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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

L’ombre et la mémoire

Dans nos villes, il y a les vivants et les morts. Les vivants s’agitent. Les morts reposent dans les cimetières…

C’est l’un des titres dont je suis le plus fier au long d’une carrière de journaliste qui a désormais trouvé son terme. Ce titre à la forme littéraire ? « Les allées sans retour ». Il « résumait » assez bien et joliment cette longue balade, en forme de reportage, que j’avais effectuée au sein des cimetières de la région, pour en constater tout à la fois l’état et en décrire, si possible, les atmosphères.

Compromis

Les cimetières, ces espaces qui répondent, selon nos sociétés, à une problématique cruciale : comment consacrer des lieux décents aux défunts, afin que les vivants y exercent leur « devoir » de mémoire sans que la mort ne devienne trop encombrante, trop présente, trop envahissante ? Sans qu’elle ne fasse de l’ombre au quotidien ordinaire ? Les hommes ont donc inventé ces lieux de compromis où les morts voisinent avec leurs semblables, des parcs sépulcraux au sein des villes  comme des oasis funèbres, protégés par des murs. Pour ne pas trop voir sans ignorer tout à fait…

Havres de paix

Les cimetières constituent en tous cas des espaces à part, surtout lorsqu’ils se situent au milieu des cités. Des havres de paix, en quelque sorte, délivrés de l’agitation urbaine, de l’effervescence contemporaine, où l’esprit peut assez vite relativiser les turpitudes quotidiennes, où la mémoire s’éveille volontiers, éloignant pour un temps téléphones portables et autres smartphones, symboles d’un asservissement à la technologie, à l’instantanéité et à l’organisation sociale. Rien de tout cela dans les allées paisibles d’un cimetière où l’on ne risque (pas trop) d’effectuer de mauvaises rencontres, même si les serial killers, eux aussi, de nos jours, ont droit à une tombe. Un vagabondage au pays des morts, au milieu des arbres et des fleurs fanées, du chant des oiseaux, du marbre et  des ornements funéraires, c’est échapper à ses tracas et tendre peut-être vers l’essentiel, dans une apaisante confusion entre passé et présent.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Je sais bien que nous sommes passés à l’automne, mais enfin ce n’est pas un sujet très guilleret que vous nous proposez là…
    Vivement la semaine prochaine ! 😉

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