Cela ressemble à des amours déçus, trahis. A une illusion flouée. Ou peut-être à un trompe-l’œil. Ah, la belle idée européenne, née au lendemain de la deuxième guerre mondiale sur les cendres d’un continent dévasté. Être ensemble, autour de valeurs communes, plutôt que de se déchirer. Mêmes modes de vie, mêmes attentes, racines judéo-chrétiennes, histoires intimement mêlées : rien ne ressemble plus à un Européen qu’un autre Européen. Autant de raisons de concevoir un avenir et de tracer la route ensemble plutôt que divisé. Et pourtant…
Quel sens ?
Pourquoi donc ce désamour pour l’Union Européenne ? Pourquoi cette amertume ? En réalité, l’Europe est une bouteille à moitié vide plutôt qu’à moitié pleine, un train qui s’est arrêté en marche. Non faute de voyageurs mais plutôt par manque de destination. Très loin, évidemment, de l’idéal originel de ses pères fondateurs , Konrad Adenauer, Jean Monnet ou Alcide De Gasperi, l’ensemble est devenu une structure avant tout technocratique, une mécanique administrative, un système désincarné, qui tient à distance les populations, prend des décisions sans trop tenir compte des opinions. Un exemple de l’éloignement des pouvoirs voire parfois de leur aveuglement.
Ouverte à tous les vents
Cette Europe, plus réglementaire que réellement politique, cette Europe « lointaine », enfermée dans ses bureaux, avec son bataillon de techniciens et de lobbyistes, est ouverte à tous les vents de la mondialisation. Elle n’hésite pas à renier ses valeurs, ses fondements, son histoire. Elle déçoit ceux qui croyaient en elle, prête le dos à la critique de ses adversaires. Et comme si cela ne suffisait pas, elle sert de prétexte ou de pare-feu à l’incompétence des responsables nationaux en exercice qui n’hésitent pas, le cas échéant, à lui faire porter le chapeau de leurs propres échecs.
Pour séduire et faire rêver, mais est-ce encore possible ( ?), l’Europe devra se réinventer. Sans quoi elle courra à sa perte.
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