L’écrin intimiste du Valet de Coeur, niché dans la minuscule rue Antoine d’Auvergne, ne suffisait peut-être pas à Monsieur Jean-Baptiste Poquelin…Le théâtre de Molière, il est vrai, est habitué aux grands amphithéâtres, où la foule se bouscule, à la recherche des effets comiques et du grand spectacle. Après plusieurs représentations données au Théâtre de poche, au sein duquel les spectateurs peuvent presque toucher les comédiens, Le Médecin malgré lui s’en ira prescrire une thérapie par le rire, l’insolence et les « bons mots » à l’Opéra Théâtre de Clermont, mercredi 7 novembre. Au sein du public, lycéens et collégiens devraient être nombreux…
Une imparable mécanique

Sganarelle n’est pas seulement roué. A ses heures, il abuse de la bouteille et n’hésite pas à battre sa femme. Celle-ci imagine alors un stratagème, faisant passer son mari pour un médecin doué et capable de prouesses étonnantes. Ce qui l’amènera tout droit dans la demeure d’un gentilhomme, soucieux de la guérison de sa fille, frappée d’un mutisme aussi soudain que préoccupant. La mécanique du Médecin malgré lui est en place, elle s’enclenche sans la moindre fausse note et se révèle intemporelle et imparable. Metteur en scène du spectacle pour Le Valet de Cœur, Jean-Yves Lenoir insiste sur non seulement sur l’habileté du texte, la richesse de la langue mais aussi la peinture sociale. « Le Médecin malgré lui est bien entendu une farce, on rit, il y a des coups de bâtons. Mais c’est aussi un reflet remarquable de la société de l’époque, celle des petites villes, des villages, allant des nobles jusqu’au SDF, en passant par l’intendant ou les serviteurs. » Donnée pour la première fois au Théâtre du Palais Royal, le 6 août 1666, la pièce met à la fois en lumière la misogynie, les grivoiseries et les pratiques médicales au XVIe siècle. Avec cette légèreté, cette ironie, cet art de croquer propre à Molière. Et l’air de rien, elle donne aussi le beau rôle aux femmes, à travers un personnage qui tire les ficelles, prend sa revanche et, finalement, impose sa loi.
Sur une vaste scène
En septembre dernier, Le Valet de Cœur « exportait » son Médecin malgré lui à Annecy, lors du festival Sur un plateau. L’Opéra Théâtre de Clermont se dresse désormais à l’horizon. « Par rapport à nos représentations au Théâtre de poche, il convient de réadapter le jeu, d’agrandir la mise en scène. Chez nous, nous jouons entre des murs, à l’opéra, la scène est vaste. C’est un exercice différent. Mais ça n’est pas tout à fait nouveau puisque nous avons interprété la même pièce, l’an passé, devant 500 personnes » explique Jean-Yves Lenoir qui loue les qualités de l’opéra clermontois. « Le lieu est beau, offre une excellente sonorité et permet une certaine proximité avec le public, surtout celui du parterre et du premier balcon. » Le décor est planté: il va bien à Molière…
Mercredi 7 novembre à l’Opéra Théâtre de Clermont. Réservations au 04-73-91-20-66; valet.de.coeur@wanadoo.fr; http:theatre.valetdecoeur.fr (Le Valet de Coeur jouera également Le Médecin malgré lui les 2 et 9 novembre à 20h30, rue Antoine d’Auvergne).

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