Le muséum Henri-Lecoq a ouvert ses portes pour la première fois en 1873 et fête donc, cette année, son 150e anniversaire. Plus vieux musée de la métropole clermontoise, il traite de la thématique de la diversité du vivant, des principes évolutifs et de l’histoire de la vie sur terre. Il se positionne également comme un véritable lieu de médiation scientifique.

Un nouvel espace paléontologique

Pour fêter dignement ses 150 printemps, le muséum invite le public à découvrir son tout nouvel espace consacré à la paléontologie, un espace qui a nécessité 4 ans et demi de conception et dont la scénographie n’est pas sans rappeler le Nautilus de Jules Verne. L’équipe du muséum Henri-Lecoq, des scientifiques, des paléoartistes, des graphistes, des scénographes et autres entreprises spécialisées ont contribué à la création de l’espace qui retrace la diversité du vivant de manière chronologique. Un focus particulier est mis sur l’ancien bassin de Bourbon l’Archambault, sur l’histoire paléontologique de la Limagne et sur l’évolution des oiseaux, descendants des dinosaures.

Mickaël Le Bras, directeur du  muséum Henri-Lecoq : l’image est un bon vecteur de vulgarisation

7 Jours à Clermont : Comment est la vie d’un musée qui fête ses 150 ans ?
Mickaël Le Bras : C’est une vie très riche, composée de périodes un peu ensommeillées et de périodes plus actives, comme cela est expliqué dans un livre sur les 150 ans qui va paraître. L’histoire a beaucoup accéléré dans l’après guerre et même à partir des années 80/90 où de nouvelles dynamiques ont été impulsées au musée. Il a une belle histoire, de riches collections, il fait honneur au territoire et va entamer un certains nombre de transformations ces 10 prochaines années. 

7JàC : L’espace paléontologique existait déjà au muséum, pourquoi l’avoir transformé ?
MLB : Nous souhaitions renouveler les thèmes, la scénographie, mais aussi le discours et donner plus de place à l’image. L’espace présente désormais de belles illustrations et fresques. Je suis persuadé que l’image est un bon vecteur de vulgarisation parce qu’elle parle à tous les âges, que l’on soit en maternelle, adulte ou âgé. Cela nous permet de faire résonner nos pièces fossiles et nos reconstitutions en 3D.

7JàC : Le moment était venu de le faire ?
MLB :  Nous y pensions depuis de nombreuses années, et nous avons décidé de nous retrousser les manches parce que c’était le bon moment. Le musée est dans un phase de transformation, il fête des 150 ans et ce nouvel espace est une sorte de point d’étape qui permet de montrer ce que nous sommes en capacité de faire. Le projet a mobilisé entre 70 et 80 personnes. Nous nous sommes appuyé sur le travail d’une trentaines de chercheurs et chercheuses, sur une dizaine de paléoartistes, sur des entreprises pour la scénographie et la mise en peinture ou l’électricité.

7JàC : Vous avez souhaité donner un caractère local à l’espace ?
MLB : Nous proposons une reconstitution de ce qu’était la Limagne il y a environ 23 millions d’années. Nous avons une belle fresque qui montre un environnement qui fait penser à la Louisiane ou à la Floride avec une faune à la fois très proche de nous et très éloignée. On pense aux faunes latino-américaines ou africaines avec plusieurs espèces de rhinocéros, des crocodiliens, des tortues apparentées à celles que l’on trouve au sud de l’Amérique du nord.

Un muséum tourné vers l’extérieur

7JàC : L’idée est d’avoir un muséum ouvert sur l’extérieur ?
MLB : Oui, nous travaillons aussi avec la communauté éducative et le monde culturel car notre mission essentielle est de vulgariser les sciences, certes de protéger notre patrimoine, mais d’être aussi des passeurs de science. La paléontologie est une discipline qui plaît beaucoup aux enfants, qui agite beaucoup l’imaginaire et nous savons que c’est une belle entrée pour faire passer certains messages. Nous souhaitons mettre les enfants en capacité d’approcher ce que l’on appelle le « doute raisonnable » ou l’esprit critique dans une démarche scientifique.

7JàC : Est-il de plus en plus important de vulgariser la science ?
MLB : Des études montrent que l’adhésion des jeunes à la science est en perte de vitesse depuis les années 50. Elle génère beaucoup d’angoisse beaucoup d’appréhension pour des questions liées à la dégradation de l’environnement, à la santé. La science n’est pas forcement là pour nous donner un curseur éthique mais elle est principalement là pour aiguiser l’esprit.

7JàC : La science est-elle un rempart face aux croyances ?
MLB : Je pense qu’elle nous protège du risque que peuvent manifester certaines croyances. Aujourd’hui on voit fleurir ce que l’on appelle les pseudos sciences, les pseudo-médecines et il est important de faire le distingo et d’avoir conscience de ce qui relève des nos propres croyances, qui peuvent d’ailleurs être légitimes et de ce qui est scientifique. La science n’empiète pas sur la croyance, mais il y a ce qui relève de la science, il y a des réalités que l’on appréhende à travers la science et enfin il y a des résultats scientifiques qui doivent ouvrir sur la confiance.

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