Il fut le parti dominant, omnipotent, héritier de De Gaulle. Le parti des Pompidou, Chirac, Sarkozy, tous devenus présidents de la République. Tour à tour appelé UNR, UDR, RPR, UMP puis Les Républicains, au gré des épisodes et des personnalités, il ressemble désormais à un mastodonte en décomposition, un colosse frappé d’une longue et incurable maladie. Décrépitude d’un mouvement politique puissant, fier et parfois arrogant qui a écrit une partie de l’histoire de la Ve République, du haut de ses certitudes.
De querelles de personnalités en quasi-sabordage, de luttes intestines en primaires mal négociées, d’affaire Fillon en leadership contesté, les Républicains semblent avoir tout fait pour mériter leur sort. Et cela jusqu’à la grande débandade des européennes. Le pauvre François-Xavier Bellamy, tête de liste improvisée, n’y pouvait certainement rien…
La stratégie de la désintégration
Dans la réalité, les Républicains doivent beaucoup de leurs malheurs à Emmanuel Macron et à sa stratégie de désintégration du paysage politique aussi bien sur sa gauche- des socialistes laminés, éparpillés façon puzzle- que sur sa droite. Éliminer, désintégrer pour tenter de recomposer et pourquoi pas de rassembler. Et se retrouver ainsi inévitablement face à Marine Le Pen, adversaire à sa portée si l’on en croit la simple arithmétique politique. Une formule qui a déjà fait ses preuves en 2017 et que le chef de l’Etat s’efforce d’entretenir dans la perspective de 2022, la seule qui l’intéresse aujourd’hui.
Apparemment, un grand nombre d’élus de droite ne lui en tiennent pas (ou plus) rigueur à l’image de ces 72 maires qui, au lendemain des européennes, lui ont affirmé leur soutien dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche. Comme une soumission au souverain… Prise de position qui eut été plus crédible, plus respectable et courageuse si elle s’était manifestée avant même la débâcle. « Finalement, il y a peu de différence entre notre vision et celle du Président de la République » expliquent-ils aujourd’hui en chœur, fustigeant au passage les errements de la « droite traditionnelle ». Que ne s’en sont-ils pas rendus compte avant ? A un an des municipales, l’urgence est évidemment de préserver ses chances, coûte que coûte… Qu’importe la bannière pourvu que le fauteuil soit sauvé.
Les valeurs ou l’économie
C’est une évidence : rien ne ressemble moins à un « conservateur », épris de valeurs et de sens moral, qu’un libéral, obsédé par l’économie. Difficile de faire cohabiter durablement ces deux visions sociétales au sein d’un même ensemble dans le contexte de l’extrême mondialisation. Les Républicains en font aujourd’hui l’amère expérience. Et de se déchirer autour d’une ligne politique confuse et fluctuante.
Pendant que Nicolas Sarkozy ronge son frein, Emmanuel Macron se frotte les mains. Sa défaite aux européennes (une courte tête derrière le Rassemblement National) est déjà oubliée. Et son premier ministre souffle. En dépit des événements, il conservera son portefeuille. Le fusible n’a pas sauté…
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