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Mylène Toumani-Bardet, une présidente engagée pour le sport féminin. Photo: Agence Kinic
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Mylène Toubani-Bardet : « Chamalières doit se maintenir pour continuer à grandir ! »

C’est une présidente plus déterminée que jamais à maintenir, son club dans l’élite du Volley-ball féminin français, que nous avons rencontré avant la rencontre de championnat de Ligue A face à Cannes (ce samedi à partir de 20h). Rassurées par un probant succès à Quimper, candidat au maintien, les Panthères s’avancent vers une fin de saison passionnante, mais aussi décisive pour l’avenir du club chamaliérois.

7 jours à Clermont : Pouvez-vous évoquer l’itinéraire qui vous a amené jusqu’au poste de présidente du VBC-Chamalières ?

Mylène Toubani-Bardet :  Depuis mon plus jeune âge je vis avec cette ambiance sportive autour de moi. Ma mère était professeur d’EPS et j’ai pratiqué de nombreux sports comme le football, la gymnastique, l’athlétisme et le volley-ball bien sûr. J’ai aussi fait des études pour devenir moi-même professeur, ce qui m’a permis de prendre des responsabilités au niveau de l’UNSS (sport scolaire), d’abord dans l’Allier, puis au niveau régional. Depuis toujours, le sport guide mon évolution et le sport-jeunesse ou le sport féminin sont au centre de mes préoccupations.

7JC : Et le volley dans tout ça?

MTB : J’ai commencé à pratiquer le volley-ball à l’âge de 13 ans au club de Vichy. Ensuite, en parallèle de mes études, j’ai eu la chance de jouer dans des clubs qui ont atteint le niveau National 3 comme Saint-Georges-les-Ancizes, Lempdes, Cébazat puis dans l’équipe B du VBC-Riom, où j’ai rencontré Audrey Mioche et Sonia Souid, qui sont aujourd’hui elles-aussi de l’aventure de Chamalières. J’ai aussi suivi le parcours d’Atman (l’entraineur du club et également son époux) et c’est en 2015 qu’on m’a demandé de prendre la succession de Michel Burel à la tête du VBC-Chamalières. C’est pour moi un vrai challenge, gratifiant mais aussi très énergivore.

7 JC : Le volley-féminin de haut niveau a longtemps été incarné par le V.B.C Riom. Aujourd’hui c’est Chamalières qui est la locomotive du sport féminin auvergnat…

MTB : Et même au-delà, puisque nous sommes le seul club professionnel féminin de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes ! On est aussi le seul club situé entre Paris et Béziers et on a conscience d’être en quelque sorte des ambassadrices du sport féminin avec une discipline qui est pratiquée dans le monde entier et qu’on a tous essayée à l’école étant plus jeune. Notre histoire intéresse les gens, ceux qui avaient suivi Riom pendant de nombreuses années, mais aussi des plus jeunes. On essaie de faire perdurer l’héritage de ce grand club en écrivant notre propre histoire. 

M. Toubani-Bardet lors de la présentation de l’équipe au Puy de Dôme en début de saison. Photo: Agence Kinic

7 JC : Etre doté du plus petit budget de Ligue A constitue une contrainte supplémentaire pour se développer. Dès-lors, faut-il trouver des alternatives pour exister au plus haut niveau ?

MTB : C’est clairement notre leitmotiv ! Nous sommes peut-être les petits du championnat mais cela ne nous empêche pas de faire preuve d’ambition. Cette nouvelle saison en Ligue A était un challenge. On a su prendre des risques qui se sont avérés payants comme nos trois délocalisations à la Maison des Sports de Clermont ou à Vichy. On a la volonté d’aller chercher notre public pour créer une dynamique plus forte encore autour du club.

