Clermont a depuis longtemps, une tradition d’accueil de réfugiés. Elle fait perdurer une collaboration avec le Ministère des Affaires étrangères qui cherche des villes susceptibles de permettre des jumelages comme celui qui vient d’unir Clermont à la ville ukrainienne de Krementchouk. Une délégation de maires ukrainiens avait rencontré une délégation de leurs homologues français et l’État a proposé un rapprochement entre le deux citées. « Quand on m’a demandé si je souhaitais que la ville de Clermont soit candidate à l’un de ces jumelages, j’ai évidemment sauté sur l’occasion » explique Olivier Bianchi « C’est étrange car au départ, on ne s’est pas choisi naturellement, il y a eu pas mal de réunion et on a très vite découvert que les deux villes se ressemblaient énormément. C’est, à peu près, la ville du centre du pays à équidistance de toutes les frontières, c’est une ville industrielle mais qui a un environnement rural assez fort. On y produit même des matières premières qui entre dans la composition des pneus Michelin… que demander de plus ? »
Un travail débuté bien avant la cérémonie de jumelage
« On avait déjà mis en place des coopérations très concrètes. On a accueillis, des militaires à l’hôpital de Clermont, des sportifs et des adolescentes pendant les vacances d’été pour qu’elles puissent se sortir de l’horreur et de la tension de la guerre » précise le maire de Clermont. La ville va travailler sur les questions du développement économique qui est essentiel au pays, sur la santé avec des échanges de compétences et sur la culture et la jeunesse avec la Capitale européenne de la Culture. « Cela permet de relativiser nos petits tracas clermonto-clermontois. Je me dis que l’on ne se rend pas compte de la chance que nous avons d’être libre de nous exprimer, de bouger, de ne pas subir, par exemple, le bruit de la guerre. On devrait de temps en temps apprécier ce que l’on vit à Clermont »
Une géographie identique
« Ce jumelage est pour nous c’est la possibilité de travailler ensemble. Il y a beaucoup de ressemblances entre nos deux villes » se réjouit Vitaliy Maletskiy maire de Krementchouk. « Avant de signer ce jumelage, on a regardé la situation de plusieurs villes françaises, pour trouver celle qui ressemblait le plus à la notre, par rapport à l’industrie, aux études universitaires et à la géographie pour l’on puisse coopérer dans tous ces domaines. L’un des critères qui nous a poussé à choisir Clermont était l’appartenance au Réseau des Villes Michelin que nous allons aussi intégrer. Nous espérons que ce jumelage va nous permettre de remonter notre niveau business et le développement économique de l’Ukraine ». Les deux villes désormais jumelées partagent de nombreux points communs. « Je peux vous dire déjà, qu’au niveau géographique c’est exactement le cas. Clermont est au milieu de la France Krementchouk est pile au milieu de l’Ukraine. Nos deux villes ont un développement agricole assez important. Autour de vous il y a la Limagne, autour de nous il y a aussi des plaines où l’on travaille nos produits issus de l’agriculture. Il faut savoir qu’à Clermont, il y a un très gros salon de l’élevage et cela nous intéresse parce que chez nous, il y a Danone et nous avons les vaches qui fournissent les matières premières pour ses productions » précise le maire.
Des projets, même en temps de guerre
« Il faut savoir aussi que nos deux villes se ressemblent par rapport à leur structures : vous avez une ville avec une métropole autour et peu de grands immeubles. Chez nous c’est la même chose avec des maisons avec jardins. La situation géographique et la manière dont est construite la ville font qu’elles se ressemblent beaucoup » précise Vitaliy Maletskiy. « Vous avez également un tramway électrique, comme chez nous avant la révolution. Actuellement, on travaille pour le remettre au goût du jour, pour avoir un réseau de transport fonctionnant à l’énergie renouvelable. Nous avons reçu 2 millions d’euros pour le reconstruire plus 8 millions de la part de la Banque de Reconstruction et du développement. Nous partageons ce que dit Olivier Bianchi sur le fait qu’il faut développer la cohésion du territoire et qui dit cohésion dit transports propres pour que les gens puissent se déplacer et travailler ensemble ».
À Krementchouk, la guerre fait partie de la vie quotidienne
« Hier par exemple, nous avons eu 6 sirènes d’alerte » raconte le maire de Krementchouk. « Chaque fois qu’une alerte est donnée, les enfants qui se trouvent dans les écoles et dans les crèches doivent être descendus dans les abris. Cette situation est assez compliquée. Comme les enfants font la sieste l’après-midi, il faut prévoir les alertes et les dangers en amont. Les personnels les font donc dormir dans les abris anti-aérien, sous terre.
Le danger est vraiment immense. Le 24 septembre dernier, entre le moment où la sirène a retenti et le moment où un missile est tombé sur notre ville, il s’est écoulé seulement 5 minutes. Ce missile est tombé au milieu d’un parc que se situe au centre de la ville et a touché un immeuble. Une personnes est morte et 75 civils ont été blessés. Dans de telles conditions ont est obligés de continuer à vivre ».
« Nous cherchons à éviter le maximum de stress »
« Malheureusement, de nombreuses personnes se sont habituées à cette situation » explique le premier magistrat de Krementchouk. « Parfois lorsque la sirène retentit, ils ne réagissent plus, ils vivent leur vie. Nous à la mairie on leur demande de descendre dans les abris et d’être très vigilants, de se cacher dans les abris et dans les caves. Nous surveillons pour que notre population puisse éviter le danger. Aujourd’hui, en tant que maire, j’investit énormément pour créer de nouveaux abris anti-aérien sous les écoles, sous les crèches, pour qu’ils soient plus confortables pour les personnes qui sont obligées de vivre dans ces conditions et que la peur ne les suive pas, lorsqu’ils sont en bas. Nous cherchons à éviter le maximum de stress ».
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