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Marc François.
Photo Fanny Reynaud.
Edito

Le grand logiciel mondial et le village gaulois

L’itinéraire est tout droit, tout tracé, balisé. Rares sont ceux qui s’évadent, à leurs risques et périls…

L’époque est malade des formats, des stéréotypes, des systèmes. Compactée, calibrée, modulée. Ou encore classée, étiquetée, programmée. La modernité a horreur de l’incertitude, l’aventure n’est pas à l’ordre du jour. Les hommes politiques n’échappent à cette loi : des prétendants qui présentent le même cursus, répondent aux exigences désormais incontournables de la communication et expriment des idées préfabriquées. De droite, de gauche, et maintenant du « ni, ni », c’est fou comme ils se ressemblent.

Un seul modèle économique émerge et écrase, à l’heure de l’ultra-mondialisation et des gafa, ces nouveaux maîtres du monde, sans s’interroger sur ses conséquences, ses propres limites. L’art, lui-même, terrain de l’imagination, de la fertilité, de l’irrespect et du « no limit », s’est sagement plié aux contingences de l’époque. Format, discours, concept s’exonèrent rarement des modèles et de l’air du temps… Les quelques artistes embarrassants, ceux qui enfreignent les règles, sont voués à l’anonymat et à la marginalité, boutés hors des circuits de diffusion. Exit.

Norme et contre-exemple

Le sport est à l’unisson : certains songent ainsi à réduire les matchs de tennis des tournois du grand chelem afin qu’ils correspondent mieux aux impératifs des programmations télé. Les circuits de Formule 1 se ressemblent à s’y méprendre et le format des courses est adapté aux retransmissions. Le ski alpin multiplie les épreuves parallèle, des shows au cours desquelles l’éthique sportive est sacrifiée au spectacle, au grand dam des coureurs eux-mêmes.

Le football, devenu l’opium des peuples, est une potion à laquelle il est difficile d’échapper. Seuls demeurent, en matière sportive, quelques incongruités qui ont traversé le temps et méritent d’être célébrées. A l’image de l’invraisemblable Tourist Trophy moto et son circuit routier de 60 km sur l’Ile de Man, balayée par les vents atlantiques. Faisant le tour de la montagne Snaefell, il sillonne, à travers les villages et les vallées, au gré de 200 virages… et d’un radar devant lequel il s’agit de passer le plus vite possible. Comme une messe païenne, rebelle, sauvage et archaïque, un acte d’insoumission, et peut-être un bras d’honneur, dans un monde où pas une tête ne doit dépasser, l’épreuve perdure contre vents et marées. Ou tout au moins, elle perdurait avant que la pandémie n’en interrompt le cours. L’édition 2021, prévue du 30 mai au 13 juin, a en effet été, à son tour, annulée. Pourvu que ce ne soit pas le début de la fin, une nouvelle victoire de la « normalité ».

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

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