Nul ne sait si la vague verte constatée lors des dernières municipales traduit une lame de fond ou si elle restera un épisode sans véritable lendemain. A coup sûr, tout de même, reflète-t-elle une véritable préoccupation des Français pour « leur » environnement. Préoccupation justifiée au regard de l’état désastreux de la planète.
L’Amazonie, poumon de la planète, brûle, les espèces animales disparaissent les unes après les autres, les mers sont de gigantesques poubelles, les rivières sont saturées de pesticides et autres produits chimiques, les glaciers fondent, l’urbanisation se propage et la démographie humaine explose. Une liste évidemment non exhaustive qui augure plutôt mal des années à venir. Le retour des néonicotinoïdes tueurs d’insectes, confirmé par l’assemblée nationale la semaine dernière, est, par exemple, révélateur du faible intérêt porté par les responsables politiques à la biodiversité.
Gaffes à gogo
Pas sûr, pour autant, que les nouveaux élus verts soient les meilleurs ambassadeurs de leur mouvement tant certains d’entre eux ne sont pas avares de gaffes et autres maladresses tandis que leur leader au plan national, Yannick Jadot fait preuve de davantage de mesure et de discernement. Il est sans doute plus fin politique… Critiquer le Tour de France lorsqu’on est maire de Lyon, c’est méconnaître profondément l’attachement de nos concitoyens pour ce monument intangible. Et que dire de la querelle bordelaise des sapins de Noël, sinon qu’elle ne sert à rien, sauf à discréditer son auteur.
Petit bout de la lorgnette
Les verts enfourchent volontiers leur cheval de bataille, s’ils répugnent à se mettre en danseuse. Leur truc, c’est donc le vélo en ville, susceptible de désengorger et de « désintoxiquer » les centres urbains. Un moyen de locomotion « safe » qu’ils opposent à la voiture individuelle, désormais taxée de tous les vices. La question n’est pas anecdotique mais elle ne saurait à elle seule concentrer l’ensemble des problématiques environnementales. Pas même, d’ailleurs, pour le seul domaine du transport où on les entend moins vociférer contre les dizaines de milliers de poids lourds qui sillonnent, chaque jour, les routes françaises. Cette façon de regarder le monde par le petit bout de la lorgnette traduit bien l’ancrage du parti vert dans la société. Son électorat provient avant tout des centre-villes et on pourrait même le qualifier de « bobo urbain ».
S’ils veulent franchir le pas et peser véritablement lors des scrutins nationaux, les responsables d’Europe Ecologie Les Verts auront besoin d’élargir la cible et de convaincre de nouvelles catégories de population, sans doute moins privilégiées. A eux de leur ressembler un peu plus… Devant l’urgence de la situation, l’écologie se doit sans doute d’être radicale ; elle devra aussi éviter d’être ridicule.
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