Pour Grand amour, le spectacle qui reprend le titre de son dernier album, Maissiat se fait tout à tour chanteuse de ses créations et lectrice des textes écrits ou prononcés par d’autres. Ses mélodies oniriques et ses mots intimistes croisent les paroles de Barbara ou Marguerite Duras, les correspondances entre Jean-Luc Godard et François Truffaut, celles de Pierre Bergé à Yves Saint-Laurent ou les Chansons de Bilitis, l’oeuvre mystifiante de Pierre Louÿs.
Entretien avec l’artiste…
Avec Clermont-Ferrand vous avez un lien…
Pendant trois ans et demi, je suis venue de Lyon où je vivais pour répéter à Clermont avec le groupe Subway (elle en était la chanteuse). Je me souviens de la cathédrale, un peu mystérieuse en lave de Volvic, noire, alors que j’étais habituée à des bâtiments plus lumineux. C’était assez romanesque d’autant que ces séjours à Clermont étaient pour moi comme des parenthèses, faites de musique le jour, de découverte de la ville le soir.
Musicienne…
Je compose au piano ou au clavier. Sur scène je m’accompagne parfois au clavier mais j’alterne avec des moments où je chante seulement. C’est d’ailleurs très différent. Chanter debout face au public, c’est n’être protégé de rien. D’un autre côté on prend plus de risques à chanter et jouer de la musique en même temps, ce n’est pas du confort.
Ils vous ont influencée…
C’est large mais si nous parlons de chanson française, Gainsbourg est un pilier qui me parle à tous les étages, tant pour ses textes que sa musique, mélodique, harmonique… Et puis Bashung, Sanson, Souchon. Il me semble qu’on ne cite pas si souvent Alain Souchon alors qu’il est une référence pour beaucoup de jeunes chanteurs. Et puis j’adore Brigitte Fontaine, Les Beatles, ou Bowie, à qui je reviens toujours par son album Young Americans.
Le goût des mots et votre diction, précise…
En particulier lors des lectures, je veux que les mots soient portés de la manière la plus limpide possible, qu’il soient à nu. Il faut savoir de quoi on parle. Il faut s’éloigner de soi pour se rapprocher du texte qui est plus important que soi-même. Je ne suis que médium, transmetteur entre ces mots et ceux qui les reçoivent.
Les livres, vous les aimez beaucoup…
Ils sont garants de sens. Quand on se perd dans ses doutes, la mélancolie, les livres remettent les choses à leur endroit. Ca demande d’être très concentré et je lis peu. Mais la compagnie des livres est rassurante et agréable. J’en ai autour de moi, dans mon lit…
Une lecture que vous nous conseilleriez…
J’ai découvert une auteure italienne, Goliarda Sapienza, dont j’ai lu L’art de la joie, une saga (1). C’est très bien écrit. Je ne voulais plus en sortir.
La réaction du public à cette alternance de chanson et de lecture…
La lecture se fait autour de textes qui m’ont inspirée en chanson et de textes qui font écho à mes chansons. Emportés par les textes, les chansons s’entendent différemment. Dès la première représentation, c’était fort et beau. Il se passe quelque chose pendant le spectacle. Je ne sais pas où ça va toucher mais je le sens.
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