Même si l’immense majorité des supporters saura assumer ses obligations civiques, la présence inévitable de quelques zozos allergiques aux masques et à toutes sortes de réglementations ne manquera sans doute pas de donner du boulot à la sécurité.
Tout prévoir dans le détail
Au Clermont Foot 63 un ‘’stadium manager’’ a donc été recruté afin de superviser tout ce qui concerne notamment l’accueil des spectateurs. L’unique match de préparation disputé début août au stade Montpied contre Châteauroux aura servi de répétition avant de recevoir Caen le 22 septembre : Accueil aux guichets par des hôtesses dispensant les recommandations, trois agents de sécurité dans chaque travée de la tribune avec une occupation limitée à 60% des sièges, distanciation entre chaque bloc de spectateurs…masqués bien sûr.
Au stade Michelin, dans une structure bien différente, les mêmes grands principes ont été planifiés, autant pour l’accueil des spectateurs et des médias que pour le respect d’une ‘’bulle’’ au sein de laquelle les acteurs de terrain seront hyper protégés.
Ici et là, le problème se pose dans les mêmes termes concernant l’accueil des partenaires à l’intérieur des espaces dédiés. Pas tant dans les loges ou salons, dont la capacité est d’une dizaine de personnes, que dans les réceptifs où se retrouvent habituellement des centaines de convives. Exemple au Michelin où ‘’First’’ et ‘’Open’’ accueilleront 500 personnes au maximum contre 800 à 1000 d’ordinaire. Les mi-temps du TOP14 ont été portées à 20 minutes afin que les clients puissent étancher leur soif et satisfaire aux besoins pressants en respectant les règles de distanciation. Des files d’attente aux toilettes seront organisées…comme pour accéder aux attractions à Disneyland.
Les jauges en question
Là où les perspectives divergent entre les deux clubs clermontois, c’est dans les conséquences de l’interdiction de dépasser les 5000 personnes, y compris joueurs, staffs, techniciens TV et autres, presse, stadiers, sécurité… soit environ 500 personnes au Michelin.
Dans l’unique vraie tribune de 7000 places du Montpied, le Clermont Foot ne devrait pas connaitre trop de soucis pour gérer cette contrainte sachant que l’affluence était en moyenne de 3300 spectateurs la saison dernière. A l’approche d’un gros match du genre CF63-Toulouse mi-septembre, le club pourra toujours demander une possible dérogation préfectorale.
Cette dérogation se présente en revanche comme vitale pour l’ASM et ses 10 000 abonnés, comme d’ailleurs pour une grande partie des clubs du TOP14 dont l’économie dépend surtout du passage aux guichets et du partenariat (70% pour l’ASM). Une dérogation ‘’raisonnable’’ jusqu’à 11 ou 12 000 personnes au Michelin (dont la capacité approche les 20 000) pourrait permettre, a minima, d’attendre des jours meilleurs…mais pas trop longtemps. Le club estime que disputer trois matchs dans ces conditions engendrerait un million d’euros de perte. Et jusqu’à fin octobre cinq matchs de championnat sont au programme à domicile !
Opération survie
Sans dérogation, la jauge de 5000 ouvrirait carrément la voie d’une catastrophe industrielle pour les clubs qui s’appuient sur une économie du réel et non sur le carnet de chèque de dirigeants fortunés. Jean-Michel Guillon, nouveau président de l’ASM, n’annonçait-il pas la couleur lors de sa récente prise de fonction : « Ce qui m’intéresse, c’est de faire en sorte que l’ASM survive, et il va falloir se bouger ! »
Tous les clubs du TOP14 n’ont pas la même vulnérabilité. Si certains se trouvaient confrontés aux affres d’un dépôt de bilan, seul un plan de sauvetage collectif pourrait éviter le naufrage du rugby pro. Qui paierait ?
Au rang des responsables, le virus bien sûr mais les coupables ne sont-ils pas aussi du côté de ceux qui portent mission de diriger le rugby en France et dans le monde ? La chienlit générée par World Rugby, la FFR et la LNR, avec des calendriers complètement démentiels qui ne répondent qu’aux intérêts de chacun, ne laisse aucune place à des reports de matchs que la pandémie s’apprête à imposer.
Des réformes ? Quelle drôle d’idée !
A l’heure où les clubs prient le bon Dieu pour que les abonnés et les spectateurs ne s’évadent pas et restent calés devant leur télé, l’insupportable addition des rencontres internationales et domestiques multiplie les doublons qui éloignent les internationaux de leurs ports d’attache.
Tiens, vous aurez de la chance si vous voyez passer Damian Penaud sur la pelouse du Michelin entre quelques blessures et les sélections. La saison dernière (tronquée il est vrai), on l’a vu une seule fois à domicile en TOP14 (44 minutes de jeu contre Agen !) et deux fois en Coupe d’Europe. On ne ferait pas mieux pour lasser le supporter. Les joueurs n’y sont évidemment pour rien.
Franck Azéma fait partie de ceux qui fatiguent un peu. Dans les colonnes du Midol, le manager de l’ASM ne pratique pas la langue de bois : « Cette année, avec la crise du Covid qui a tout chamboulé, nous avions une occasion unique de tout mettre à plat, de réfléchir au format des compétitions, à leur articulation et à un alignement des calendriers….il en est sorti quoi au niveau des institutions ? Rien ! Nous sommes toujours dans les mêmes logiques : empiler les matchs et se faire la guerre entre institutions…On n’apprend jamais dans le rugby. On ne sait pas évoluer » (1)
Les grands discours lénifiants de Laporte et Goze saluant régulièrement la solidarité factice entre la FFR et la LNR, c’est un peu comme avec Trump et Xi Jimping. On n’est pas obligé de les croire, ni même de les écouter.
- Midi Olympique 3-08-20
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