Je ne supporte pas les bouchons. Sauf, de temps en temps, ceux des bouteilles de champagne. Attendre à la caisse d’un hyper-marché m’est déjà particulièrement pénible. Mais que dire de ces longues files de véhicules qui font du surplace, pare-chocs contre pare-chocs, à la périphérie d’une ville ou, pire, au péage d’une autoroute. Je n’en supporte pas l’idée- même. Elle me déprime. Dans mon esprit probablement tordu, et définitivement rebelle, il n’y a de pire week-end que celui où, au cœur de l’été, se croisent les automobilistes qui partent en vacances et ceux qui retournent vers leurs cités, le teint hâlé et l’âme en peine. Ces derniers portent déjà le deuil de leurs congés et le lourd fardeau de ce qui les attend. Une année supplémentaire de métro-boulot-dodo.
Tsunami
Ce mouvement de va et vient massif, ce colossal déplacement de véhicules, dans une même vague en forme de tsunami, donne à réfléchir sur l’organisation de notre société et sur le comportement de nos contemporains, prêts à affronter les pires désagréments routiers pour ne pas perdre un jour de villégiature. Et en voiture Simone…
L’ami fidèle
Il y a bien-sûr le compagnon fidèle de cette transhumance estivale. Celui qui donne des conseils lorsque votre embrayage est prêt à rendre l’âme, que le moteur surchauffe et que les nerfs sont à rude épreuve au beau milieu des kilomètres de bouchons. Celui qui vous conseille un itinéraire bis lui-même bloqué depuis des heures et vous rappelle qu’une halte régulière est indispensable. Ce compagnon porte le nom délicat de « Bison Futé », allez comprendre pourquoi, sauf à considérer que les automobilistes sont définitivement des enfants du niveau de la CM2… Bison Futé est donc là, le cher et brave, qui veille sur nous et prodigue ses conseils éclairés et désintéressés. Et, pour l’assister, les pouvoirs publics délèguent des bataillons de gendarmes et autres policiers, prêts à cheviller le cas échéant. Tout va bien sur la France, il fait beau, il fait chaud, les bouchons foisonnent, les forces de l’ordre se déploient, les voies de circulation sont saturées, les sociétés autoroutières encaissent à tire-larigot. Quant à Bison Futé, il est cet indispensable ami qui vous veut du bien.
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