Le mouton, nous dit-on, suit ses congénères quel que soit l’itinéraire qu’ils empruntent. Escarpé ou risqué, accidenté ou linéaire… Il ne présente, en tout cas, aucun goût prononcé pour l’acte isolé, pour les chemins de traverse. Son lointain cousin, l’« humanus modernus » lui ressemble parfois à s’y méprendre. Même instinct grégaire. Même besoin irascible de vivre en groupe, de se rassembler dans des villes gigantesques, des communautés voire des églises…Même souci de suivre des itinéraires balisés, de se mettre en ordre derrière un chef, de s’organiser, de se « civiliser ». Même propension à accomplir des gestes identiques à des heures fixées. Mêmes habitudes intangibles. Avec parfois un aveuglement comparable et un manque total de libre arbitre.
Illusion
La mode- que la société de consommation n’a pas inventé mais qu’elle a mené vers son paroxysme, représente peut-être l’illustration la plus remarquable de ce suivisme endémique. La mode n’est rien d’autre qu’une façon d’imiter ses contemporains, de tenter de ressembler aux individus d’un groupe: porter un tatouage, s’abonner à face book, manger des sushis, lire un ouvrage de Guillaume Musso ou de Marc Levy, rouler à vélo en ville, se servir d’une trottinette électrique ou écouter du rap… Agir comme il convient d’agir. Agir pour ressembler, appartenir.
Paradoxe
Pourtant, la mode est souvent vécue par son utilisateur comme un acte de « singularisation » voire de libération et d’émancipation. Comme une façon d’affirmer une personnalité, de se distinguer aux yeux du groupe voire de le précéder. Il y a là comme un paradoxe qui ressemble fort à une illusion ou une mystification.
Commenter