7 JC : Chamalières s’impose comme un club dynamique qui sait créer l’événement comme ce record de France d’affluence pour un match de volley  féminin…

MTB : Nous essayons de tisser un lien entre les passionnés de volley, les différents clubs de la région et pas seulement féminin. Nos relations avec les clubs de football, de basket ou de hockey nous ont permis de réaliser des projets communs. Nous nous sommes également rapprochés du handball pour participer à la fête de la Golden League, organisée cette semaine à Clermont. On a conscience que le strict aspect sportif ne suffit pas à attirer les foules donc on tente des soirées à thèmes, souvent en lien avec des associations caritatives, ou de faire un grand loto du club. Je ne vais pas tout révéler, mais il y aura aussi quelques surprises d’ici à la fin de la saison…

7 JC : C’est un moyen de faire parler de vous et d’attirer de nouveaux partenaires ?

MTB : Exact ! On s’appuie également sur des ambassadrices de haut niveau qui allient leurs projets sportifs et personnels en donnant une très belle image d’elles. De jolies jeunes filles, souriantes, proches du public et qui peuvent offrir une très belle image à des entreprises, désireuses de s’associer à nos valeurs. Aujourd’hui, le nombre de partenaires augmente, mais on doit encore franchir un cap pour aider le club à atteindre les 700.000 euros de budget afin de rivaliser dans un championnat où le budget moyen tourne autour du million d’euros. On doit faire preuve de patience et de détermination pour aider ce club à grandir encore.

« On doit faire preuve de patience et de détermination pour faire grandir le club. »

7 JC : Aujourd’hui, on a le sentiment que le VBCC est à la croisée des chemins, trop fort pour la 2edivision mais limité pour la Ligue A. L’avenir passe-t-il inévitablement par un développement financier ?

MTB : Notre projet de club vit et s’établit entre la première et la seconde division. Après une première année dans l’élite on est descendu, puis on a remporté la coupe de France et on est remonté dans la foulée, ce qui est assez rare. On s’est ensuite maintenu sur le plan administratif car des clubs ne pouvaient plus assumer un budget cohérent au plus haut niveau. Maintenant, on aimerait obtenir ce maintien sur le terrain pour se stabiliser dans l’élite et attirer de nouvelles joueuses. On est conscient que l’équilibre financier est fragile pour la plupart des clubs, mais on se bat avec nos armes. Grâce à la victoire à Quimper, le week-end dernier, nous sommes sur la route de l’exploit pour rester en Ligue A et continuer à se développer.

7 JC : Vous évoquiez la possibilité d’attirer de nouvelles joueuses. Pourtant, aujourd’hui, Chamalières n’arrive pas à offrir une 10ejoueuse pro à son effectif …

MTB : Le sportif et le financier sont étroitement liés et on sait aujourd’hui ce qu’il faut faire pour densifier C’est vrai que nous sommes le seul club de Ligue A féminine à évoluer avec neuf joueuses pro et une joueuse « amateur ».  Avec une baisse de notre budget par rapport à la saison passée, nous avons fait ce choix et, pour le moment, il s’avère payant. C’est important pour nous de stabiliser le club dans l’élite pour ensuite continuer à développer notre banc, nos infrastructures et réussir à mettre en place un effectif de douze joueuses (10 pros et deux amatrices).

7 JC : Le développement passe-t-il aussi par un rapprochement avec le pôle espoir d’Issoire ? Et peut-être aussi avec d’autres grands clubs locaux ?   

MTB : Le pôle espoir d’Issoire est malheureusement appelé à disparaître avec la refonte des régions. Il ne restera plus alors qu’un seul grand pôle régional situé à Lyon. Néanmoins, on continue à mettre en avant des joueuses issues de la formation locale, même s’il faut un certain temps pour arriver au plus haut niveau. L’exemple d’Anne-Laure Margirier est intéressant. Voilà trois ans qu’elle a rejoint notre club en provenance d’Issoire et ses performances sont aujourd’hui au niveau de la Ligue A. Mais il faut savoir respecter un temps de progression et d’apprentissage pour créer notre propre filière. Parmi nos axes de développement, on souhaiterait se rapprocher plus encore du Clermont Foot, de l’ASM Clermont et même pourquoi pas de l’Olympique Lyonnais pour essayer de mutualiser avec ces grands clubs pros. On développe également un partenariat avec l’ESC Clermont pour travailler sur la reconversion des sportives de haut niveau. C’est aussi un atout pour attirer de nouvelles joueuses et les fidéliser sur un cursus de deux à trois ans.

