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Photo : Emma D'Aversa / Gaillard Aubusson
Photo : Emma D'Aversa / Gaillard Aubusson
Culture

La tapisserie d’Aubusson s’invite à Clermont

L’exposition "Créations contemporaines : tapisserie contemporaines" est à voir jusqu’au 9 octobre à la salle Gilbert Gaillard. Ce savoir-faire de plus d’un demi-millénaire, ne risque pas de tomber en désuétude grâce aux artistes qui bousculent la tradition.

L’art de la tapisserie traverse les époques malgré une technique qui reste pourtant immuable. Ce travail « à quatre mains » naît de la coopération entre artistes et artisans. Le lissier interprète le travail de l’artiste qu’il retranscrit sur un carton décidant du format et des couleurs pour réaliser l’œuvre sur un métier de basse ou haute lisse. C’est un travail d’ampleur qui nécessite entre dix mois et un an de travail. Alexander Calder, Sonia Delaunay, Georges Braque, André Derain, Le Corbusier ont été honorés de ce privilège… Inscrite depuis 2009 au patrimoine immatériel de l’humanité, la cité a pour mission de conserver, mettre en valeur et enrichir ce savoir-faire grâce aux résidences d’artistes annuelles.

6 siècles de rayonnement

Situé dans la Creuse, la cité d’Aubusson rayonne depuis le 15ème siècle avec l’art de la tapisserie. Nommée manufacture royale au 17ème siècle, Colbert lui fait connaître l’essor qui va l’enrichir à l’échelle internationale avec le commerce.
L’origine de la tapisserie est assez floue : certains l’attribueraient aux Sarrasins, d’autres aux Ottomans ou bien aux flamands parce qu’ils maîtrisaient l’art de la laine. L’iconographie dominante était traditionnellement des scènes de verdure, de chasses avec des récits mythologiques, bibliques ou littéraires. Les tapisseries servaient à isoler du froid mais aussi faire étalage de sa richesse et imposer son statut social.

Tenture de l'Histoire d'Alexandre Le Grand, La Bataille d'Arbelles
Tenture de l’Histoire d’Alexandre Le Grand, La Bataille d’Arbelles

Commandité par Louis XVI, la tapisserie du Triomphe d’Alexandre Le Grand créée d’après Charles Le Brun alors directeur de la manufacture des Gobelins raconte les exploits de ce roi conquérant en plusieurs épisodes. Les tapisseries étaient des sortes de bandes dessinées avant l’heure ! Exposée à Versailles, cette tapisserie était pour le Roi Soleil une manière de mettre en parallèle sa superbe et en avant son goût pour la culture gréco-latine.

Bousculer la tradition

Les artistes en résidence exposés à la salle Gilbert Gaillard ont été sélectionnés à l’appel à projet « Carré d’Aubusson ». Il promeut ainsi l’art contemporain et l’ensemble de la filière économique creusoise (filatures, teintureries, cartonniers, lissiers, restaurateurs) générant près de 120 emplois.

"La corde" Mathieu Mercier
« La corde » Mathieu Mercier

L’œuvre Nouvelles verdures d’Aubusson, de Goliath Dyvère et Quentin Vaulot jouent avec les motifs de millefleurs traditionnels unis à la porcelaine de Limoges pour raconter « une fiction dans laquelle des savants fous créent des plantes résistantes aux changements climatiques ». La corde de Mathieu Mercier bouscule nos perceptions : de loin, une corde sur fond noir et de près, une image traitée à l’écran comme si elle était pixélisée. Voulant donner de nouvelles dimensions à la tapisserie, Cécile Le Talec s’est lancé un défi technique dans Panoramique Polyphonique en intégrant la lumière et le son à son œuvre.

De Tolkien à Miyazaki

Au XVI et XVII, les tentures narratives était très répandu faisant de l’Odyssée d’Homère ou de la Bible des sujets majeurs. Renouant avec cette tradition, deux projets d’envergure ont été commandés.
2 des 14 tentures issues de l’univers de l’écrivain britannique et dessinateur en dilettante sont présentées à la salle Gaillard. Choisies avec le Tolkien Estate, les tentures sont les interprétations de quatre de ces chef-d ’œuvres : Lettres au père Noël, Le Silmarillion, Bilbo le Hobbit et le Seigneur des anneaux.

Tenture de "Princesse Mononoké"
Tenture de « Princesse Mononoké »

Lançant un projet similaire, la Cité internationale d’Aubusson s’attaque à l’imaginaire d’Hayao Miyazaki, réalisateur écologiste japonais, d’après les images Princesse Mononoké, Le Château ambulant, Le Voyage de Chihiro. La première tenture reprenant une scène du film Princesse Mononoké est en cours de tissage et sera présentée en 2022. « L’image a été choisie parce qu’elle dialogue avec l’histoire de la tapisserie d’Aubusson, et notamment avec la pratique des verdures. L’enjeu c’est de représenter la forêt qui dans le film est un personnage à part entière ». Pour encourager l’initiative, la salle Gilbert Gaillard présentera le film au cinéma le Rio le 15 septembre.

Infos pratiques : 

Salle Gilbert Gaillard, 2 Rue Saint-Pierre, 63000 Clermont-Ferrand
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 12h30 et 13h30 à 18h00 jusqu’au 9 octobre 2021

À propos de l'auteur

Emma D'Aversa

Étudiante en Master d’histoire et anciennement en hypokhâgne, Emma souhaite faire du journalisme son métier. Originaire de Clermont, elle est particulièrement intéressée par l'actualité culturelle mais aussi sociale, environnementale et politique.

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