L’Assemblée générale des Nations Unies à proclamé que l’année 2026 serait l’année internationale du pastoralisme et des pâturages. Le SIDAM, Service interdépartemental pour l’animation du Massif central, a donc saisi la balle au bond, pour lancer le projet Pâture, notre élevage c’est (déjà) le futur, qu’il vient de lancer officiellement à l’occasion de la seconde édition du salon Origine Auvergne*.
Ce projet qui vient tout juste d’émerger, garde pour le moment la forme d’un groupe de réflexion dont l’objet est de défendre l’idée qu’il est possible, et même souhaitable, dans un contexte de développement durable « d’Ériger l’élevage à l’herbe pratiqué dans le Massif central, plus grande prairie du continent européen, comme une pratique agricole d’avenir, viable et durable ».
Avec la ligne de base Pâture, notre élevage c’est (déjà) le futur, le SIDAM souhaite générer une prise de conscience sur l’importance du maintien d’un modèle qui répond aux différents enjeux de souveraineté alimentaire, de lutte contre le changement climatique, de protection de la biodiversité et d’animation des territoires ruraux.
Rassembler tous les acteurs
« On veut rassembler plein d’acteurs, du citoyen à l’acteur économique et passant par l’acteur politique autour de la réflexion sur ce que génère la présence de l’élevage sur le Massif central » explique Bruno Dufayet, président de l’APRAMAC, Association pour la Promotion de l’Agriculture du Massif Central et éleveur de vaches Salers dans le Cantal. « C’est un élevage herbagé et nous avons su préserver nos races, nos vaches, nous avons trouvé l’équilibre entre la taille des troupeaux, la surface en herbe pour les nourrir et maintenu la présence d’agriculteurs actifs. On veut aussi se poser la question du devenir, des tendances sur ce nombre d’éleveurs, essayer d’anticiper les problématiques qui pourraient arriver. On veut porter un élan collectif. Souvent, on est sur la revendication syndicale sur le prix de nos produits, mais on est plus sur ce sujet là. On est à l’échelle d’un territoire, on rassemble les acteurs et on tente de montrer avec humilité, que l’élevage est un peu le socle de l’activité de nos territoires. Mais si à un moment ce socle venait à se fragiliser, plein de choses pourraient aussi se fragiliser comme les hôpitaux, les écoles, les services publics mais aussi des entreprises, le tourisme. Le territoire serait de moins en moins attractif car on aurait moins d’éleveurs ce qui pourrait impacter d’autres secteurs » précise Bruno Dufayet, qui est aussi élu à Mauriac.
Dans tout le Massif central un agriculteur sur deux va prendre sa retraite dans les 10 prochaines années
Un territoire sans éleveur est un territoire qui se referme car sur une terre non pâturée l’herbe, laisse vite sa place à une friche puis à une forêt. Pour qu’ils restent ouverts, les espaces semi-sauvages compris entre l’Allier et le sud des Cévennes doivent donc être utilisés dans la continuité. Mais se pose aujourd’hui, la question du renouvellement des générations. Dans tout le Massif central un agriculteur sur deux va prendre sa retraite dans les 10 prochaines années. « Potentiellement, la moitié du socle de base pourrait disparaître si l’on met pas l’énergie nécessaire pour essayer de remplacer tous les acteurs qui vont prendre leur retraite demain » précise Bruno Dufayet « C’est aussi ce qui nous a poussé, car on se dit que cette force collective à l’échelle de ce territoire, a un écho, que l’on soit dans l’Allier, dans le Cantal ou ailleurs. Cet écho aura la capacité à rassembler et donner de la force au mouvement face à des enjeux qui sont majeurs. Cette prise de conscience sur le renouvellement est assez récente puisqu’on est directement concerné. Il faut donc que l’on parvienne à sensibiliser les autres acteurs car si demain les éleveurs n’arrivent pas à se renouveler c’est potentiellement les autres activités qui n’arriveront pas à se renouveler, elles non plus ».
Le pâturage dans le Massif central, un modèle unique
« On le dit et on l’assume. On a ce modèle herbagé, ces fermes qui valorisent le territoire. On a beaucoup de prairies dites naturelles, semi naturelles ou permanentes, des prairies qui sont là depuis des millénaires et qui sont toujours là car il y a justement la présence de l’élevage et des éleveurs » reprend président de l’APRAMAC. « Derrière ce modèle, il y a tous les produits qui en sont issus, la viande, le fromage, des produits de qualité que l’on a plaisir à manger. Ce modèle est une vraie spécificité, y compris à l’échelle de la France. Cette exception, il faut qu’on arrive à la faire perdurer mais ce n’est pas gagné. Il y a les pressions économiques, les lois du commerce…. la tendance serait d’écraser ce modèle pour faire quelque-chose de plus industriel et volumineux. On a un modèle différent car on a la chance d’avoir eu les générations précédentes qui ont su le faire perdurer sans dérive. Le modèle agricole a beaucoup évolué dans les années 70/80, mais il y a eu un pôle de résistance dans le Massif central avec des gens qui étaient là avant nous et nous avons la chance de bénéficier de leur travail. On doit faire quelque chose de ce modèle c’est aussi une manière de les remercier » conclut Bruno Dufayet. Finalement, le Massif central montre avec ses pâturages que le modèle ancien reste peut-être le pertinent pour les années à venir. Le slogan Pâture, notre élevage c’est (déjà) le futur n’a évidemment pas été choisi au hasard.
* Origine Auvergne, Grande halle d’Auvergne du 19 au 22 novembre 2024
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