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photo Valentin Uta.
Edito

La France, ce pays dont le Président est roi…

Ici et là, partout et pour tout, encore et toujours. Sans couronne mais sacré. Emmanuel Macron n’est pas au milieu de ses sujets mais très au-dessus…

La France est le pays qui a coupé la tête à son roi. Evénement ô combien violent et transgressif qui, d’ailleurs, ne suffit pas aux révolutionnaires de 1789 qui allèrent jusqu’à guillotiner également la reine. Et c’est ainsi, dans le sang, que naquit notre République. Ce pays, transgressif et vindicatif, est pourtant celui qui, aujourd’hui, a érigé et « sacré » un monarque absolu, le Président de la République. Et pour être sûr de ne pas avoir à le décapiter, il l’a soumis, simplement, au principe des élections une fois tous les cinq ans. Entre-temps, il lui a offert un trône et donné un blanc-seing.

Incontournable, intouchable

Louis XVI est mort et enterré depuis belle lurette… Sa dépouille, ce qu’il en reste, repose à la nécropole royale de Saint-Denis. Paix à son âme et à celle de Marie-Antoinette, venue d’Autriche pour perdre la boule. Et voilà que nous est donné un nouveau souverain : Macron Premier, plus auguste qu’un roi, plus solennel qu’un pape, plus intouchable qu’un empereur.

Macron en Corse, Macron à l’église, Macron à Clermont, Macron à la plage (ce qui est toujours mieux en terme d’image que Sarkozy faisant du jogging, convenons-en)… Macron devant les journalistes. La parole de Macron, la femme de Macron, le parti de Macron. Macron en chine. Macron auprès des autres puissants de ce monde ou au milieu de ses ministres, de simples vassaux…  L’Etat, c’est lui. En son palais de l’Elysée ou consentant à visiter les terres de France, auprès de ses sujets… Macron starifié, Macron sanctifié. Macron inévitable, Macron incontournable, Macron indispensable. Macron suprême. Macron dans sa magnanimité, Macron dans sa très grande majesté. Et la liste peut évidemment se conjuguer presque à l’infini : Macron à Abu Dhabi, Macron serrant la main de Trump, Macron aux obsèques de Johnny Hallyday, Macron et son chien, Macron à PyeongChang…Ah non, pardon, je confondais avec Martin Fourcade…

Une exception française

L’idée n’est pas ici de dénoncer plus particulièrement la personnalité d’Emmanuel Macron car le constat aurait pu s’appliquer à ses prédécesseurs. Ni de mettre en cause sa politique, cela pourrait faire l’objet d’un autre éditorial. Non c’est bel et bien un système, institué par la Vème République, qui semble aujourd’hui inadapté, décalé et parfois surréaliste dans un régime parlementaire.

Un homme incarnant à lui seul la République, un homme décidant de tout, en dépit de ses faiblesses, de sa fragilité inhérente à la condition humaine, un homme au-dessus des lois et des tribunaux, disposant quasiment de toutes les manettes : exception française qui en dit long sur notre pratique démocratique et notre sens du partage.

François Mitterrand, à son époque, avait aussi symbolisé remarquablement ce travers des institutions.  Opposant farouche au général De Gaulle, l’instigateur de cette république monarchique (et non pas de cette monarchie parlementaire…), il en avait endossé les habits dans un mimétisme troublant et une attitude très aristocratique, digne de François 1er.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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