Pourquoi le Kap a-t-il été nommé ainsi ? Ce nom fait référence au langage maritime pour désigner une direction à atteindre. Pour accéder au Kap, il convient d’ailleurs d’emprunter une passerelle qui peut faire penser à celle d’un bateau au moment de l’embarquement. K et non un C ? C’est la référence à la rue Kessler adresse officielle du bâtiment. Et quand les puristes de la langue française s’agacent d’entendre et de lire que le Kap est un « Learning Centre », Mathias Bernard président de l’Université Clermont Auvergne répond en expliquant que quand une université figure dans la liste internationale du Classement de Shanghaï, on peut bien utiliser l’anglais pour désigner son centre de ressources.
6 000 m² pour une capacité d’accueil de 3 500 personnes par jour
Ceci posé, le learning centre de Clermont a ouvert ses portes le 2 septembre dernier et accueille déjà quotidiennement 3 000 visiteurs, majoritairement des étudiants dans ses 6 000 m² dédiés à la diffusion de la connaissance. Ce nouvel outil qui renforce un peu plus le concept d’un campus en plein centre-ville de Clermont, a été dimensionné pour pouvoir accueillir quotidiennement 3 500 personnes, (1 000 en instantané), sur une amplitude importante de 8h à 22h, 6 jours par semaine. Il offre 650 places assises, 500 en accès libre, ouvertes à tous et 150 dans 24 salles destinées au travail en groupe.
Le Kap héberge la Bibliothèque universitaire, forte de 450 000 ouvrages auxquels s’ajoutent désormais 61 500 documents numériques en accès libre, 4 salles de consultation, 1 espace chercheurs, 3 salles de formations et une salle d’expérimentation pédagogique, un studio d’enregistrement vidéo, un service orientation-insertion professionnelle des étudiants et un service destiné aux enseignants-chercheurs pour la transformation des pratiques pédagogiques. Un restaurant, géré par le CROUS, de plain-pied avec les espaces verts, complète l’ensemble.
Le Kap a coûté 22 millions d’euros, rassemblés par L’UCA, l’État, la région, le département et la métropole.
Le Kap, un projet imaginé en 2013
« Cela a été un très gros boulot d’imaginer la chose » commente Fabrice Boyer, directeur de la Bibliothèque universitaire. « C’est en 2013 que l’on a porté le projet sur les fonds baptismaux. Il y a eu la conception même et ensuite la réalisation. Pour mon service, cela a été 5 ans de travail d’arrache-pied, y compris durant la Covid. On est parti d’un réseau éclaté sur 4 sites et il a fallu réunir sur un seul site, les compétences et les collections ». Pour reprendre les mots du président de l’UCA, l’idée du Kap était de proposer un instrument de réussite. « Cet instrument à la spécificité d’associer la Bibliothèque universitaire à la direction de la formation » reprend Fabrice Boyer. « Pour les bibliothécaires, l’idée était d’évoluer avec le savoir de leur temps et la façon qu’ont les pédagogues d’imaginer ce que doivent être les savoirs. C’est original au sens où cela répond pleinement aux transformations contemporaines que l’on voit, à la fois du point de vue numérique, mais aussi, et c’est important, du point de vue de la présence. Cela se matérialise avec les 3 000 étudiants qui viennent déjà chaque jour » précise le directeur de la BU. Pour offrir d’autres façons de travailler et de réussir, le Kap propose des espaces différenciés, pour les enseignants, les étudiants et les besoins de la pédagogie moderne, c’est ce qui fait sa spécificité.
« La qualité de l’ensemble réside dans la cohérence de lieux »
Une partie du Kap reprend la structure de l’ancien bâtiment de la rue Kessler, destiné à l’origine au laboratoire Magmas & Volcans. Construit entre 1955 et 1960, il l’œuvre d’architectes auvergnats, Georges Lescher et Jean Bosser. Le chantier sur lequel ont travaillé des entreprise basées à 98% sur la région AuRA (67% locales) a été rapide puisque la première pierre a été posée en janvier 2023. « C’était un défi très très contemporain de faire avec ce qui était déjà présent » explique Vincent Espagno du cabinet toulousain Espagno-Millani, chargé de la réhabilitation-construction « Le bâtiment Kessler était une œuvre moderno-brutaliste très raffinée avec des ordonnancements et une belle matière. L’idée du projet était d’associer à la fois ce bâtiment existant de qualité, avec une partie totalement neuve. On a décidé de conserver le bâtiment existant en l’état avec un beau travail de rénovation sur la rue Kessler et plus on se rapproche de la partie neuve, plus il fusionne avec le bâtiment neuf. À l’extérieur, le bâtiment Kessler a été rénové de manière assez sobre, dans l’esprit d’origine mais pour l’intérieur destiné à quelque chose de très différent de ce à quoi il était destiné au départ, on l’a entièrement désossé pour revenir à la structure d’origine que l’on a gardé comme trace du passé et on a pris l’option d’une écriture sobre et industrielle qui nous permettait de récupérer de la hauteur sous plafond. La qualité de l’ensemble réside dans la cohérence de lieux, puisqu’on a regroupé ce qui est généralement éclaté sur le territoire : des bibliothèques, des pôles d’insertion, des bâtiments et des fonctions séparées ». Des fonctions différentes et un bâtiment à requalifier représentaient des contraintes ce qui, pour le cabinet d’architecte était motivant. « Si vous ne donnez aucune contrainte à un architecte, il ne sait pas quoi faire. Si on lui dit, « il y a ça, ça et ça à faire » cela l’embête mais cela lui donne du grain à moudre et des réflexions à apporter. Donc la contrainte est une bonne chose. » conclut Vincent Espagno.
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