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Christine Perraud et Antoine Fourtin, Musée de la résistance, Chamalières / Photo 7 Jours à Clermont
C. Perraud et A. Fourtin, Musée de la résistance, Chamalières / Photo 7 Jours à Clermont
Culture Patrimoine

Musée de la Résistance : pour ne pas oublier des choses du passé

C'est en 1994 qu'un ancien Résistant a créé à Chamalières, le musée de la Résistance, de l'internement et de la Déportation. 30 ans après son ouverture, grâce à des expositions thématiques temporaires, il a quintuplé le nombre de ses visiteurs.

Le musée de la Résistance, de l’internement et de la Déportation vient de fêter ses 30 ans. Créé en 1994 à Chamalières par Jean Bac, militaire résistant, lui-même condamné et interné pour fait de résistance, ce musée, d’abord associatif, fait désormais partie du pôle des musées de Clermont Auvergne Métropole.
Un peu à l’étroit dans ses murs du quartier Beaulieu, il est placé sous la responsabilité de Christine Perraud, assistée d’Antoine Fourtin, médiateur. Tous deux œuvrent au quotidien à informer, documenter et transmettre.
Ce 30e anniversaire était l’occasion d’aller à leur rencontre pour comprendre l’importance de ce musée au sein de la métropole.

7 Jours à Clermont : Est-ce qu’un musée de la Résistance, de l’internement et de la Déportation a encore du sens en 2024 ?
Christine Perraud : Je dirais que plus ça va, plus ça a de sens. On a tendance à oublier un certain nombre de choses du passé et vue l’actualité, cela a du sens de remettre en place certaines valeurs et certains événements. On peut s’inspirer des comportements du passé pour essayer, non pas que cela n’arrive plus, puisque malheureusement ce n’est pas le cas, mais au moins pour essayer de trouver des éléments inspirants pour faire mieux.

7JàC : La période 1939/1945 n’est-elle pas un peu restrictive ?
C. P : Non… notre thématique est tellement large et l’on peut tellement faire de connexions avec l’actualité que l’on a des sujets pour faire des expositions temporaires pendant au moins 10 ans, sans aucun problème. On déborde de potentiel. Par exemple on a accueillis l’exposition de photos de guerre de Véronique de Viguerie, ce qui nous a permis de faire une connexion avec l’actualité. En fait, on est pas contraints par 39/45, on peut jeter des passerelles de partout. Cela peut être le racisme que l’on a abordé avec une expo créée par le Musée de l’Homme à Paris qui traitait le thème d’un point de vue scientifique. On a donc une multitudes de possibilités, c’est ce qui est hyper intéressant en plus d’avoir ce rôle important, qui n’est pas anodin, d’éducation et de piqûres de rappel sur beaucoup de choses.

7JàC : Quel est l’âge moyen des visiteurs du musée de la Résistance ?
C. P : Il faut nuancer. De façon générale, le musée intéresse maintenant davantage la jeunesse et les actifs que les personnes âgées. On a eu cet inversion, depuis le Covid. Je pense que les jeunes ont touché à ce moment là, la valeur de certaines choses comme la liberté. Durant cette période, un vocabulaire de guerre a été utilisé, donc cela les a peut-être éveillé à la période. Cependant, si l’on prend l’exemple de l’exposition actuelle sur Michelin, je n’ai pas l’impression qu’elle mobilise les jeunes mais plutôt les visiteurs plus âgés. On a des retraités Michelin intéressés par l’approche globale industrielle. Ils sont contents de mieux connaître l’histoire du groupe qui les a fait travailler pendant longtemps.

Un musée qui traverse le temps

7 Jours à Clermont : Le musée vient de fêter ses trente ans…. Comment a-t-il vieillit ?
Christine Perraud : Très bien… de 1994 à 2017, nous étions sous statut associatif avec la chance, pour moi, d’avoir connu des anciens résistants qui étaient à l’origine de ce musée. Cela a été l’approche mémorielle par des acteurs de cette période, c’était un réel plus. C’est d’ailleurs l’origine de beaucoup de musées en France consacrés au thème de la seconde guerre mondiale. Puis le musée a rejoint les musées de la métropole et cela nous a permis d’avoir une approche modernisée et du coup de pouvoir proposer au public le principe des expositions temporaires très régulières. Cela a apporté un dynamisme et un nouveau souffle vital pour le musée.