MTB Avec ses Panthères lors du partenariat avec le Crédit-Mutuel. Photo: Agence Kinic.

7 JC : Cannes se présente ce week-end à Chamalières. Ce club a marqué les 25 dernières années dans le volley féminin français. C’est un tout autre monde ?

MTB : C’est un peu l’histoire de David contre Goliath, même si en volley féminin on peut voir des résultats incroyables. C’est la première fois qu’on reçoit Cannes au gymnase Chatrousse. En effet, jusqu’à présent, on jouait ce match à la Maison des sports. On aimerait évidemment les faire tomber dans notre salle… Nos matchs précédents face aux Cannoises nous laissent l’espoir de créer l’exploit. On va en tout cas travailler ce match sérieusement, comme toujours, pour essayer d’enchaner après notre important succès à Quimper.

7 JC: Le RC.Cannes, c’est un modèle à suivre ?

MTB :  Avec 20 titres de champion et autant de Coupes de France au palmarès, mais aussi des victoires en coupe d’Europe, je vous le confirme, le modèle sportif est à suivre ! Il ne faut pas oublier qu’il y a 20 ans, le club de Riom était au même niveau et se battait en France, comme en Europe, avec Cannes. A cette époque, l’entraîneur Yan Fang et une jeune joueuse nommée Victoria Ravva ont quitté Riom, direction Cannes, pour mettre en place la « success story » qu’on connait aujourd’hui. L’histoire d’un club s’écrit parfois sur quelques détails. Cannes a su se construire dans le sillage d’un partenaire principal fort, et d’autres qui permettent au club d’être ambitieux. A Chamalières nous avons la chance de développer un partenariat fort avec le Crédit Mutuel et il nous faudrait d’autres partenaires pour nous accompagner dans notre développement. Néanmoins, on peut aussi inspirer Cannes ! Son président s’intéresse beaucoup au dispositif de diffusion de matchs en direct que nous proposons au grand public…

7JC : Un programme corsé vous attend sur cette fin de saison mais avec pas mal de réceptions. Aura-t-on encore l’occasion de faire la fête à Chamalières ?

MTB : On est complètement dans la course au maintien après notre victoire de ce week-end en Bretagne et on a envie de se lancer dans cette fin de saison avec l’ambition de se maintenir sur le terrain ! Et pour  réussir ce pari, nous allons encore mettre en place des matchs à thèmes à commencer par la réception de Marcq-en-Baroeul, le 5 avril, dans une journée qui sera dédiée aux enfants. On recevra également Béziers à la Maison des sports (13 avril) avec un repas qui sera organisée en compagnie des joueuses. Bref, cette fin de saison s’annonce excitante et, plus que jamais, on aura besoin du soutien du public pour réussir. Tous ensemble.

 

VBC-Chamalières – RC-Cannes, Ligue A de volley-ball féminin, samedi 23 mars à la salle Chatrousse de Chamalières. Pour plus d’informations et la billetterie: www.volley-ball-chamalieres.fr

À propos de l'auteur

Julien 0ury

Journaliste-commentateur sportif dans des médias nationaux comme Eurosport, Sud Radio ou encore Rugbyrama.fr, c'est un ancien sportif qui a choisi de vivre sa passion jusqu'au bout. Amoureux de sa région, il a la volonté de présenter le sport à travers ses émotions. Diplômé de l'école de journalisme de proximité de Vichy, il souhaite mettre en avant la qualité du travail des clubs sportifs locaux afin de faire connaitre les hommes et femmes qui se battent pour faire perdurer l'activité sportive pour tous.

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