7 Jours à Clermont a pu embarquer à bord d’une cabine de tramway. Une invitation lancée par le SMTC, T2C et Clermont Auvergne Métropole pour se rendre compte “in situ” de ce que vivent les conducteurs, à savoir un niveau de stress et de crispation encore jamais atteint. Il est généré par les comportements “à risque” d’usagers qui n’ont rien à faire là, certes, mais qui manquent parfois d’alternatives…
“Le phénomène s’est compliqué avec l’arrivée des téléphones portables et a explosé avec les livreurs à vélo” observe Romain Cusco, conducteur et élu CGT à T2C, qui tire la sonnette d’alarme. “Si un accident grave devait se produire, certains conducteurs pourraient faire valoir leur droit de retrait” prévient-il.
6.000 comportements “inappropriés” par jour

Entre 2008 et 2017, le nombre de collisions sur l’ensemble de la ligne A a progressé de 30 % voire 127 % avec les cyclistes. Sur la même période, le nombre de victimes graves a presque doublé. La portion située entre Maison de la Culture et 1er Mai, via la place de Jaude, est la plus sensible. Plus de 6.000 comportements jugés “inappropriés” y sont constatés quotidiennement. L’arrivée de nouvelles rames ne va sans doute pas arranger les choses…
Didier Kempin, conducteur du tram, a failli renverser un cycliste inattentif devant la Maison de la Culture il y a quelques jours. Heureusement, l’accident a été évité de justesse. “Avec 200 passagers à l’arrière, le choix est compliqué à faire. Est-ce que je dois me mettre debout sur les freins au risque de faire tomber 10, 20 ou 30 personnes ? Là, ça s’est bien passé. Mais ce n’est pas toujours le cas.”
Ces mauvaises pratiques, les conducteurs n’en peuvent plus. Le pire, ce sont les usagers qui téléphonent en pédalant ou écoutent de la musique sans faire attention à rien. “Un tram, c’est 40 tonnes à arrêter. Comment on fait quand quelqu’un nous coupe la route ? On ne peut pas toujours anticiper. Si la voie de tram est interdite, c’est parce qu’il y a de graves dangers. C’est un véhicule lourd, avec très peu de visibilité et beaucoup d’inertie” rappelle Romain Cusco.
Le niveau de tension est tel que les syndicats ont alerté leur hiérarchie au mois de juin. Preuve que le sujet est pris très au sérieux, une grande campagne de communication est lancée afin de rappeler aux uns et aux autres que la voie du tram est exclusivement réservée… au tram. Et qu’il faut redoubler de vigilance à son approche. Y circuler dessus ? C’est “pas juste une fois”, c’est “ juste jamais” martèle ce message préventif, qui s’adresse à tous les usagers.
“Nous ne sommes pas anti-cyclistes, au contraire”
Sur les 55 accidents ou quasi-accidents recensés en 2018, 12 “seulement” (mais c’est déjà trop !) impliquaient des deux-roues motorisés et des vélos, loin derrière les piétons et les voitures. Pourtant, les cyclistes sont bel et bien au centre des discussions. Il est vrai que leur nombre explose à Clermont-Ferrand. Sur une seule course, les conducteurs peuvent en compter une quarantaine “en situation gênante.”
Les chauffeurs de T2C réfutent l’étiquette “anti-cycliste” qu’on veut parfois leur coller. Au contraire, ceux que nous avons rencontrés sont les premiers à défendre la création de pistes cyclables dignes de ce nom, y compris aux abords des futures lignes structurantes B et C. Ils demandent d’ailleurs à être associés aux discussions. “Nous voulons que les cyclistes aient leur espace, qu’ils se sentent en sécurité.”
C’est l’un des enjeux du schéma cyclable métropolitain, censé repenser un réseau clermontois morcelé, dangereux et mal conçu ; à l’origine de certaines mauvaises pratiques évoquées ci-dessus. Pour corriger le tir, 31 millions d’euros seront investis sur ces questions jusqu’en 2028. Du jamais vu à Clermont-Ferrand. La prévention c’est bien, des infrastructures adaptées à toutes les mobilités, c’est encore mieux…
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