« Putain, je suis rincé ! » Juste après le bonjour, en m’accueillant chez lui à Sayat, Jérôme Gallo ne cache pas qu’il a vécu la veille un match hors du commun sur le bord de pelouse à Geoffroy-Guichard. La veille, c’était cet Australie-Fidji qui avait vu les hommes du Pacifique renverser les Wallabies dans une ambiance de feu.
Dans le chaudron, toujours
Bien sûr, l’unique acteur clermontois de la Coupe du monde n’était pas au cœur des hostilités mais pas loin, sur le bord du terrain, dans une enceinte qu’il affectionne d’autant plus qu’il est stéphanois d’origine. « Ici, déjà, c’est magique. Pour moi, cette formidable victoire des Flying Fijians portés par tout le stade, se place dans le top 5 des grandes émotions de ma carrière ». Et Jérôme d’évoquer les souvenirs d’une grande demi-finale européenne de l’ASM contre les Saracens en 2015 ou d’un France-Chine de foot en 2006, dernier match officiel de Zidane en France. Tout cela à Geoffroy-Guichard même si… « on n’oublie pas le Brennus à Jaude ! »
Autant d’évènements vécus micro en main au fil d’une carrière de speaker entamée à domicile dans le chaudron des Verts en 2002 et passée par l’Euro 2016.
Avant ses débuts officiels, Jérôme Gallo avait été en 1995 l’artisan d’AB7 (AB comme Andrézieux-Bouthéon), une télé locale diffusée sur le câble où il commentait des matchs de foot et de basket. Et comme il fallait bien vivre, l’animation commerciale allait mettre du beurre dans les épinards avant de franchir le pas décisif et de signer un long bail avec les Verts jusqu’en 2019.
Vert = jaune+ bleu
Saint-Etienne n’étant qu’une grande banlieue de Clermont (l’inverse est également vrai), c’est en 2007 que le vert allait se conjuguer au jaune et bleu lorsque Jérôme posait un pied au Michelin où la balle ovale flambait dans l’enthousiasme grandissant de l’ère Cotter. Un pied à Sainté, l’autre à Clermont et bientôt les deux dans la capitale auvergnate quand le Clermont Foot lui confiait le micro du Montpied en 2017 alors qu’il venait de fonder l’Association des Speakers et Maîtres de Cérémonies dont il est le président.
Exit le foot depuis le début de cette année 2023, l’ovale a pris l’exclusivité avec l’ASM et la Coupe du monde.
« C’est la société gestionnaire des animations dans les stades de la Coupe qui a demandé à mon association de proposer des speakers animateurs (‘’MT’’ in english) afin de procéder à un casting. » Avec l’aval de France23 et de World Rugby, 16 ‘’MT’’ ont ainsi été retenus pour travailler en binômes dans les deux langues français-anglais.
Pour les quatre matchs disputés à Geoffroy-Guichard, le Clermontois est associé à Anna, une russo-portugaise qui maîtrise la langue de Shakespeare. Au Groupama Stadium c’est Joffrey, le speaker attitré de l’OL, qui officie avec Jérôme pour les cinq rencontres lyonnaises.
Une coupe bien pleine
Deux réunions de préparation regroupant tous les heureux élus avaient précédé le début de la compétition. « Pour chaque match, à J-1 il y a répétitions de tout le filage et des compositions des équipes. Idem le jour du match à H-6. La pression monte ! »
Le duo a des textes à lire intégralement et d’autres informations qui peuvent être laissées à interprétation afin de favoriser la spontanéité. En avant-match priorité est donnée à la langue française mais l’anglais prend le dessus dès le coup d’envoi. Ainsi Jérôme se contentera d’un « Essai pour les Fidji !» suivi en anglais par Anna qui précisera le numéro et le nom du marqueur. Même scénario pour les changements de joueurs et les annonces de cartons jaunes ou rouges (qui ne se font pas en Top14).
Les speakers n’interviennent pas sur les temps-morts qui, innovation, sont meublés par des musiques du genre ‘’I will survive’’. « Les animateurs n’ont pas le droit de chauffer le public ». Les ‘’MT’’ concluront le match par des messages pratiques à destination du public.
Retour sur le futur
Le lendemain ce sera débriefing à distance et les as du micro pourront commencer à plancher, à la maison, sur le prochain rendez-vous. « J’édite le filage, je le mets en forme en l’adaptant à mon phrasé. Et surtout (avec un clin d’œil) je traduis en phonétique les compos des équipes. » C’est vrai qu’il y a parfois du boulot avec les mecs du Pacifique.
Entre deux matchs, s’il lui reste un peu de temps, Jérôme s’en ira faire un petit galop (hé oui !) dans la nature autour de Sayat où il réside avec femme et enfants et s’occupera de gérer ‘’Planet’Animation’’, sa boîte à lui, spécialisée dans les animations de séminaires entreprises, les conférences et l’évènementiel.
Et puis le 4 novembre Jérôme Gallo retrouvera le Michelin et l’ordinaire du TOP14 pour la venue de Bayonne. Même s’il a toujours une oreille pointée vers l’actualité du chaudron vert, le naturalisé clermontois depuis une dizaine d’années se trouve fort à son aise en jaune et bleu de la tête aux pieds… sur le gazon vert
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