Formateur et superviseur des arbitres, MIchel Ricciardelli est un homme humble et généreux. Pour 7 jours à Clermont, il revient sur une carrière qu’il continue d’entretenir et d’embellir.

Philippe Thivat : Peux-tu nous raconter tes premiers pas dans le monde du rugby ?
Michel Ricciardelli : Lors de mon arrivée en France en 1949 j’ai atterri à Arrest (Sainte-Florine) où mon père était mineur de fond dans le bassin minier. Malheureusement en janvier 1954 un accident mortel dans la mine a emporté mon papa et je me suis trouvé à 7ans, demi orphelin avec mon frère et ma sœur. Je me suis orienté vers le club de rugby de Sainte-Florine où tout a commencé pour moi.

P.T : Comment en est tu venu à l’arbitrage ?
M. R : Après avoir joué en équipe et junior et senior à Ste Florine j’ai effectué mon service militaire fin1968/janvier 1970 et j’ai trouvé du travail sur Clermont. J’ai rencontré un arbitre qui m’a conseillé de venir faire un essai et c’est comme cela que j’ai connu le Comité d’Auvergne dans les locaux de l’ASM rue Montlosier. J’ai pris ma 1ère licence en septembre 1970 comme stagiaire en régional et Fédéral en 1975 et j’ai arrêté d’arbitré en 2001 ayant atteint l’âge limite. J’ai officié jusqu’au niveau groupe B qui est la PROD2 actuelle et sifflé 1075 rencontres officielles (sachant qu’il y avait moins d’équipe et 1 seule catégorie juniors ). J’ai arbitré 4 finales, j’ai été juge de touche en1980 lors d’un match de Sélection Française contre le Japon à Clermont-Ferrand ainsi que plusieurs rencontres hors championnat entre les équipes de Brive ,Tulle, Vichy, Aurillac et l’ASM.

« Bien accompagner les jeunes arbitres »

P.T : Tu as eu aussi pas mal de responsabilités ?
M. R : De 1980/1997 j’ai été responsable de la formation des arbitres sur le secteur de Clermont- Ferrand, à la demande de la Fédération Française de rugby qui voulait recruter. J’ai crée les découvertes et les écoles d’Arbitrage en Auvergne de 2000 à 2011.

P.T : Tu es aussi très attaché à la formation et à la supervision des arbitres ?
M. R : Il faut être très vigilant avec les jeunes arbitres pour qu’ils ne subissent pas le manque de respect des joueurs, bancs et publics. L’accompagnement doit être une priorité sur toutes les rencontres de jeunes.

P.T : L’arbitrage a été très critiqué lors de la dernière coupe du monde notamment sur les réseaux sociaux. Quel est ton avis sur ce sujet durant cette compétition ?
M. R : Lors de rencontres entre jeunes, les réseaux sociaux nous font beaucoup de mal. Quand à la coupe du monde bien sur qu’ il y a eu quelques erreurs commises, mais nous avons aussi dépassé les bornes en menaçant certains arbitres et leurs familles ! Il ne faut pas tomber dans des dérives pernicieuses.

P.T : Que penses tu de l’évolution du rugby pro, féminin et amateur ?
M. R : Tout d’abord le rugby pro a énormément évolué avec un jeu plus vif et rugueux car les joueurs sont des athlètes avec un physique imposant. Le rugby féminin a fait d’énormes progrès et commence à se structurer et doit aller encore plus loin avec un professionnalisme en ligne de mire . Sur les amateurs il faut continuer dans cette voie de protection, des joueurs autour des plaquages et des rucks.

La passion de Michel Ricciardelli pour le rugby reste intacte

Philippe Thivat : L’arrivée d’une nouvelle équipe à la FFR dynamise-t-il ce sujet ?
Michel Ricciarelli : Je pense que cette nouvelle équipe FFR (avec 2 vice-présidents Auvergnats Jean-Marc Lhermet et Marion Kellin) va changer la donne en revalorisant les équipes amateurs, de Ligue et les écoles de rugby.

P.T : En Italie dont tu es originaire comment se développe le rugby ?
M. R : Je ne connais pas trop le développement du rugby Italien mais je pense qu’avec les joueurs venant en France ou ailleurs ce sport va progresser et rivaliser avec d’autre nations ( Galles , Angleterre etc..). La nation est sur le bon chemin y compris pour l’équipe féminine.

P.T : Nous te voyons toujours avec plaisir autour des terrains de rugby. La passion reste intacte ?
M. R : Ma passion pour le rugby reste et restera intacte. Je suis les matches, je vais voir et conseiller les arbitres, observer le comportement des référents officiels et je suis pour toujours supporter du rugby féminin et de l’Asm Romagnat… quelle évolution quand je pense aux 2 finales que j’ai eu l’honneur de siffler en 1978 et 1980.

P.T : Pour conclure as-tu une anecdote à nous raconter qui a marqué ta carrière ?
M. R : Mon anecdote préférée est celle de la finale de 1995 à Aurillac. Les tribunes étaient pleines de supporters des deux équipes et il y avait un commissaire et six policiers. Dès le début, le juge de touche a été la cible des supporters en lui jetant d’énormes pétards sur sa tête et sur ses jambes. Je fais signe à l’arbitre de venir de me voir ainsi qu’au commissaire de police et les deux capitaines. Je leurs dis d’aller voir leurs supporters pour qu’ils arrêtent de jeter les pétards sinon la rencontre sera arrêtée. La reprise de la rencontre se fera sans incident entraînant les félicitations des deux équipes et des dirigeants. Le bouclier fut remis aux vainqueurs et moi sans le savoir je venais de signer mon bail comme délégué superviseur dans le rugby professionnel. Plusieurs récompenses sont venues étayer mon chemin avec des médailles d’or, d’argent de vermeil de la part de la Fédération Française de Rugby et du ministère de la jeunesse et ses sports.

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