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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

L’impasse sanitaire

La population française sera donc coupée en deux, cet été. Certains d'entre nous pourront aller où bon leur semble, d'autres se verront écarter de toute vie sociale. Décision de bon sens ou discrimination intolérable ? Là encore, les camps s'opposent.

Il l’avait juré, craché, en montant sur ses grands chevaux, l’air de dire « pas de ça chez moi, pas de ça avec moi… »  C’était le 29 avril dernier, il y a tout juste quelques semaines. « Le pass sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie les Français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants, théâtres et cinémas » affirmait alors Emmanuel Macron. Comme si celui qui nous avait enfermé, soumis au couvre-feu et affublé d’un masque se révélait soudain un défenseur convaincu des libertés.

Rompre l’égalité pour inciter

Mais que pèsent les grands principes face à la menace d’un variant ? Et que vaut, de nos jours, la parole d’un Président de la République ? Cédant une fois encore à la pression des ayatollah du tout sanitaire, le Chef de l’Etat, garant de l’unité de la nation, a finalement décidé de diviser les Français en deux camps sous prétexte « d’incitation maximale ». Les « bons » pourront jouir presque normalement de leurs vacances; les autres se verront interdire un grand nombre d’activités et de lieux, restaurants, cafés (y compris les terrasses …), centres commerciaux, trains, avions, hôpitaux, maisons de retraite… Et pour séparer le bon grain de l’ivraie, voici donc le fameux pass sanitaire. Celui qui donne droit ou frappe d’indignité.

En attendant l’avis du Conseil Constitutionnel

Un Français sur deux devrait donc être banni ou reclus cet été. Une forme de discrimination que l’eurodéputée verte Michèle Rivasi a qualifié « d’apartheid au pays des droits de l’homme » tandis que Marine Le Pen évoquait une « brutalité indécente ». Pour être entérinées, ces mesures-choc devront être présentées avant la fin du mois devant l’Assemblée Nationale où, bien entendu, elles seront adoptées comme une lettre à la poste. Reste toutefois l’écueil, plus aléatoire du Conseil Constitutionnel. Professeur de droit public à l’Université Grenoble Alpes, Serge Slama pointe ainsi le risque d’ « une rupture d’égalité » entre les 36 millions de Français doublement vaccinés et les « 30 millions qui vont être écartés de facto ». Il évoque un « problème de constitutionnalité » en raison de décisions « disproportionnées attentatoires à plusieurs libertés fondamentales. » D’autres juristes rappellent, en revanche, que la protection de la santé publique est un objectif inscrit dans la constitution.

Question de point de vue. Si l’on voit mal, les sages du Conseil Constitutionnel s’opposer purement et simplement au gouvernement à quelques mois des élections, il pourrait toutefois lui demander de revoir sa copie. Ne serait-ce que pour laisser davantage de temps aux « non vaccinés » de se mettre en conformité. Une façon de ménager la chèvre et le chou et de sauver les vacances et les apparences…

 

 

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Ce qui est étonnant dans cette pandémie, c’est que l’on a privilégié les personnes dites ‘fragiles’ (les personnes âgées), puis le gouvernement a réparti les doses en fonction des âges.
    Or, et sans être un spécialiste, la cohérence aurait voulu qu’après nos aînés, les autorités publiques prennent soin des personnes dites ‘à risques’ – ceux présentants des cas de morbidités.
    Alors, imposer le vaccin à une partie de la population sous prétexte que le variant pourrait faire de nouvelles victimes, c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité.
    Quand en plus, certains préfêts et maires imposent de nouveau le port du masque, on se dit que vacciné ou non, deux ou trois doses déjà dans le corps, les restrictions continuent…
    Ce qui veut dire, qu’il faudra bien vivre avec ce virus. Et quand je dis ‘vivre’, c’est bien pour cela que nous avons un système immunitaire jusqu’à preuve du contraire, non ?!

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