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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Législatives : de la dissolution au chaos ?

En décidant de nouvelles élections législatives précipitées, le président de la République n’a-t-il pas joué au pyromane plutôt que de rechercher l’apaisement ?

Qui sème le vent récolte la tempête. Le chef de l’Etat n’aura qu’à s’en prendre à lui-même si le 7 juillet, au soir des élections législatives qu’il a provoquées, le ciel lui tombe sur la tête. Un scénario devenu probable. Depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron n’a eu de cesse de réduire en cendres le paysage politique, de briser les partis modérés, de les hacher menu, les tailler en pièces pour mieux s’ériger comme le seul et unique recours, la seule solution raisonnable.

Extrême radicalisation

Le macronisme se voulait exemplaire en matière de compétence et de pragmatisme. Or, la vérité est qu’aujourd’hui tous les clignotants sont au rouge. Même la situation économique et financière, supposée être son domaine d’excellence, se révèle sérieusement dégradée. L’inaction, le laxisme, le « en même temps », mêlés à beaucoup d’arrogance et un peu d’aveuglement, nous ont finalement menés au bord du chaos. Dans une France qui n’a jamais aussi été aussi divisée, fracturée, radicalisée comme en témoigne les manifestations organisées un peu partout en France, samedi dernier.

Suicide mode d’emploi

La  dissolution précipitée est comme le coup de grâce porté au « macronisme » par son propre géniteur. Mais il entraîne aussi le pays entier dans une situation périlleuse. Non que le recours à la démocratie soit critiquable après un échec électoral, bien au contraire, mais c’est le calendrier choisi qui se révèle inconséquent voire irresponsable. En tentant de sauver les meubles, ou de relever la tête, l’impopulaire président en fonction va probablement provoquer le hara kiri de son parti « Renaissance ». Et plus personne, cette fois, ne viendra à sa rescousse.

Des lendemains incertains

Coincé entre deux blocs durs et remontés, annoncés au coude à coude, le ventre mou, usé par sept années de pouvoir, peut en effet difficilement apparaître comme une alternative aux yeux d’électeurs lassés par les atermoiements du pouvoir. Le pays, lui, risque de payer la facture de cette dissolution. Quels que soient les résultats des prochaines élections, qu’une majorité se dégage ou non, on voit mal comment la France sera gouvernable dans un paysage institutionnel explosé. Cet imbroglio politique restera l’héritage d’Emmanuel Macron, un président de plus en plus seul.

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

2 Commentaires

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  • Complètement d’accord avec toi, Marc. Hors-sol et dans le déni de sa déculotée personnelle aux européennes, notre président immature a décidé, seul, d’en faire porter le chapeau à des députés d’autant plus dépités qu’ils n’étaient nullement concernés par le scrutin. Cet enfant gâté capricieux ne mériterait-il pas une nouvelle punition électorale, qu’il aurait amplement cherchée ? Spectateurs et bientôt acteurs – à l’insu de leur plein gré ! – de ce mauvais film, les Français, eux, mériteraient juste d’être respectés et gouvernés dignement…

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