrasses est devenu un haut-lieu de pèlerinage accessible depuis le col de Ceyssat, le plus haut point de la voie d’Agrippa. Les découvertes monétaires témoignent d’un fonctionnement possible du site jusqu’au Ve siècle mais sur la période couvrant le IIIe siècle, les constructions pourraient avoir été détruites tout comme les habitations qui composaient un bourg proche du col de Ceyssat.
Différentes hypothèses de restitution du temple ont été envisagées par les archéologues, ces derniers privilégiant celle qui est présentée aujourd’hui en images de synthèse dans le film « Dans les pas des pèlerins du temple de Mercure« .
Un chantier en deux phases
La première phase de travaux en 2013 et 2014 a porté sur le confortement des structures du
monument et sur la reconstruction partielle des murs d’enceinte du sanctuaire, dont la
configuration d’origine est connue. Le travail réalisé par l’entreprise Jacquet de Saint-Pourçain-sur-Sioule est « à la fois titanesque et minutieux de taille et de pose des blocs nécessaires à la restauration ». Les pierres utilisées proviennent des carrières Mazayes. Cette phase a d’ailleurs soulevé un débat philosophique entre les spécialistes. Quand certains prônent la reconstruction en important des matériaux travaillés de manière visiblement moderne et mécanique, d’autres prétendent qu’il ne faut utiliser que les éléments trouvés sur place.
La seconde phase engagée entre 2020 et 2024 concernait les parties centrales du sanctuaire, comportant le temple de Mercure, dont seules les fondations étaient encore visibles. La restauration offre une meilleure lecture du plan de l’édifice et un accès reprenant le parcours de visite proche de celui qu’empruntaient les pèlerins du IIe siècle. Ce long chantier qui, au total, a coûté 7 millions d’euros* permet aujourd’hui de prendre conscience de la dimension hors norme de l’édifice et d’admirer le sanctuaire de 60m x 60m, soit 3 600 m². L’angle Sud-Est a été reconstruit selon la hauteur d’origine de 13 m qui correspond au niveau de la terrasse Est et laisse présager l’aspect monumental du temple.
Grâce à la réalité virtuelle, il est désormais possible de visiter le temple en immersion en complément des visites guidées qui offrent l’opportunité de (re)découvrir ce lieu totalement exceptionnel.
Pour préparer la visite du temple, le site web du conseil départemental se révèle précieux
*Financements conjoint de l’État, le département, l’Europe et la Région.
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