La préfecture de Clermont a un nouveau « patron ». Joël Mathurin vient tout juste d’arriver en Auvergne où il remplace Philippe Chopin, nommé préfet du Maine-et-Loire. Né en à Pointe-à-Pitre, diplômé de l’Institut national agronomique, il prend ainsi son 4e poste de préfet de département après la Nièvre, le Doubs et le Morbihan qu’il a quitté en 2021 avant d’être nommé directeur de cabinet du ministre délégué des Outre-Mer, Jean-François Carenco, et directeur de cabinet adjoint du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Le voici donc de nouveau sur le terrain avec une solide expérience des mondes ruraux et urbains.
C’est une tradition, dans les premières 24 heures qui suivent l’arrivée d’un préfet sur son nouveau territoire, il rencontre la presse, après avoir pris officiellement ses fonctions.
Joël Mathurin s’est donc livré au classique exercice de la présentation et des premières questions.
Comment se passe la passation de pouvoir entre deux préfets ?
« Pour la passation de pouvoir, il y a des moments de briefing entre le préfet qui part et celui qui entre. Avec Philippe Chopin, nous nous sommes vus à Paris, nous nous sommes téléphoné et il m’a laissé un testament que j’ai trouvé hier soir*. Ensuite il y a des moments d’échanges avec les sous-préfets d’arrondissements qui permettent de mettre le pied à l’étrier. J’ai aussi eu des échanges avec les élus du territoire, les parlementaires, le maire de Clermont, le président du Conseil départemental pour commencer à enter dans les dossiers. Je dois dire que tous les acteurs m’ont bien accompagné, donc j’arrive avec un accueil performant. Je commence à comprendre les dossiers et je vais prendre mon temps avec respect et humilité comme disent nos ultra-marins du Pacifique ».
Nouveau préfet, nouveau style ?
« Nous sommes dans une logique de continuité de l’État. Le préfet qui arrive a son style mais il s’inscrit dans une politique publique, dans les priorités du Gouvernement qui sont territorialisées avec une lettre de mission. La lettre de mission du préfet Chopin va être ma feuille de route et je m’appuierai sur cette feuille pour pouvoir continuer à suivre les dossiers et à accompagner les acteurs du territoire ».
Le département du Puy-de-Dôme, un nouveauté pour le nouveau préfet ?
« Bien qu’ayant travaillé à Roanne et à Nevers, c’est un département que je découvre avec intérêt mais qui m’a agréablement surpris par son caractère très diversifié. J’ai un tropisme pour le monde rural, le monde agricole, puisque je suis ingénieur agronome de formation. C’est un département où l’agriculture a toute sa place et où les territoires ruraux et de montagne sont très présents. C’est un territoire où il y a aussi une dynamique de développement économique et de développement métropolitain, où il y a des enjeux urbains très forts que je connais aussi par ailleurs ».
Un sujet prioritaire ?
« Le premier des enjeux va être celui de la sécurité publique. Je vais travailler sur cet enjeu au quotidien, en particulier sur la lutte contre les trafics selon la demande du ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer. Notre département n’est pas à un niveau d’intensité comparable à d’autres, néanmoins, il nous appartiendra de veiller à ce que l’on puisse être dans une logique de harcèlement permanent pour que le narcotrafic ne s’installe pas et que l’on ne soit pas dans des logiques mafieuses ou pré-mafieuses. Ce que je ne permettrai pas, c’est qu’il puisse y avoir des espaces de non-droit ou pire, des espace gérés par d’autres, un système mafieux pour dire les choses. Nous allons être avec les forces de sécurité intérieure à la manœuvre et je vais d’ailleurs sortir très vite avec elles. Nous devons montrer que la présence de l’action publique, des acteurs publiques sur le terrain est un fait indiscutable, permanent et avec un harcèlement réel ».
Une problématique particulière dans le département ?
« Nous avons des indicateurs qui sont plutôt bons dans le département dans un certain nombre de domaines, je pense en particulier au chômage. Malheureusement en matière de sécurité routière, les chiffres ne sont pas bons. Je constate, au moment ou nous nous parlons, que nous avons +9 tués sur la même période comparé à 2022. Il faut se comparer à la moyenne nationale. Il y a 46 tués sur les routes pour un million d’habitants en moyenne France, et nous, nous en avons 53 pour un million. Ce n’est pas une fatalité, ce sont des drames dans les familles et je vais, avec les acteurs de terrain, m’attacher à agir à la fois en prévention mais aussi en répression. Dès cette semaine nous allons sortir pour montrer qu’il y a du bleu sur les routes et créer une prise de conscience pour faire évoluer les comportements. Il s’agit de faire non pas dans une logique de tracasserie mais dans une logique d’espérance républicaine ».
Et en dehors de la sécurité routière ?
« Je serai amené a travailler sur les questions d’urgence, je pense notamment à l’eau qui touche les territoires urbains mais aussi nos agriculteurs, nos industriels et il appartiendra avec les uns et les autres de faire en sorte que l’on puisse avoir une gouvernance partagée de l’eau, une approche patrimoniale pour trouver des solution avec une logique d’intelligence collective des territoires, des solutions durables pour être en mesure de faire des économies d’eau, d’en faire des usages rationnels et en même temps d’accompagner le monde économique dans sa transition. Il faut faire en sorte que la souveraineté alimentaire de la France soit au rendez-vous et le département du Puy-de-Dôme doit apporter sa réponse sur cette question dans un monde instable parce qu’on ne peut pas imaginer dépendre d’autres pays pour se nourrir. Mais nous devons avoir une approche de la sobriété et de logique de performance en matière environnementale, d’utilisation et réutilisation de l’eau ».
Le sport tient une place importante à Clermont, Joël Mathurin sera-t-il supporter ?
Je vais m’attacher à être un bon spectateur, donc je serai présent, chaque fois que je le pourrai, aux matchs de rugby mais aussi aux matchs de foot. Cela fait trois ans que le Clermont Foot est en ligue 1, je veillerai à ce qu’il puisse y rester. J’ai fait en sorte que Lorient reste en Ligue 1, donc il faut que je fasse la même chose avec Clermont… Par ailleurs je suis un sportif du dimanche et à mon âge, il faut que je fasse un peu de sport. J’ai vu avec intérêt qu’il y avait des pistes cyclables et un territoire tout à fait intéressant. J’ai trouvé sur un logiciel, des solutions de voyage à vélo et je pense que cela va me permettre de remplacer très vite mes tours autour du golf du Morbihan…
*Joël Mathurin est arrivé à Clermont lundi 25 septembre 2023
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