Il y a un an, Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et Carole Delga, présidente de la Région Occitanie avaient lancé un appel conjoint à l’État, pour lui demander de reconsidérer à la hausse les investissements ferroviaires pour la ligne de l’Aubrac. Au printemps 2023, le ministre délégué aux transports de l’époque, Clément Beaune, avait de son côté, montré une sorte de pessimisme à propos d’un tronçon long de 26 km entre Neussargues dans le Cantal et Saint-Chély-d’Apcher en Lozère où par endroit les rails accusent près d’un siècle d’existence. La fermeture de ce petit tronçon, pour le moins délaissé par la SNCF ces dernières années, aurait été fatale pour la liaison Clermont-Bézier.
43 millions d’investissement dont 91,5% financés par l’État
Cet appel des deux présidents, mais aussi une action plus ancienne qui avait mobilisé pas moins de 200 collectivités ont porté leurs fruits puisqu’un chantier de 43 millions d’euros a enfin débuté au printemps, pour un renouvellement total des voies de ce tronçon. L’État en finance 91,5 %, SNCF Réseau les 8,5% restant. Si l’État a finalement décidé de mettre la main à la poche, c’est parce que cette ligne permet de faire rouler des TET, les fameux Trains d’Équilibre des Territoire, une catégorie dans laquelle sont aussi classées les lignes Paris-Clermont et Paris-Toulouse via Limoges, qui, elles aussi, souffrent cruellement des sous-investissements chroniques depuis le développement du programme TGV.
La ligne d’Aubrac indispensable à l’économie locale
À l’heure actuelle, l’Intercités Aubrac est l’unique train de voyageurs à circuler d’une extrémité à l’autre de la ligne. Faute de travaux sur le tronçon concerné, elle aurait tout simplement disparu comme bon nombre de lignes considérées comme secondaires sur le réseau ferré français. Mais en plus du trafic voyageurs entre Clermont-Béziers, la ligne d’Aubrac se montre indispensable pour l’économie de la Lozère. C’est en effet par rail que l’usine ArcelorMittal est approvisionnée, 4 jours par semaine, en bobine d’acier, un transport spécifique inenvisageable par la route. Cette usine qui emploi plus de 200 personnes auxquelles s’ajoutent une centaine de sous-traitants a bénéficié de 150 millions d’investissements durant la dernière décennie pour sa spécialisation dans la production d’aciers destinés à la production de voitures électriques. Les besoins de cette industrie ont vraisemblablement poussé l’État à investir pour maintenir une liaison menacée de fermeture depuis les années 90.
Bientôt de nouvelles liaisons TER ?
Les travaux qui vont permettre de remonter la vitesse des trains ouvrent également la question des dessertes voyageurs indispensables à la transitions écologiques et au développement du territoire. Les quelques TER de la région Occitanie qui remontent en direction du Massif central ne vont pas au delà de Saint-Chély-d’Apcher. La rénovation de la ligne pourrait donc permettre de repousser leur terminus à Neussargues, avec des correspondances pour Aurillac, Brive et Clermont. Mais il appartiendra à la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a la compétence TER sur ce secteur, de se positionner sur une nouvelle offre.
Quoi qu’il en soit le chantier, va durer jusqu’à octobre 2024. Il sera livré quelques jours après le 140e anniversaire du Viaduc de Garabit, le 21 septembre, qui justifie à lui seul que la ligne soit maintenue.
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