Il y a bien-sûr Sganarelle. Nom récurrent dans l’oeuvre de Molière. Il est ici un bûcheron ivrogne, violent et facétieux que son épouse veut faire passer pour un médecin fou. Il y a aussi Géronte, un homme d’âge, un gentilhomme désireux de guérir sa fille, frappée d’un mutisme soudain. Les deux, bien-sûr, se rencontreront… Les éléments se mettent en place; les ingrédients s’ajoutent. On peut compter sur Molière pour y apporter les facéties, la fantaisie, le subtil mais aussi un regard pertinent, lucide et sans la moindre concession sur la société qui l’entoure. Ainsi l’imparable mécanique du Médecin malgré lui, qui tend à la farce, se met-elle en place. Le plus remarquable, peut-être, est qu’elle fonctionne sans la moindre faille depuis le 6 août 1666, date de la toute première représentation de la pièce au Théâtre du Palais Royal. Le texte de Molière, à sa façon, dénonce le charlatanisme, se moque de la crédulité, égratigne la religion. « En plus de tout cela, il y a aussi une femme qui tient bon, qui impose sa loi. A sa façon, Le Médecin malgré lui est déjà une aventure féminine » souligne Jean-Yves Lenoir, le metteur en scène.
Le rire et le langage
L’oeuvre de Molière traverse le temps, sans le moindre essoufflement. C’est probablement parce que, au-delà de l’habileté du texte, elle touche à la psychologie des individus et aux ressorts de la comédie humaine. Le Valet de Coeur, en tous cas, ne se lasse pas d’une étroite relation avec l’auteur. Il y eut ainsi L’Avare (joué au Musée Carnavalet à Paris), Georges Dandin (interprété au Festival international de Hronov) ou encore Le Mariage forcé/ L’amour médecin (présenté successivement au Festival d’Avignon, à Paris lors du Festival 13 et encore au Festival de Saint-Louis). Créé en 2017, Le Médecin malgré lui voyagera également dans le sillage de la compagnie clermontoise et rejoindra les rives du Lac d’Annecy pour une représentation donnée en clôture du Festival Sur un plateau, dimanche 23 septembre après deux soirées données au Théâtre de poche de la rue Antoine d’Auvergne. « Jamais, peut-être, Molière n’a-t-il aussi bien manié la langue française que dans Le Médecin malgré lui. Depuis le paysan arriéré du XVIIe siècle jusqu’au notable pratiquant un très beau langage, il y existe ainsi toutes les couleurs de vocabulaire. Sur ce plan aussi, la pièce est vraiment riche et foisonnante » souligne Jean-Yves Lenoir.
Quatre chapitres
Le Valet de Cœur débute ainsi sa saison avec Molière. Une année qui s’écrira en quatre grands chapitres. Avant Noël, la compagnie reprendra Love Letters de Gurney, une pièce qu’elle n’a plus jouée depuis sept ans. En avril, reviendront Les choéphores d’Eschyle, tragédie interprétée pour la première fois il y a quelques mois. Entre-temps, fin janvier et début février, ce sera l’heure de la création de la saison, L’insoumise de Robert Poudérou, une pièce inédite, consacrée à Flora Tristan, femme de lettres du XIXe siècle qui fut aussi une féministe convaincue. Quatre grands chapitres pour une année théâtrale, comme autant de saisons…
Les 14 et 15 septembre, les 2 et 9 novembre à 20h30 au Théâtre du Valet de Coeur, 8 rue Antoine d’Auvergne; le 7 novembre à 20h30 à l’Opéra Municipal de Clermont. Tél: 04-73-91-20-66; valet.de.coeur@wanadoo.fr; http:theatre.valetdecoeur.fr
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