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Baie 22, cathédrale de Clermont Photo 7 Jours à Clermont
Photo 7 Jours à Clermont
Patrimoine

La baie n°22 de la Cathédrale de Clermont a retrouvé son intégrité

Après 13 mois de travaux de restauration, la baie n°22 de la cathédrale de Clermont, mise à mal par des coups de vent a retrouvé son aspect d'origine et de la solidité.

Dans la nuit du 16 au 17 novembre 2022, de violents coups de vent ont généré des « mouvements oscillatoires » d’une des baies de la cathédrale de Clermont, la numéro 22, côté place de la Victoire. « C’est une baie que l’on surveillait depuis quelques temps » explique Rémi Fromont, architecte en chef des Monuments Historiques. « La tempête a déstabilisé cette baie qui menaçait de s’effondrer. Il a fallu intervenir d’urgence, dans les 24 heures, avec l’entreprise Louis Geneste qui a sécurisé l’ouvrage et nous avons déclenché une intervention sous le régime de la nécessité impérieuse de manière à enclencher immédiatement une opération de sécurisation, puis la dépose de la baie pour sa restauration. Il s’est avéré qu’ il était aussi simple, et économiquement plus viable, de restaurer la baie sur place et de la reposer plutôt que de la déposer, d’attendre à l’atelier pour faire une opération classique de restauration ».

L’équivalent d’un immeuble de trois étages

« Nous avons a réemployé, autant que possible, tous les matériaux anciens et nous nous sommes attachés à ne changer que les pierres qui avaient été fracturées dans l’histoire de la baie. » explique l’architecte « Il y avait des problèmes structurels intrinsèques à la conception de la baie et nous nous sommes attachés à remplacer les pierres fracturées par le temps. Nous avons monté un projet d’amélioration technique de l’ouvrage, invisible, pour ne pas se retrouver avec les mêmes problèmes dans quelques décennies ». On imagine aisément la complexité du chantier puisque la baie fait 22 mètres de hauteur, l’équivalent d’un immeuble de trois étages avec d’imposantes pierres dont les plus grosses pèsent 700 kg. L’édifice étant « branlant » le moindre mouvement risquait de tout faire tomber d’un coup. Il a donc fallu étayer l’ensemble pour le sécuriser, assurer la sécurité des compagnons qui travaillaient sur le chantier. Les pierres, ont été démontées et descendues très méticuleusement, une par une. Celles qui étaient en bon état ont été conservées, celles qui étaient cassées ont été remplacées par de nouveaux éléments taillés par l’entreprise Geneste et issus des carrières de Volvic, comme à l’origine. Une technique d’assemblage avec du plomb coulé, formant une articulation a été utilisée. Le plomb étant assez souple, il garantit un assemblage plus durable que celui avec éléments métallique utilisés à l’origine et dont la rigidité était responsable de la fracture des pierres de lave. La verrière a également été restaurée avec remplacement des élément cassés ou manquant, travail réalisé par Jean le Bideau, maître verrier à Royat. Le chantier, qui a duré 13 mois, a coûté 521 638 euros, pris en charge par l’État, propriétaire des cathédrales.

Stéphane Raffault de Louis Geneste et Rémi Fromont expliquent l'assemblage au plomb
Stéphane Raffault de Louis Geneste et Rémi Fromont expliquent l’assemblage au plomb

Cathédrale de Clermont et place de la Victoire

Le sous-sol de la place de la Victoire se fragilisant* à cause des nombreuses caves qui y ont été creusées,  il est légitime de s’interroger sur l’état du sous-sol. « La cathédrale, à priori, n’est pas sur un gruyère, sinon je pense qu’elle ne serait plus là aujourd’hui, elle est sur un sol quand même stable » rassure Rémi Fromont. « Sous la cathédrale, nous pensons qu’il y a beaucoup de fondations. Ce type d’édifice est très puissamment fondé et là on est sur le tuf, issus des projections volcaniques du maar de Jaude. Il est probable qu’il y ait, comme partout à Clermont, des souterrains mais ils n’ont pas été identifiés à ce jour. Nous savons que les fondations des flèches sont probablement posées sur l’enceinte gallo-romaine, mais on ne sais pas si au XIXe, les bâtisseurs ont démonté l’enceinte ou s’ils se sont posés sur les murs. Cela pourrait expliquer des fissures et des tassements différentiels. Il n’y a pas d’inquiétudes particulières, mais on se pose aujourd’hui des questions structurelles et on va réaliser dans les prochains mois, une instrumentation pour mieux comprendre ce qui se passe. On sais que les flèches de la cathédrale de Clermont sont des ouvrages absolument monumentaux de 96 mètres de haut. C’était un projet de Viollet-Leduc et c’est la hauteur de la flèche de Notre-Dame de Paris. On a des centaines de tonnes de pierres qui appuient sur des sols qui se sont tassés à la construction, entraînant des mouvement sur une bonne partie de la nef et l’on veut s’assurer que les mouvements observés il y a 150 ans, ne sont plus actifs ou très faiblement actifs, sans perturbation pour le reste de la cathédrale.

Découvertes et ouverture prochaine de la crypte

En parallèle de la restauration de la baie n° 22, l’opération a permis de réaliser plusieurs découvertes : traces de couleurs, (vestiges de badigeons d’ocre jaune et orangé), sur les chapiteaux des meneaux et des piédroits de la baie et présence d’ocre rouge sur la nervure de la voûte, ainsi que présence de pigments verts sur les feuilles de chou sculptées sur le chapiteau central du remplage, permettant de donner une lecture tout à fait différente du décor de cette chapelle.
Un toilettage de la crypte de la cathédrale a également eu lieu, crypte qui devrait rouvrir au public avant la fin de l’hiver, une fois que la commission de sécurité aura validé le nombre de personnes qu’elle peut accueillir.
Enfin les grand travaux de restauration de la couverture, initialement prévus pour 2023 ont pris du retard mais devraient débuter dans les prochains mois. Lire notre article 21,5 millions d’€ pour la restauration de la cathédrale de Clermont.

* La place est désormais interdite aux camions de plus de 7,5 tonnes alors que des animations comme le marché de Noël sont déplacées.

À propos de l'auteur

Olivier Perrot

Pionnier de la Radio Libre en 1981, Olivier Perrot a été animateur et journaliste notamment sur le réseau Europe 2 avant de devenir responsable communication et événements à la Fnac. Président de Kanti sas, spécialisée dans la communication culturelle, il a décidé de se réinvestir dans l'univers des médias en participant à la création de 7jours à Clermont.

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