7JàC : Sur la partie 39/45, ne faudrait-il désormais apporter un peu de modernité et ne plus se satisfaire de vieux papiers et de médailles ?
C. P : Cela ne suffit plus en effet. Il faut marcher avec son temps. Mais ce qui est très drôle, lorsque je discute avec des jeunes et que je leur parle de cette présentation un peu caduque de la partie permanente du musée, ils disent « ouai mais ça fait époque… ». C’est une réalité, il faut prendre un tournant vers plus de modernité. Cela passe par de la scénographie mais aussi par la façon dont on transmet. Par exemple pour notre 30e anniversaire on a fait venir des musiciens et des danseurs. Parfois, on utilise le théâtre et divers canaux afin de sensibiliser le public car chaque être humain est différent d’un autre, c’est ce qui est passionnant. Pour autant, il faut utiliser des outils différents pour toucher différentes personnes car chacun réagit différemment aux stimulations.

7JàC : Diriger un musée consacré à la Résistance procure toujours du plaisir au travail ?
C. P : Antoine et moi même sommes deux passionnés et nous ne venons jamais ici à reculons. Moi, cela fait 30 ans et c’est plutôt bon signe. On va parfois chercher des éléments mais on a aussi beaucoup de dons de particuliers. Il nous arrive parfois des trésors et des pépites que l’on découvre et qui viennent enrichir nos connaissances en la matière. Cela fait partie des joies de notre métier. On en apprend tous les jours et on en découvre tous les jours.

7JàC : Avez-vous des demandes particulières du public ?
C. P : On répond aussi aux particuliers qui s’intéressent à leur histoire familiale sur le tard et nous demandent de l’aide. On les accompagne pour qu’ils trouvent des choses. Cela fait partie de notre métier, même si cela dépasse nos fonctions. Cela nous fait plaisir de pouvoir parfois donner des éléments de puzzle à une famille, c’est quelque chose qui les marque et qui nous marque. C’est un rôle un peu social et un peu psychologique qui nous fait progresser dans la connaissance. Récemment, j’ai été en contact avec quelqu’un qui avait une idée assez négative de son père. Je l’ai aidé à comprendre pourquoi son père avait eu tel type de comportement en lui donnant mon avis de professionnelle et cela lui a permis de comprendre. C’est très gratifiant pour nous.
Antoine, lui, a été en contact avec un monsieur qui était en pleur parce qu’il avait entendu dire que son père avait fait de la résistance mais il ne savait pas comment. On a retrouvé ici un dossier complet sur ce qu’il avait fait. Ce monsieur a découvert, in situ, l’histoire de son père qui avait fait de la résistance active. Il avait enfin une réponse. Cela fait partie des choses que l’on a mis en place ici, que l’on nous ne demandait pas à la base mais que je trouve chouette avec une grande importance humaine.

Que souhaiter pour les prochaines années ?

7JàC : Cette petite équipe du musée tournée vers le passé, que peut-on lui souhaiter pour l’avenir ?
C. P : On ne vit pas dans le passé mais avec le passé… et on s’en sert pour l’avenir, on fait le trait d’union. Ce que j’aimerai ? I have a dream ! un nouveau musée plus grand. C’est aussi une demande du public. Quand on regarde les commentaires que les visiteurs laissent sur Google, c’est toujours sympa, mais il y a souvent le « dommage qu’il soit un peu petit ». Donc avis aux personnes qui auraient la possibilité de nous faire changer de locaux pour un lieu plus grand !

7JàC : Au sein de tous les musées de la métropole, celui de la Résistance arrive-t-il  à trouver sa place ?
C. P : On y arrive et tous nos collègues des autres musées sont extrêmement bienveillants avec nous car ils connaissent notre situation et nous aident régulièrement autant sur le plan logistique qu’humain… mais c’est vrai que l’on a envie de grandir et puis, on voit que le public suit si on se donne la peine d’avoir une programmation et un discours séduisant. Depuis 2018 on a réussit à pratiquement quintupler le nombre d’entrées. Cela veut dire que si l’on fait les choses correctement et qu’on arrive à saisir la demande tout en faisant un travail scientifique sérieux, ça fonctionne.

Musée de la Résistance, de l’Internement et de la Déportation, 7 place Beaulieu à Chamalières. Ouverture du lundi au samedi de 13h à 18h00. Fermeture dimanche et jours fériés.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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