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Marc François créateur de 7 jours à Clermont
Edito

PyeongChang ou les travers glissants de l’olympisme

Cinquante ans après Grenoble, quatre ans après Sotchi, les Jeux-Olympiques d'hiver ont débarqué en Corée. Malheureusement pour la dimension sportive des compétitions...

Aimez-vous les J.O d’hiver ? Oui. Aimez-vous les J.O d’hiver à PyeongChang en Corée du sud ? Non, pas vraiment.

Attention, évidemment à ce que l’on écrit à une époque où le moindre mot peut être suspect, où l’expression est examinée, surveillée, interprétée et souvent dénaturée. Où la bien-pensance fait la pluie et  le beau temps. Point d’ostracisme donc dans ce jugement mais une simple question de bon sens. Et pas seulement parce qu’il faudra se réveiller au milieu de la nuit et peut-être dormir le jour pour regarder, à grand renfort de café, les retransmissions olympiques.

Les J.O d’hiver brassent une multitude de disciplines, du curling, qui vaut bien mieux que sa réputation, au bobsleigh en passant par le hockey sur glace, le skeleton, le ski de fond, le patinage de vitesse ou le biathlon, qui fait un carton non seulement sur les cibles mais aussi à la télévision. Sans oublier les disciplines plus récentes comme le snowboard ou le ski freestyle. Mais le sport roi, celui qui a donné ses lettres de noblesse aux Jeux d’hiver, demeure assurément le ski alpin…

Une grande histoire

On se souvient des images superbes de Sotchi, il y a quatre ans, et des pistes vertigineuses de Rosa Khutor au dessus de la mer Noire : les triomphes de la jolie Tina Maze, la descente spectaculaire de Mathias Mayer ou la réussite de Ted Ligety ou d ’Anna Fenninger, devenue depuis Anna Veith. On garde encore en mémoire les tracés sélectifs de Vancouver, il y a huit ans… Autant  de chapitres entrés de plain-pied dans la grande histoire olympique couverte d’or, d’exploits et de drames individuels et collectifs.

Et nous voilà désormais à PyeongChang, morne plaine pour le ski alpin, avec des pentes qui ressemblent davantage à celles du Massif-Central que des Alpes ou des Pyrénées. Un théâtre indigne d’un tel événement… Les pré-olympiques, disputées l’an passé dans les Monts Taebaek, ont apporté la preuve de ce que l’on pouvait redouter : les tracés des différentes compétitions (à l’exception des slaloms), sur des reliefs très peu prononcés, ne présentent aucune difficulté. « C’est encore plus facile que ce que nous imaginions » a déclaré, déçu, le spécialiste italien de la descente Christof Innerhofer après avoir découvert la piste de Jeongseon. Le spectacle en souffrira et les médailles seront évidemment dévaluées. C’est tout juste, d’ailleurs, si l’on pourra y disputer les descentes masculine et féminine, l’épreuve-reine des Jeux-Olympiques, malgré tout le savoir-faire de l’ancien champion Bernhard Russi, traceur et aménageur de parcours, qui a cherché en vain à vitaminer les tracés, trop courts et dénués de haute vitesse.

En attendant Pékin

Le pire restera toutefois à venir : dans quatre ans, c’est la ville de Pékin, dans la grande plaine du nord de la Chine, à l’altitude 44 mètres, qui accueillera les Jeux Olympiques d’hiver. Des Jeux sans montagne…Pour cette occasion,  il est question purement et simplement d’annuler les descentes.  A ce petit jeu du plus offrant et du plus puissant économiquement, de la géopolitique et des intérêts financiers, la dimension sportive est évidemment reléguée au second plan. Pourquoi ne pas aller disputer, dans quelques années, les Jeux Olympiques d’hiver dans le désert du Qatar, là où aura déjà lieu, on le sait, la Coupe du Monde de football en 2022 ?

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Certes je ne conteste pas les problèmes du ski alpin et je trouverai assez scandaleux de supprimer la descente mais je pense qu’en Chine il ne manque pas de montagne et qu’ils trouverons un site. Par contre je pose une question: Au nom de quoi on décide que telle discipline est le sport roi et tel compétition l’épreuve reine? Pour nous français c’est le ski alpin parce que on a beaucoup de stations de sports d’hiver et qu’économiquement ça pèse. Mais pour les scandinaves ont une toute autre vue; le sport roi c’est le ski de fond qui leur a permis de se déplacer de villages en villages l’hiver. pour les hollandais c’est le patinage de vitesse car c’est ains qu’ils se déplacer sur les canaux gelés. Pour les canadiens c’est le hockey ainsi que les russes parcequ’il y a nombres de lacs gelés et qu’ils revendiquent plus ou moins l’invention du hockey. Et pour les asiatiques, les russes et américains c’est le patinage artistiques, les uns parce que c’est le show, les autres parce que c’est quasiment de l’art (je crois que le bolchoî a une section glace). Alors pour moi cela ne veut rien dire sport roi ou alors ça sera celui qui est au plus près de la réalité du quotidien même si cela ne correspond plus à notre façon de vivre, celui de devoir se déplacer, chasser pour vivre etc; Donc le sport roi devrait être avant tout le ski de fond, le biathlon ( je crois qu’il existe du biathlon avec arbalète plus écolo.) voir le patinage de vitesse en référence aux déplacement à travers le pays sur les canaux, comme l’athlétisme l’est pour les JO d’été car rien n’est plus basique que de courir. Alors vous me direz pourquoi pas militer pour des épreuves de raquettes, je suis sûr que cela ferait plaisir à nos amis du Canada, de Sibérie et scandinaves car ça correspond encore à une certaine réalité quotidienne. Ben chiche, pourquoi pas, l’essence du sport ne vient-il pas de là au départ ou est-il définitivement remplacé par son poid économique.

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