Au lever, ce matin-là, allumant la radio, sur une station périphérique (RTL ou peut-être Europe 1?), j’apprends la mort de Jean-Pierre Marielle. Une information au beau milieu du flux de nouvelles et du flot de messages publicitaires. Celle-ci ne m’est pas étrangère… Marielle, une voix unique, une présence physique, un caractère et un personnage fantasque, extravagant, excessif, facétieux, imprévisible aux allures de seigneur désabusé. L’un de ces rares comédiens français au-dessus du lot, capable de tirer un film vers le haut par sa seule présence à l’écran, sa verve, son audace, sa non-conformité.
Avec ses compères
Quelques images, quelques titres me reviennent en mémoire : Les galettes de Pont-Aven (1975) de Joël Seria, bien-sûr, où il est un vendeur de parapluies obsédé par les femmes, Calmos (1976) l’un des tout meilleurs films de Bertrand Blier, Tous les matins du monde (1991) d’Alain Corneau où il incarne le musicien Marin Marais. Mais encore Le parfum d’Yvonne (1994), inspiré par Villa Triste de Modiano ou encore Les grands ducs (1996), un film imaginé par Patrice Leconte pour susciter les retrouvailles avec ses compères Philippe Noiret et Jean Rochefort. Tous partis, désormais. Rayés de la distribution.
Hors système
Insaisissable et farouchement indépendant, excentrique et cabotin, Jean-Pierre Marielle fuyait les civilités et ne recherchait pas les honneurs. Cela tombe bien, les César ne lui ont jamais décerné le moindre prix, ni rendu le moindre hommage. A l’image, par exemple, d’un Louis de Funès, monument du cinéma français délaissé par cette « académie » à l’esprit un peu trop étriqué devant laquelle il faut savoir courber l’échine. Et comme d’habitude, ce même petit monde, sans scrupule, va encenser l’acteur, lui tresser des lauriers post mortem et peut-être crier au génie. Trop tard. Mais qu’importe…
De Funès cultivait des roses dans le jardin de son château de Clermont, au bord de la Loire; Marielle, lui, a mené sa vie sans s’embarrasser du microcosme cinématographique, de ses mondanités, de ses usages. Il ne fut jamais ni dans le vent, ni dans la vague. Ni même dans l’air du temps… Il n’en avait pas besoin.
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