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Marc François créateur de 7 jours à Clermont
Edito

Johnny Hallyday ou l’unanimité troublante

L'émotion ne se commande pas, pas plus que les sentiments. Mais l'hommage colossal rendu à Johnny Hallyday peut laisser perplexe.

Laissez- le en paix, maintenant. La mort de Johnny Hallyday et l’immense médiatisation qui l’a accompagnée avait quelque chose de troublant, de sidérant, voire de préoccupant, frôlant parfois l’indécence. Celui qui fut désigné comme « l’idole des jeunes », dans les années 60 au temps de Salut les Copains et de Mademoiselle Age Tendre, avait-il  mérité, au fond, cet hommage unanime, grandiloquent et national ? Quel drôle de destin pour un supposé rocker, un biker, que d’être ainsi institutionnalisé et instrumentalisé. La France, donc, se serait mise à l’unisson derrière un artiste de variété, acteur à ses heures. Mais tant d’autres s’en sont allés. Pourquoi celui-là ? Qu’avait-il de plus ? Et son « œuvre » est-elle vraiment impérissable, incontestable et au-dessus de la mêlée ?

Figure imposée

Il faut se méfier de l’unanimité et des dithyrambes, redouter l’absence de critique. Elles cachent souvent le manque de culture et d’informations et s’exercent comme une figure imposée. On aimait Johnny, au fond, parce qu’on ne pouvait faire autrement. Et le consensus est la meilleure des choses pour les pouvoirs quels qu’ils soient.

Quant aux médias, ils sont bien entendu heureux de l’aubaine. Si le sujet fait vendre, alors il faut le promouvoir jusqu’à plus soif ; s’il fait le buz, alors il faut foncer. Et consacrer des pages et des pages, des heures d’antenne, entrecoupées d’écrans publicitaires. L’argent a d’autant moins d’odeur qu’il coule à flot. A partir d’un certain chiffre, on n’est plus trop « regardant »…

Macron, bien-sûr, a Johnnysé. Comment aurait-il pu faire autrement ? Comment pourrait-il être sur la réserve  quand le bon peuple sort ses mouchoirs, quand tous les politiques ont la larme à l’œil ? De Sarkozy, l’ami, le témoin de mariage, à  Valls, de Larcher à Hollande en passant par Raffarin. Les morts ont toutes les qualités.

En retrait

« Avec Johnny, c’est un peu ma jeunesse qui s’en va » a dit l’un d’entre eux. « Il était comme un père pour moi » s’est écrié un fan. Et un autre de reprendre : « on en a tous en nous quelque chose de Johnny ».  Que la liberté nous soit encore donnée de demeurer en retrait de cet élan systématique et de préférer d’autres références, d’autres étoiles au firmament des artistes disparus. Même si, évidemment, chaque décès est un drame véritable, un drame intime et familial. Chaque mort est la fin d’un monde.

À propos de l'auteur

Marc François

A débuté le métier de journaliste parallèlement sur une radio libre et en presse écrite dans les années 80. Correspondant de plusieurs médias nationaux, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Info Magazine (Clermont, Limoges, Allier) pendant 9 ans, il a présidé le Club de la Presse Clermont-Auvergne entre 2009 et 2013. Il est l’initiateur de 7 Jours à Clermont.

1 Commentaire

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  • Salut Marc ! un tout petit peu en avance ! joyeux noël , que cette fête symbolique soit un moment de partage et de paix et tolérance bises Marco

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