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Les membres de l'Alliance pour la transition écologique et solidaire / Photo 7JàC
Photo 7 Jours à Clermont
Vie publique

L’Alliance ou comment jouer collectif face à l’urgence environnementale

Lutter plus efficacement contre le changement climatique et mieux préserver les ressources naturelles du territoire, tels sont les objectifs fixés de l'Alliance pour la transition écologique et solidaire, une structure informelle regroupant une trentaine d'acteurs qui viennent de signer leur feuille d'engagement

Une trentaine d’acteurs publics, institutionnels, privés et associatifs se sont regroupés au sein de l’Alliance pour la transition écologique et solidaire. Leur objectif est de travailler de manière collégiale en partenariat avec la Ville de Clermont et Clermont Auvergne Métropole pour lutter plus efficacement contre le changement climatique et mieux préserver les ressources naturelles du territoire. L’Alliance ne repose pas sur une structure juridique mais sur la seule signature symbolique d’une lettre d’engagement par chaque partenaire engagé sur sept thèmes :
• Réduction des émissions de gaz à effet de serre
• Réduction des consommations d’eau
• Réduction des émissions de polluants atmosphériques
• Réduction des vulnérabilités du territoire au changement climatique et s’adapter
• Préservation de la biodiversité
• Limitation de l’artificialisation des espaces naturels ou agricoles et l’imperméabilisation des sols
• Inclusion de chacun et chacune dans une transition solidaire.
Le 6 février 2024, une trentaine d’institutions ont signé leur lettre, parmi lesquelles le SMTC, le Valtom, la Chambre de commerce et d’industrie, Enedis, GrDF, le Crous, l’Université, la Ligue pour la protection des oiseaux, ATD Quart Monde… rejoignant ainsi l’Alliance, aux côtés de la Ville et de la Métropole.

Se fixer des objectifs extrêmement ambitieux

Anne-Laure Stanislas / Photo DR
Anne-Laure Stanislas / Photo DR

Présente sur place, lors de la signature, Anne-Laure Stanislas, adjointe au maire (en charge de la  transition, de l’évaluation et de l’impact carbone des politiques publiques et des relations usagers) est une animatrice de l’Alliance : elle a répondu aux questions de la presse.

Pourquoi était-il devenu nécessaire de créer l’Alliance pour la transition écologique et solidaire ?
La Ville et la Métropole ont un schéma de transition énergétique et écologique depuis 2018, qui a produit des effets mais qui était essentiellement basé sur des actions menées par la Ville et la Métropole. Pour autant, quand il avait été conçu, il l’avait été de manière partenariale. À mi-parcours on se rend compte que ce schéma est considéré comme quelque-chose qui n’appartient qu’aux deux collectivités. Or si on a une ambition territoriale, on ne peut pas rester seul et il faut créer un espace de dialogue

L’idée est de traiter la question de manière globale ?
On s’est dit que cet espace de dialogue que l’on animait de manière ponctuelle, en organisant chaque année les Rencontres de la transition, devait être mené de manière longitudinale, tout au long de l’année, sur des thématiques que l’on veut extrêmement larges. Ces thématiques correspondent à des indicateurs et non à des secteurs d’activité. Cela veut dire que des partenaires de l’Alliance peuvent se retrouver dans plusieurs thèmes.

Le collectif permet de porter les objectifs plus haut ?
On veut travailler ensemble pour se fixer des objectifs qui soient bien entendu extrêmement ambitieux, à la hauteur des ambitions, des enjeux du siècle, mais surtout qui soient en cohérence avec ce que chacun et chacune fait sur l’échelle de la métropole. L’idée est de faire en sorte que les objectifs soient atteints mais  collectivement et sans oublier un pan de la société, par exemple. On pourrait bien dire, « pour réduire de émissions de gaz à effet de serre, on arrête toute circulation à Clermont ». Ça ce n’est pas possible et même pas envisageable. Alors pour que nos émissions soient effectivement réduites de moitié puis par quatre, il faut que l’on puisse travailler tous ensemble sur cette réduction.

