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Edito

François Mitterrand au rendez-vous de l’histoire

Le 10 mai 1981, la gauche accède au pouvoir en France. François Mitterrand a remporté l'élection présidentielle. Pour beaucoup, c'est le temps de l'illusion. Le nouveau président, est parvenu à ses desseins à l'issue d'un très long itinéraire politique.

Il en avait rêvé longtemps, énormément. Il avait ourdi, fourbi, semé, manigancé. Depuis son plus jeune âge, en fait, François Mitterrand, homme controversé, s’était préparé aux plus hautes fonctions. Adversaire farouche du général De Gaulle et de la nature même de la Vème République, il parvenait enfin à toucher le graal à l’issue d’une longue marche vers le pouvoir. Le fruit d’une inébranlable détermination.

10 mai 1981 : tandis que Valéry Giscard d’Estaing assiste, désormais impuissant, à son échec, seul devant la télévision dans son château de La Varvasse à Chanonat, une partie de la France s’apprête à fêter une victoire historique. Mitterrand, ancien fonctionnaire du gouvernement de Vichy puis Garde des Sceaux pendant la Guerre d’Algérie, incarnerait donc le triomphe d’une gauche jusque-là refoulée et cantonnée dans un rôle d’opposition. Un comble, peut-être, pour cet homme ambitieux aux valeurs profondes de droite, à l’héritage catholique, à l’intelligence supérieure, à la culture remarquable et à l’esprit machiavélique.

Une longue marche, donc, qui passe par deux échecs aux présidentielles de 1965 et 1974 et la prise de pouvoir du Parti Socialiste lors du congrès d’Epinay, en 1971 à la suite d’une OPA habilement conduite. Un acte fondateur…

Illusions

1981 : une victoire paroxystique pour la gauche française, réunie électoralement sous l’artifice d’un programme commun, et bientôt, le début d’une désillusion dès lors que se produira « le tournant de la rigueur ».

Qu’importe pour François Mitterrand. Il est au pouvoir et prêt à composer pour demeurer à l’Elysée. Tel un sphinx ou, peut-être, un monarque, il adopte les oripeaux et les travers de la Vème République qu’il a tant dénoncé. Les habits lui vont bien.

La ferveur d’un soir

En cette soirée du 10 mai, c’est le temps de l’enthousiasme et des festivités. Le peuple, qui n’est jamais qu’un demi-peuple, s’en donne à cœur joie. A la Bastille, Anna Prucnal chante l’international en polonais, Bernard Lavilliers, Jean-Louis Trintignant et Coluche sont dans les parages. On danse au son du Temps des cerises. Ce jour « a le goût du bonheur et rend nos lèvres sèches » écrira Jean Ferrat. Une partie de la France a la rose au poing et le cœur léger tandis que l’autre redoute l’arrivée des chars soviétiques. L’époque ne fait pas (encore) dans la demi-mesure.

Quarante ans plus tard, la gauche française est décomposée, la droite elle-même est exsangue…. Quant à « la lutte des classes », elle a du plomb dans l’aile, écrasée par le rouleau compresseur de la mondialisation. François Mitterrand, lui, est entré dans l’histoire.

Dessin Jean-Louis Gorce.

 

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Le 10 mai 1981, comme tant d’autres du monde ouvrier, je me suis félicité.
    Après, nous avons déchanté, parce que le capitalisme, nous l’a bridé.
    Pour moi, il reste le PRESIDENT, de la suppression de la peine de mort et de la retraite à soixante ans.
    Si je devais faire des comparaisons avec ses suivants, il reste le plus brillant.

    J.J.G. de Oliveira

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