La société Railcoop qui a levé 7 millions d’euros, dont 5 millions de capital, est à ce jour, l’une des plus grandes SCIC de France avec 12 000 sociétaires. Elle vient de préciser les raisons pour lesquelles son Conseil d’Administration a décidé d’annoncer le report du lancement de sa 1ère ligne voyageurs entre Lyon et Bordeaux via Gannat. Alors que la mise en service était prévue pour décembre 2022, il conviendra d’attendre encore quelques mois pour voyager autrement. La direction de Railcoop ne souhaite pas aujourd’hui annoncer de calendrier prévisionnel pour deux raisons essentielles. La première est financière, le tour de table pour lancer la ligne n’est pas encore bouclé. Même si l’idée d’exploiter une ligne abandonnée depuis 10 ans par la SNCF séduit, lorsqu’il s’agit de mettre la main à la poche, les banques et les institutions se montrent un tantinet frileuses. De plus la crise Covid a montré qu’une entreprise pouvait perdre très facilement de l’activité ce qui nécessite un fond de roulement important. Selon Nicolas Debaisieux, directeur général, l’ouverture à la concurrence a été pensée pour les poids lourds du ferroviaire, pas pour les nouveaux acteurs comme Railcoop qui doivent se démener pour apporter des garanties. La seconde raison du retard annoncé est technique, la rénovation des rames n’ayant pas encore débuté.
Le choix des X 72500
Railcoop a fait le choix d’acquérir du matériel d’occasion disponible plus rapidement que du neuf (disponibilité 4/5 ans) et à l’impact carbone finalement relativement réduit. Nicolas Debaisieux a bien entendu les doutes émis sur les X 72500 qui ont mauvaise réputation, mais explique que le choix est finalement contraint. Entre Lyon et Bordeaux, il n’y a pas d’autres solutions que d’utiliser du matériel diesel, et sur le marché de l’occasion, l’offre est très limitée. Malgré tout, la SNCF a fiabilisé les rames durant leur exploitation. Elles feront l’objet d’une grosse révision et d’une mise à niveau durable. La question du choix du prestataire se pose également. Les négociations sont encore en cours. Evidemment à Clermont, on aimerait bien que les rénovations aient lieux sur le site historique des ACC M. Quoi qu’il en soit, la première rame devrait entrer en atelier dans les prochaine semaines. Elle servira à établir un cahier des charges techniques et une approche financière précise pour les suivantes.
Le fret pour financer le développement
Railcoop a lancé sa ligne régulière de fret à l’automne dernier sur une zone situé au nord/nord-est de Toulouse. Les deux locomotives et les 25 wagons ont déjà fait 60 rotations sans encombre entre Toulouse et Decazeville, à raison de trois aller-retours hebdomadaires. Pour l’instant le modèle économique de cette ligne n’est pas totalement stabilisé mais les contrats en cours de négociation devraient permettre d’atteindre les objectifs de l’année. Si les premiers clients ont été séduits par la démarche écologique de Railcoop, l’envolée actuelle du prix du carburant favorise de nouveaux contrats, le train devenant de plus en plus compétitif sur le plan financier en comparaison du transport routier. Pour Nicolas Debaisieux, l’activité fret doit accélérer afin d’accroître la trésorerie de l’entreprise. Cela permettra de poursuivre la stratégie 2022/2023 qui intègre le lancement commercial de la ligne Lyon-Bordeaux mais aussi une réflexion sur une seconde ligne voyageurs. Au début l’année l’hypothèse d’un train reliant Clermont à Strasbourg avait été avancée. (lire notre article du 5 février)
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