Cela veut dire qu’il faut inclure les enjeux sociaux
Oui, et cela est un véritable changement de paradigme pour la Métropole et pour la Ville de Clermont. Jusqu’à présent, le schéma était pensé de manière technique. On était sur des enjeux de Bus à Haut Niveau de Service ou de rénovation du patrimoine par exemple. L’aspect qui fait vraiment que l’on est dans une démarche de transition c’est le fait que ce soit dans une démarche participative et de co-construction, pensée en faveur des personnes qui ne sont pas toujours entendues sur ces questions là.

L’Alliance crée un changement de dynamique

L’Alliance permet de mieux rassembler ?
Oui je sens qu’il y a un changement de dynamique. C’était notre volonté d’aller vers les acteurs de la solidarité et de la lutte contre la précarité. Prenons l’exemple des Zones à Faibles Emissions. Elles ont un objectif de santé  extrêmement important et elles sont vécues comme une démarche exclusive. Or nous ne devons pas refaire la même chose. Il faut vraiment que l’on construise et que l’on fasse de « l’aller vers » et que l’on travaille nos dispositifs avec les personnes les plus précaires. Ce sont les étudiants, les personnes qui bénéficient des dispositifs d’aide sociale, mais cela va être aussi les locataires dans l’ensemble du parc social.

L’Alliance est-elle destinée à grossir ?
Oui elle est destinée à grossir si des personnes souhaitent rejoindre la dynamique. Aujourd’hui, il y a des « non présents » peut-être parce qu’ils n’ont pas encore compris les enjeux ou que l’on a pas réussi à créer l’espace de dialogue. Je peux rebondir par exemple sur la Chambre d’Agriculture… quand on parle des questions de l’eau ou d’émissions de GES, on est dans une coopération avec certains acteurs mais pas encore avec tous… sans doute parce que nos préoccupations n’ont pas réussi à rejoindre les leurs. Mais on a la CCI, la Chambre des métiers et de l’artisanat. Comme nous sommes dans une logique partenariale, peut-être que la Chambre d’Agriculture nous rejoindra. On n’est pas là pour imposer un cadre fermé, on est là pour créer cet espace de dialogue. Sur l’artificialisation des sols on est pas tous d’accord, mais on ne peut pas rester juste chacun dans notre coin.

Quels sont les freins finalement ?
C’est très contradictoire, mais on est pris dans une urgence climatique et sociale. Cette urgence fait que l’on à le nez collé au mur et on arrive pas à se projeter sur du long terme. Je ne pense pas que l’on révolutionne les choses du 1er février 2024 au 1er mars 2024. En revanche si on ne prend pas le temps de faire un pas de côté, d’analyser la situation, de prendre de la hauteur et de voir là où on peut coopérer, on avance. Si on prend par exemple la question des déplacements, on ne peut pas prendre d’un côté le CHU, puis Michelin, puis la Métropole, il faut qu’entre grands employeurs, on puisse aborder ensemble la question. Cela prend du temps que l’on a pas, mais si on ne le prend pas maintenant, on va rester dans logique par à-coups et c’est comme cela que l’on fait des erreurs.

Une question de société

Quel rôle joue  projet InspiRe dans la transition ?
Le projet InspiRe, c’est bien entendu un volet très important, mais c’est la partie visible de l’iceberg. Il bouleverse déjà notre quotidien mais quand il sera terminé, on aura une révolution sur les transports en commun à Clermont.  Mais il faut aussi réfléchir à un « bureau des temps ». Il faut réfléchir et s’interroger sur pourquoi Clermont est engorgé à 8h30. Il y a les rythmes scolaires, ceux des employeurs… donc il faut que toutes ces questions là soient abordées, enfin. Ce n’est pas juste une question de l’objet, mais une question de société.

Quel sera le calendrier à venir pour l’Alliance ?
La suite ce sont des temps d’échange, thématique par thématique avec ce fil rouge permanent de l’inclusion. On va créer une plateforme d’échange à distance parce qu’on ne pourra pas rassembler 50 institution tous les 4 matins. Notre engagement ville et métropole c’est d’organiser les espaces de dialogue en présentiel ou à distance, et on fait la mise en relation entre les différents partenaires pour pouvoir construire quelque-chose. D’ici septembre/octobre, on a l’objectif de produire un état des lieux, commun mais qui ne sera pas exhaustif ce qui permettra d’aller chercher les partenaires manquant pour réécrire une feuille de route territoriale en 2025.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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